Pétrole ivoirien - Les très bonnes affaires de FAKHOURY

L’architecte s’est vu confier tous les travaux du transfert de la capitale payés en pétrole à 30 dollars le baril. Soit un bonus de 58 millions d’euros. Assez pour que le FMI réclame des explications.

Les « grands travaux d’investissement de l’Etat » ivoirien ont fait au moins un bienheureux, l’architecte libano-ivoirien Pierre Fakhoury. Celui-la même qui s’est immortalisé sur l’un des vitraux de la basilique de Yamoussoukro qu’il a construite. Au total, ce sont deux protocoles d’accord, quatre avenants et douze contrats qui ont été signés entre le gouvernement ivoirien et le groupe Pierre Fakhoury Operator, PFO.

Ces différents accords confient à l’architecte les « grands travaux d’investissement de l’Etat » : le transfert de la capitale à Yamoussoukro, le pont de l’île Boulay, la voirie, les réseaux divers et les aménagements paysagers de la zone administrative et politique de Yamoussoukro, le palais de la présidence de la République à Yamoussoukro, le terrassement de la zone administrative et politique et la voie triomphale, l’Assemblée nationale et le Sénat à Yamoussoukro, la construction de l’autoroute de contournement de la ville de Yamoussoukro, la rénovation du village Ivoire Hôtel et Ivoire Trade center à Abidjan, le mémorial Félix-Houphouët Boigny à Abidjan.

Pour tous ces travaux, Fakhoury a obtenu à la fois, le contrat d’opérateur, d’études architecturales et techniques et de réalisation. Tous ces contrats n’ont fait l’objet d’aucun appel d’offres. Du gré à gré, reconnaît le Ministère de l’économie et des finances.

Coût

Quel en est le coût total ? Des centaines de milliards de francs CFA. Le futur pont qui portera le nom du président Laurent Gbagbo, est évalué entre 95 et 150 milliards CFA (144,8 millions et 228 millions d’euros) dans sa première phase, pour atteindre 700 milliards FCFA (1,06 milliard d’euros) en phase finale. Gré à gré, coût faramineux, ce n’est pas tout. Le mode de paiement est tout aussi inhabituel. Du troc. Travaux contre pétrole à un cours qui s’est révélé finalement bien plus bas que le marché. L’accord est conclu en 2005 alors que le baril de pétrole Brent est à 58,09 dollars à Londres, prévoit pour une livraison en 2008, le paiement de 30 dollars, « au risque de l’opérateur ». Mais en cas de surplus, l’opérateur encaisse quand même le tiers de la plus-value ! En 2005, était-il risqué de parier sur un baril à moins de 30 dollars ?

Toutes les précisions dans Les Afriques No 70 à paraître jeudi 9 avril.


Par Hance Guèye, Dakar

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Commentaires

  • BLEHOUE francis
    • 1. BLEHOUE francis Le 16/11/2010
    Pétrole ivoirien : Plus de100 000 barils par jour… qui s’évaporent dans la nature !

    La Côte d’Ivoire est un pays dont l’économie est basée sur l’agriculture. Du moins, c’est ce que le premier Président de la République avait laissé entendre. En tout cas, le citoyen lambda ivoirien partageait cet avis de Feu Félix Houphouët-Boigny. L’agriculture ivoirienne, dont la locomotive était le binôme café cacao a connu son apogée, avant de connaître au milieu des années 80, une décadence, avec la baisse des prix, de ces deux produits au plan international. C’est justement cette situation, qui a encouragé les Ivoiriens à privilégier l’hévéaculture à la culture du café et du cacao. Le caoutchouc naturel, dit-on serait plus rentable. Son prix, n’étant pas soumis à des fluctuations comme celui du café et du cacao. A coté de l’agriculture, les ports d’Abidjan et de San Pedro, au Sud-est du pays apportent beaucoup à l’économie. Ils ont constitué à eux seuls, selon les autorités actuelles du pays, les véritables pourvoyeurs de fonds de l’économie, dès le début de la crise militaro-politique en septembre2002. Mais ce que les chantres de la refondation n’ont pas voulu ressasser les Ivoiriens, ce sont les profits tirés de l’exploration et de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel en Cote d’Ivoire.

    Silence, on mange… !

