Début du contre-interrogatoire de Sam l’Africain

14 mars 2016 - 23:29 ; source ivoirejustice.net

Ce lundi 14 mars était le premier jour du contre-interrogatoire de Sam l’Africain. Mené par Emmanuel Altit, l’avocat français de Laurent Gbagbo, il s’est axé sur la rébellion.

Par Antoine Panaite

Charles Blé Goudé porte un boubou bleu clair. C’est la première fois depuis le début du procès que l’on voit le co-accusé de Laurent Gbagbo porter un vêtement typiquement africain. Ce détail n’est pas d’importance mais il coïncide avec le début du contre-interrogatoire du seul autre individu portant un boubou dans le prétoire de la Cour pénale internationale (CPI) : Sam l’Africain.

Emmanuel Altit, l’avocat principal de Laurent Gbagbo, revient sur les propos tenus par Sam l’Africain lors de l’interrogatoire de l’accusation : « Quand vous dites des attaques militaires, c’était donc des attaques militaires par les pro-Ouattara ? ». « Oui », lui répond le témoin. Cependant, il précisera plus tard qu’il ne peut pas dire qu’elles étaient dirigées par Ouattara lui-même.

À propos d’IB

L’équipe de défense de Laurent Gbagbo interroge ensuite le leader de la NACIP sur Ibrahim Coulibaly alias IB. « C’était un militaire qui était un des auteurs du premier coup d’Etat contre le président Bédié » explique Sam l’Africain. Il ajoute : « Selon les rumeurs, les gens disaient (…) qu’il avait fait ce coup d’Etat pour le président Alassane ».

Concernant la marche sur la RTI, Altit demande au témoin si les groupes de jeunes qu’il avait mentionnés étaient des groupes armés. « J’étais loin de l’organisation, rétorque Sam l’Africain. J’étais pas avec eux, je peux pas dire quelque chose dessus », explique-t-il avant d’ajouter, qu’en revanche, il sait que des jeunes pro-RHDP ne pouvaient pas être délogés de certains lieux dont Abobo, Treichville ou encore Koumassi. Il précise qu’à Abobo, c’est le commando invisible (dirigé par IB) qui commandait et que « les chars FDS qui partaient à Abobo étaient bombardés ».

Altit souhaite en outre savoir si les différentes factions rebelles se combattaient entre elles. Sam lui répond qu’il sait que c’était après la capture de Laurent Gbagbo que des affrontements ont eu lieu, notamment parce qu’« IB n’a pas voulu déposer les armes ».« Après le 11 avril, raconte–il, IB régnait toujours en maître (…) Tout le monde avait fait allégeance au nouveau régime, sauf IB (…) C’est comme ça les forces républicaines sont allées à Abobo pour le déloger ».

Gbagbo ne faisait pas l’affaire

Sam l’Africain expliquera aussi sa vision des choses sur le pourquoi du comment Gbagbo a été déposé. « Quand un président africain (…) ne fait pas l’affaire du colon, on l’enlève », raconte-il à la Cour. Il ajoute que, si Alassane Ouattara voulait demain avoir une monnaie autre que le franc CFA, « il serait le premier dictateur de l’Afrique ».

Fidèle à son discours écartant la division entre pros-ADO et pros-Gbagbo, il affirme qu’il n’y a pas « de pros-Alassane et de pros-Gbagbo, il n’y a que des Ivoiriens qui sont manipulés ». Soulignant cette influence, Sam l’Africain répètera plus tard que « les armes de l’ONU » se trouvaient à l’hôtel du golf. Il parlera aussi de TCI (Télé Côte d’Ivoire) qu’il considère être l’autre méthode de la communauté internationale pour palier à la non-prise de la RTI. Il confirmera à Altit que c’était une télé politique car, en ces temps-ci, « tout était politique ».

Des gens du nord, se sentant frustrés, ont attaqué le pays

Sur le sujet de la réconciliation, le témoin P-44 assure que, pour la réconciliation, « Gbagbo s’est fait humilier » lorsqu’il a été jusqu’à accepter les accords de Ouagadougou et qu’il a fait « beaucoup de sacrifices » dont « l’entrée des rebelles dans le gouvernement ». En parlant de Ouagadougou, Altit lui demandera aussi si la basse-arrière de la rébellion était bien le Burkina Faso voisin. Il répond : « Oui c’est ça (…) C’est toute la Côte d’Ivoire qui le sait ».

À la question « qui a attaqué la Côte d’Ivoire ? », Sam répliquera que « c’était des Ivoiriens, des gens du Nord qui se sentaient frustrés ». Il confirmera que ce sont ces derniers que l’on appelle les rebelles. Finalement, Sam l’Africain, invité à le faire par Altit, évoque son expérience à Korhogo. Il raconte qu’il n’a pas assisté lorsqu’il y était à des affrontements mais qu’il s’y est passé des choses. Altit montre d’ailleurs à la Cour une vidéo d’une femme qui raconte son supplice, comment elle a été frappée et violée. Sam l’Africain affirmera de nouveau qu’à Korhogo lui aussi avait peur mais c’était différent que pour cette femme. Il avait peur « de la violence des militants Ouattara ».

 

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