Covid-19: des prédispositions génétiques à l'origine des formes graves de la maladie

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Image microscopique du virus SARS-CoV-2 à l'origine du Covid-19.
Image microscopique du virus SARS-CoV-2 à l'origine du Covid-19. Handout / National Institutes of Health / AFP
Alors que le cap tristement symbolique du million de morts dans le monde a été franchi, et que près de 34 millions de personnes ont été contaminées par le Covid-19, les chercheurs continuent de préciser quelles sont les conséquences de la maladie.

Après les poumons, le cœur, les reins et le cerveau, c'est maintenant le système gastro-intestinal. Une étude menée par des médecins du Massachusetts General Hospital de Boston révèle en effet que le Covid-19 peut provoquer des dégâts dans le système digestif. Publiée dans le JAMA, le journal de l’association médicale américaine, cette étude a consisté à répertorier les complications gastro-intestinales chez les patients souffrant de détresse respiratoire aiguë et contaminés par le Covid-19. Ces données ont ensuite été comparées à celles de patients souffrant de détresses similaires, mais non infectés par le coronavirus ; l’objectif étant de mesurer la responsabilité du virus lorsqu'apparaissent ces complications. Les auteurs ont ainsi remarqué que les malades atteints du Covid-19 en présentaient en effet plus souvent, certaines pouvant être sévères.

L’explication se trouve au niveau du mécanisme qu’utilise le Sars-CoV-2 pour pénétrer dans les cellules à infecter. Il possède une protéine, une clef, qui lui permet d’entrer dans celles dotées de la bonne serrure, du bon récepteur. Celui-ci se trouve sur les cellules pulmonaires, on le savait, mais pas seulement : « Ce récepteur se trouve également sur les entérocytes [les cellules de l’intestin], sur les cellules pancréatiques, sur les cellules biliaires, explique le docteur Armand Garioud, de l’hôpital de Villeneuve-saint-Georges, et président du conseil scientifique de l’association nationale des hépato-gastroentérologues des hôpitaux généraux. Le virus peut donc s’attaque à l’estomac, à l’œsophage, au colon, au pancréas et au foie. »

Même si cette étude se concentre sur les cas graves, Le docteur Garioud y voit une confirmation de ce qui est observé en hôpital depuis le début de l’épidémie : « On observe dans la pratique clinique des formes digestives qui précèdent souvent la forme respiratoire. Les symptômes sont alors l’anorexie, de la diarrhée, des vomissements ou plus rarement des douleurs abdominales. » Pour les formes graves de Covid-19, ces complications peuvent parfois entraîner des occlusions paralytiques ou des diarrhées sanglantes.

 

Prédispositions génétiques aux formes graves

Qu’est-ce qui, justement, fait qu’une personne développera une forme grave et pas une autre ? La revue Science a publié deux études apportant quelques éléments de réponse. Pour les auteurs, cette mauvaise évolution ne tient pas de la malchance, mais de prédispositions génétiques. Dans la première étude, ils ont ainsi vérifié cette hypothèse en analysant le génome de milliers de personnes dans le monde entier grâce à un réseau d’hôpitaux partenaires. Ils se sont concentrés sur 13 gènes en particulier, impliqués dans la réponse immunitaire de notre organisme.

Dans certains cas, en effet, ces gènes avaient subi des mutations empêchant la production d’interférons de type I. Ces derniers sont pourtant essentiels : ils interviennent très tôt lors d’une infection en faisant réagir la cellule attaquée et en alertant ses voisines. Sans eux, le virus peut alors se multiplier plus facilement, augmentant alors le risque de développer une forme grave. Dans cette étude, ces mutations n’ont été observées que dans 3,5 % des formes graves. Les auteurs estiment cependant que ce phénomène touche un nombre plus important de personnes : ils n’ont en effet étudié que 13 gènes, alors qu’il y en a plus de 300 en lien avec les interférons.

La seconde étude concerne également les interférons, avec la découverte d’un autre mécanisme expliquant leur inefficacité dans 10 % des formes graves. Il n’y a cette fois pas de mutation et les interférons de type I sont bien là, mais les anticorps de la personne malade se retournent contre eux. Ils sont alors inefficaces, et aux mêmes causes, les mêmes effets : le virus se multiplie plus facilement.

Ces deux études permettent de mieux comprendre pourquoi certaines personnes développent une forme grave du Covid-19. Elles permettent également d’envisager de nouvelles stratégies thérapeutiques, comme l’injection précoce d’interférons de synthèse.

Covid-19 et animaux de compagnie

Quid du coronavirus chez les chats et les chiens ? Plusieurs exemples de contamination ont été observés dans le monde, mais sans que leur ampleur ni leurs mécanismes n’aient été décrits précisément. Une étude publiée dans les PNAS, les comptes-rendus de l’Académie américaine des sciences permet d’y voir plus clair. Il en ressort que les chiens ne peuvent pas se transmettre le virus entre eux, alors que les chats le peuvent.

On savait auparavant que ces deux espèces constituent par ailleurs des « cul-de-sac épidémiologiques » : elles ne peuvent transmettre le coronavirus à aucune autre espèce, y compris l’humain. Plus intéressant, les auteurs rapportent que les chats exposés une seconde fois au virus ne seront pas infectés à nouveau. Ils ont en effet développé une réponse immunitaire efficace. Selon les chercheurs, ce phénomène pourrait faire des chats un modèle intéressant pour le développement d’un vaccin.

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