UN COUP D'ÉTAT serait-il salutaire ?

Le processus de paix est en danger en Côte d’Ivoire. Le fichier parallèle des 429.000 personnes, non inclues sur la liste électorale provisoire, mais sujette à suspicion, qui a secoué la classe politique, a fini par plonger le pays dans l’impasse. La double dissolution de la CEI et du gouvernement prise, unilatéralement, par le Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, le vendredi 12 février dernier, a mis toutes les forces politiques sur le pied de guerre.

Depuis le lundi 15 février, le pays profond est le théâtre de manifestations de rue des militants du Rassemblement des Républicains (RHDP) qui regroupe quatre partis politiques que sont le RDR, le PDCI, l’UDPCI et le MFA. Ces remous sociopolitiques ont atteint un point culminant, hier vendredi, avec la mort de Cinq manifestants à Gagnoa, région du Chef de l’Etat.

Tous ces accrocs nous interpellent sur l’éminence d’une situation incontrôlable et nous convaincs que les partis politiques de l’opposition ne supportent plus le Chef de l’Etat. L’atmosphère, à vrai dire n’est pas rassurante, avec toutes les informations que l’on entend ça et là.

Du coup, les complications que l’on craignait, du fait de la mise sur touche de la communauté internationale, avec l’entrée en scène de l’Accord Politique de Ouagadougou se précisent. Tournant ainsi en dérision les propos du représentant du facilitateur, Boureima Badini qui s’est laissé aller à la veille d’une réunion du cadre permanent de concertation, l’an dernier, en déclarant que : « L’Accord politique de Ouagadougou est un exemple de règlement de crise par les Africains qui fera tache d’huile. » Une telle confiance, était sans compter avec les petits calculs politiques des acteurs en face.

De quel moyen coercitif, dispose l’Accord Politique de Ouagadougou pour régler ce genre de volte-face qui remet en cause le processus de sortie de crise. Aucun. Quand une crise politique, comme celle que vit la Côte, est parvenue à passer entre les mailles des Accords de Lomé, de Linas Marcoussis, d’Accra 1 et 2, de Pretoria, des résolutions 1633, 1721, 1765, et 1782 de l’Onu, le bon sens, nous semble t-il, aurait tout simplement voulu que le facilitateur ne se confine pas en un médiateur mais en un arbitre, capable de dénoncer la faute et sanctionner son auteur.

L’on aurait dû se douter que la bonne volonté apparente des auteurs de la crise pourrait tiédir à l’approche des élections. Aujourd’hui que c’est le cas, que fait-on ?

Huit ans de crise, huit ans de prise en otage de la population, huit ans de pauvreté et de morts inutiles par la faute d’irresponsables politiques, c’en est trop. On a longtemps clamé haut et fort qu’il n’y avait pas de solutions militaires à la crise ivoirienne. Certes, un retour à la case départ serait dramatique pour la Côte d’Ivoire.

Mais de l’avis de beaucoup d’observateurs, une réédition des évènements du 24 décembre 99 qui ont fait partir le président Bédié de la tête du pouvoir, sous des applaudissements populaires, est plus que jamais salutaire pour la Côte d’Ivoire dans le contexte actuel. Autant l’armée est en alerte dans le Sud, le Nord rassemble discrètement ses troupes.

Le Niger, ne nous montre t-il pas la voix à suivre ?

Notre conviction est qu’il appartient au peuple ivoirien de savoir ce qu’il veut dans un tel contexte.

Charlène Adjovi
Directeur de Publication
Informateur.net

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