Sam l’Africain « heureux » et « fier » d’avoir témoigné à la CPI

18 mars 2016 - 20:31

L’audience du vendredi 18 mars a duré moins d’une heure et trente minutes. C’était le dernier jour du témoignage de Sam l’Africain et la dernière audience avant une pause judiciaire de plusieurs semaines.

Par Antoine Panaite

Les rideaux s’ouvrent, les juges s’installent, et le président de la chambre,  Cuno Tarfusser s’adresse au témoin : « Ce matin devrait être le dernier 100 mètres pour vous en principe. Et pour nous tous d’ailleurs ».

Éric Macdonald, le substitut de la procureure, le promet : il va faire au plus court dans son réexamen débuté hier. Il revient d’abord sur la marche de la RTI, mais enchaine rapidement sur novembre 2004.

Sur les bombardements des FANCI dans le nord de la Côte d’Ivoire, Sam l’Africain confirme que c’était sans doute « pour reprendre le nord du pays ». Concernant le bombardement des avions de l’armée ivoirienne par l’armée française à la suite de la mort des militaires français et d’un américain à Bouaké, Sam affirme que l’enchaînement s’est fait « automatiquement ». Macdonald et Altit confirment que c’était bien la même journée.

Macdonald demande : « Lorsque l’aviation française détruit les avions ivoiriens, quelle est la réaction des jeunes patriotes ? ». Sam l’Africain explique que « toute la Côte d’Ivoire était indignée ». Il cite plusieurs fois le nom du président Jacques Chirac, le désignant comme le responsable des évènements. Le procureur veut lui savoir si cette indignation des Ivoiriens a été suivie d’appels de la part de personnalités ivoiriennes et plus particulièrement d’appels lancés par Charles Blé Goudé. « Il y a eu des appels, lui répond le témoin. Mais ce qui a été dit par le président du COJEP, je ne me souviens pas ». En revanche, Sam l’Africain confirme qu’il y a bien eu des appels à se rendre au 43ème BIMA. Et c’est à ce moment-là, explique-t-il, que l’armée française « a bombardé la population civile ».

Retour sur les causes de la rébellion

Finalement, Macdonald interrogera Sam l’Africain sur ce qu’il avait dit concernant les gens du Nord qui étaient dans la rébellion. Le témoin avait précédemment affirmé que c’était « des Ivoiriens qui se sentaient peut-être frustrés »« Pourquoi ? » questionne Macdonald. Le témoin donne son interprétation : « Des gens qui se révoltent et prennent des armes, ils doivent avoir une cause (…) Leur région est mal développée ou bien les gens du Nord se sentaient frustrés par certains comportements ou bien ils avaient envie de prendre le pouvoir ».

Le réexamen s’achève. Macdonald « souhaite un bon retour » au témoin et le remercie pour sa coopération.  Les équipes de la défense font de même.

Fini le procès, Sam veut se mettre  « au travail de l’Afrique pour apporter la paix »

Le juge-président prend la parole : « Monsieur le témoin, nous en sommes arrivés au terme de votre déposition, et c’est pour moi un grand plaisir de vous l’annoncer. Merci pour votre patience (…) Vous avez fait un très bon travail dans votre déposition. Nous vous souhaitons un bon retour en toute sécurité ».

Sam se lève. Il veut dire quelque chose. « C’est la tradition africaine », explique-t-il à la Cour. « Je suis très heureux et très fier d’être arrivé ici », dit-il avant de remercier tous les participants au procès. « Je suis très fier parce que ça m’a permis d’enlever un fardeau sur moi (…) Tout le monde entier ne serait peut-être pas d’accord avec moi (…) mais je voulais aider la chambre pour comprendre la vérité et j’ai fait ce que je pouvais faire ». Il ajoute : « Mon souhait c’est que mon pays se réconcilie pour aller dans la paix (…) À partir d’aujourd’hui, je me mettrai au travail de l’Afrique pour apporter la paix (…) Merci et que Dieu vous bénisse ».

Sam s’en va et la Cour discute quelques minutes sur le futur calendrier. Le juge tient à rappeler aussi pourquoi une longue pause s’annonce. Il explique que la CPI ne peut pas avoir plus de deux procès à la fois et qu’il a donc été convenu avec les juges-présidents des deux autres procès en cours, qu’il y aurait une pause dans le procès Gbagbo/Blé Goudé. « Ce système est dû aux contraintes financières qui pèsent sur la Cour », a-t-il justifié.

La séance est levée, les rideaux se referment. Sauf événement inattendu, le procès reprendra le lundi 9 mai.

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