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Est-il encore utile d’avoir des dents de sagesse?

 

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Dernières à pousser, généralement entre 17 et 25 ans, les troisièmes molaires sont rarement les bienvenues. Sujettes à controverse, beaucoup de fausses idées circulent toujours sur ces dents décidément bien mystérieuses.

«Les dents de sagesse sont les troisièmes de la série des molaires. Et comme souvent pour une fin de série, la fabrication n’est pas terrible...». Le Dr Jean-Marc Galeazzi, chirurgien-dentiste, s’amuse lors d’une conférence de presse organisée en marge du congrès de l’Association dentaire française, fin novembre à Paris. «Ces dents sont sujettes à controverse, on entend tout et n’importe quoi à leur propos: les garder ou pas, quand les extraire, sous quelle anesthésie...», vient d’entamer son confrère, le Dr Frédéric Haïm. L’occasion de faire le point sur ces dents qui poussent tardivement... quand elles poussent.

• Des dents à surprise

Variation de nombre (certains n’en auront jamais, mais «j’ai déjà vu 10 dents de sagesse chez un patient!», s’exclame Jean-Marc Galeazzi), de forme, de position (parfois la dent de sagesse pousse à l’horizontale, ce qui n’est pas idéal pour le reste de la dentition), évolution aléatoire... Le comportement et le devenir de nos dents de sagesse est assez imprévisible.

• Des dents qui ne servent plus à grand-chose

«La valeur fonctionnelle des dents de sagesse est devenue assez relative», précise le Dr Galeazzi. Comme toutes les molaires, elles ont une fonction de mastication. «Nos ancêtres avaient un avantage sélectif à avoir beaucoup de dents et à les garder». Depuis, l’homme moderne étant devenu un adepte de la nourriture molle, «la dépense énergétique nécessaire pour fabriquer cet organe dentaire est de moins en moins utile, et les gens dépourvus du gène “dents de sagesse” ne sont plus désavantagés», souligne le dentiste. En revanche, si elles poussent sans poser de problème, autant les garder: elles peuvent servir si les autres viennent un jour à manquer...

• Des dents qui n’ont pas de place?

Dans les bouches modernes, les dents de sagesse peuvent peiner à trouver leur place. Deux hypothèses sont évoquées, selon Jean-Marc Galeazzi: «Il semble qu’au cours de l’évolution, la diminution de la taille de nos mâchoires a été plus importante que la diminution de la taille de nos dents.» Une autre possibilité (qui n’est pas incompatible avec la première) est celle de l’usure dentaire: à force de mastication, nos ancêtres avaient, durant l’enfance et l’adolescence, tout loisir d’user leurs dents définitives avant l’apparition des dents de sagesse, laissant une place suffisante à ces dernières. Là encore, l’alimentation moderne, plus molle, ne sollicite pas assez nos dents et lorsque les 3es molaires arrivent, la place n’est plus toujours libre...

• Des dents à problèmes

Pas assez de place pour pousser, menace de progression à l’horizontale, fragilisation des dents voisines, apparition d’une dent de sagesse en haut mais pas en bas (ou l’inverse)... «Il faut surveiller les dents de sagesse, mais pas forcément intervenir», note Jean-Marc Galeazzi. Mais même si la place est libre, qu’elles poussent droit et deux par deux, la surveillance ne s’arrête pas pour autant. Notamment, une inflammation de la gencive (péricoronarite) peut apparaître lors de l’éruption, avec des conséquences possiblement graves si elles ne sont pas bien prises en charge, et des bactéries peuvent s’infiltrer dans la gencive. «Au cours de l’histoire, un nombre important de jeunes adultes sont morts à cause de leurs dents de sagesse!», met en garde le dentiste.

• Des dents à enlever systématiquement?

Jusqu’à il y a quelques années, les dentistes avaient l’extraction facile et la Haute autorité de santé notait, en 2014, «des variations de pratiques interrégionales» qui «interpellent sans préjuger d’une sur- ou sous-indication de l’acte». Les recommandations de bonnes pratiques sont plutôt anciennes et doivent être renouvelées, mais la tendance semble désormais être de ne pas systématiquement enlever les dents de sagesse. Un examen doit cependant être réalisé entre 14 et 16 ans pour évaluer l’espace disponible, la position des germes, et la nécessité ou non d’une extraction. Enfin, le Dr Frédéric Haïm a une certitude: «L’anesthésie locale vaut mieux que l’anesthésie générale: l’intervention est courte, c’est moins douloureux en post-opératoire, et surtout le risque est bien moindre. Un jeune qui ne se réveille pas d’une anesthésie pour des dents de sagesse, cela arrive!»

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