Dans les pays en développement, les cancers tuent davantage que le SIDA et la tuberculose !


Plus de 5 millions de morts par cancer en 2008, dans des pays parmi les moins favorisés. Autrefois considérés comme l’apanage des sociétés riches, les cancers - particulièrement ceux du sein et du col de l’utérus - pèsent lourd sur les régions pauvres du monde. Dans un rapport tout juste rendu public, un groupe d’experts issus des principales organisations internationales dénonce cette « épidémie silencieuse ».

Les chiffres sont alarmants. Dans les pays en développement, 255 576 femmes n’ont pas survécu à un cancer du sein en 2008. Le cancer du col de l’utérus y est encore plus meurtrier : il a été à l’origine de 272 238 décès, soit 85% de l’ensemble des victimes rapportées dans le monde en 2008.

Or au niveau international, ces maladies ne font toujours pas partie des préoccupations majeures de santé publique : seulement « 5% des ressources consacrées à la lutte contre le cancer dans le monde, ont été affectées aux pays en développement en 2008 », rappelle le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l’OMS, à Lyon.

« Pourtant, il est possible d’améliorer l’accès au diagnostic et au traitement dans les régions à faibles ressources » rappellent les auteurs du rapport. Notamment en multipliant les dépistages à coûts réduits. Pour le cancer du col, « l’inspection visuelle après application d’acide acétique (il s’agit tout simplement de vinaigre, n.d.l.r.) permet aux services de soins les plus rudimentaires d’identifier les cellules anormales » expliquent-ils.

Idem pour le cancer du sein. « Un examen mammaire clinique par une infirmière permet un dépistage tout aussi efficace que la mammographie ». Même si cette affirmation paraît pour le moins péremptoire - où serait alors en effet, le bien-fondé des campagnes de dépistage radiologique lancées dans les pays en développement ? - elle montre l’intérêt que pourrait représenter un dépistage a minima dans les pays défavorisés…

« Tout à fait » nous explique le Dr Joseph Saba, le principal auteur de ce rapport. « Il faut replacer cette affirmation dans son contexte. Dans les pays pauvres, les femmes viennent consulter le médecin très tardivement, avec des tumeurs trop avancées pour être soignées. Le fait de préconiser une palpation mammaire par une infirmière permettrait de découvrir des tumeurs à un stade encore gérable ».

Les auteurs préconisent également l’utilisation plus large de solutions thérapeutiques simples, comme la cryothérapie. Par congélation ciblée, celle-ci permet de détruire les petites lésions précancéreuses. A l’instar de ce qui se fait pour les verrues. Peu onéreux et semble-t-il, efficace, le procédé suscite un intérêt croissant.
Source : 15th Congress of the European Cancer Organisation (ECCO), 20-24 septembre 2009 ; interview du Dr Joseph Saba, Directeur général d’Axios, 22 septembre 2009

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