Sam l'Africain : « On n'avait aucun problème avec la communauté (des) blancs »

18 mars 2016 - 12:01

La galaxie patriotique, la chasse aux étrangers ou encore Nady Bamba. Voilà les quelques sujets qui ont émaillé l’audience du jeudi 17 mars. Celle-ci a marqué la fin du contre-interrogatoire de la défense et le début du réexamen par l'accusation.

Par Antoine Panaite

Le contre-interrogatoire de l’équipe de défense de Blé Goudé aura été bien plus court que prévu. Il s’est terminé en milieu de journée au lieu de la semaine prochaine, comme prévu.

C’est Jean-Serges Bougnon, avocat de Charles Blé Goudé, qui a d’abord interrogé le témoin Sam l’Africain sur la galaxie patriotique : « Avez-vous assisté à une réunion où il aurait été mis en place au sein de la galaxie une structure ? »« Non », lui répond simplement le témoin. « Y avait-il une sorte de ‘’désignation’’ pour désigner Charles Blé Goudé comme président de la galaxie ? » demande Bougnon. « Si j’appelle Blé Goudé président (…) c’est en qualité de président du COJEP », répond Sam qui précise aussi que « chacun a voulu être devant les choses au sein de la galaxie patriotique » et que« ça a vraiment créé des problèmes » eux.

Bougnon revient sur la philosophie et l’approche pacifique du témoin. Il lui demande alors si, au sein de la galaxie, tout le monde avait la même conception. Sam affirme que les gens étaient très indépendants, et qu’ils n’avaient « pas tous les mêmes objectifs ».

Sam l’Africain décrit une lutte intestine et une volonté de montrer les muscles de la part de certains groupes de la galaxie. Concernant les réunions du mouvement, il affirme qu’elles étaient destinées à voir « dans quel cadre on peut sortir de la crise ».

Pas vu d’appel de chasse aux étrangers

Bougnon dit qu’il comprend donc que ces réunions traitaient d’une « mobilisation pacifique de leurs militants ».

Il demande au témoin : « Avez-vous souvenance de Charles Blé Goudé demandant aux jeunes patriotes ou aux Ivoiriens en général de chasser les étrangers ? »« Tout ce qu’il faisait et disait était toujours communiqué », explique Sam l’Africain avant d’affirmer « Moi personnellement, je n’ai pas vu (de tels appels, ndlr) ».

Sur les appels de Blé Goudé pour l’enrôlement des jeunes dans l’armée, Sam partage sa vision des choses : « Je pense que c’est la voie normale que des Ivoiriens qui voient la guerre venir (…) viennent se faire enrôler ».

L’audience est interrompue pour une pause et reprend avec la fin du contre-interrogatoire. Claver N’Dry, avocat au barreau d’Abidjan et membre de l’équipe de défense de Blé Goudé, finit ce contre interrogatoire.

Pas de problème avec les blancs

L’avocat présente une vidéo de Blé Goudé à la Cour, datant de décembre 2010, où on voit l’ancien leader des jeunes patriotes souhaiter de bonnes fêtes aux Ivoiriens. Il y dénonce les appels à la désobéissance civile et rassure aussi les Français vivant en Côte d’Ivoire : « Nous vous aimons. Nous vous portons dans le cœur. Entre les Ivoiriens et les Français vivant en Côte d’Ivoire, c’est l’harmonie ». Interrogé sur la vidéo, Sam répond : « On avait aucun problème avec la communauté blanc. Ce qui crée la haine, c’est le comportement de leurs institutions ».

La suite de l’interrogatoire fait état d’une ouverture forcée de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) ainsi que du saccage des commissariats à Abidjan après l’arrivée des armées venues déloger Laurent Gbagbo.

Mais, la défense de Blé Goudé ne juge pas nécessaire de poursuivre. Ainsi, s'achève le contre-interrogatoire.

Début de réexamen tendu

Alors que le réexamen devait commencer (partie où l’accusation réinterroge le témoin une dernière fois sur les éléments mentionnés lors du contre-interrogatoire), Emmanuel Altit, avocat de Gbagbo, demande l’annulation du réexamen ou bien la possibilité de pouvoir de nouveau interroger le témoin ensuite. Car, estime-t-il, il y a un « déséquilibre dans la procédure ». Il fera aussi la demande que l’accusation ne soit pas autorisée à présenter de nouveaux documents lors du réexamen.

Après un temps réflexion, les juges reviennent dans le prétoire et présentent leur décision : le réexamen est autorisé mais pas l’utilisation de documents nouveaux.

Le réexamen débute et Éric Macdonald, le substitut du procureur, interroge le témoin sur le rôle de l’épouse de tradition du président Gbagbo, Nady Bamba. Altit s’offusque de cette question qu’il considère comme hors de propos : « C’est la vie privée du président ! ». L’avocat de Gbagbo considère en fait qu’il n’a été fait mention d’elle que pour parler de son ethnicité et le relier au fait que le président Gbagbo n’avait pas de préjugés ethniques. Ce passage est alors écourté.

Le réexamen devrait s’achever ce vendredi.

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