    A l’instar de la nébuleuse qui a été sciemment entretenue autour de la gestion du café et du cacao, celle de l’or noir n’est guère clarifiée aux Ivoiriens. Qui pourtant, ont le droit de savoir que leur pays est un pays pétrolier qui s’ignore ou qui veut se faire ignorer. Ou du moins, que la refondation veut leur cacher. En effet, aucune communication officielle, médiatisée n’est faite sur les recettes tirées de l’exploitation pétrolière et gazière. La vérité, c’est qu’à ce jour, la Cote d’Ivoire produit plus de 100000 barils par jour. Selon Michel Yobouet, coordinateur national de la coalition « publiez ce que vous payez, PCQVP » « à la fin de l’année 2007, on pourra atteindre les 100 000 barils par jour. » Un calcul rapide permet de savoir que la Côte d’Ivoire engrange la coquette somme de 11.800.000 dollars Us, soit 7.080.000000 (7 milliards 80 millions) FCFA par jour (excusez du peu).Etant donné que le prix du baril au 21 avril 2008 était d’environ 118 dollars Us et est aujourd’hui plus de 123 dollars Us. Mais ce n’est pas tout,le gaz a lui aussi un apport considérable dans l’économie nationale,puisque,selon le Ministre des Mines et de l’Energie,Emmanuel Léon Monnet, le champ pétrolier « Espoir »recèlerait en son sous-sol en 2008,près de 175 milliards de pieds cube de gaz. Paradoxe pour paradoxe, le même Ministre en charge des Mines et de l’Energie soutient mordicus que la Côte d’Ivoire ne peut être considérée comme un pays pétrolier, parce que n’appartenant pas à l’OPEP. En sus, il ajoute que c’est maintenant qu’elle frapperait aux portes de l’APPPA, qui n’est autre que l’Association des Pays Producteurs d’Afrique. Et pourtant, l’ONG, citée plus haut, soutient que le Cameroun, avec une production moindre est considéré comme un pays pétrolier. D’ailleurs, M Monnet attribue le faible taux de production à la défaillance des moyens techniques appropriés. Curieusement,ce qu’il ne dit pas,même s’il affirme que le gouvernement ivoirien doit la coquette somme de 91 milliards FCFA à la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR),c’est ce qu’elle rapporte à l’Etat de Cote d’Ivoire. A ce niveau,les bailleurs de fonds et l’Etat de Cote d’Ivoire se livrent à une guerre des chiffres .Les statistiques de la Douane ivoirienne, révèlent que le pétrole brut rapporte 267 milliards,produits pétroliers,793 milliards et autres recettes ont rapporté plus de 1060 milliards. Soit, un taux de 28%des recettes du commerce extérieur en 2005. L’année suivante, il y a eu une progression de 156%. Quant à l’année 2007, ce sont 67000 barils qui sont produits par jour avec l’entrée en production du champ « Baobab » avec une nette progression de 50,7%. La SIR permet le traitement d’un peu plus de 60000 barils par jour et devrait atteindre les 100000 barils par jour en 2008. Au moment même où le gouvernement faisait une estimation de 83,9 milliards dans son budget, des experts quant à eux prévoyaient 200 milliards. En tout état de cause, la production pétrolière et gazière est prise très au sérieux par les autorités ivoiriennes. Puisque ce sont au total 8 champs pétroliers qui ont été découverts à ce jour, dont 3 ne sont pas encore entrés en production. Il s’agit de Baobab, Acajou et Bahia, respectivement localisés sur les blocs 40 pour le premier et 26 pour les deux autres. Bélier, Espoir, Lion, Panthère et Foxtrot, pour ne citer que ces exemples, auraient pu permettre à la Côte d’Ivoire de satisfaire largement sa consommation en pétrole, estimée à 25000 barils par jour. La production nationale de pétrole est établie en effet à 22000 barils, alors que le champ Baobab devrait permettre de multiplier celle-ci par trois. Du moins, selon des affirmations du ministère d’Etat, ministère des Mines et de l’Energie. L’information avait été donnée par « Fraternité Matin »dans sa parution du 20 février 2005. Ainsi, la Côte d’Ivoire qui fait croire qu’elle est un pays essentiellement agricole, est aussi et surtout un pays pétrolier à l’instar du Vénézuéla, du Koweït et du Nigeria, tout près de nous. Mais, pour éviter les contraintes de la transparence qui s’impose aux pays pétroliers connus comme tels, les autorités ivoiriennes refusent de communiquer les vrais chiffres des avoirs pétroliers. Si bien que la Côte d’Ivoire n’est pas encore déclarée, pays pétrolier, en dépit des 100000 barils et plus qu’elle produit par jour. ‘Et pourtant, remarque Michel Yobouet de l’ONG « publiez ce que vus payez PCQVP », le Cameroun est déclaré pays pétrolier avec moins de la moitié de la production ivoirienne’.

    Outre la production nationale qui se chiffre à plusieurs milliards de nos francs, la Côte d’Ivoire engloutit d’autres sommes faramineuses à travers le raffinage du pétrole. Ainsi, en plus de tous les voisins immédiats de la Côte d’Ivoire que sont le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et le Ghana, la société ivoirienne de raffinage (SIR), livre du pétrole raffiné au Sénégal, au Nigeria (vous avez bien lu, vous ne vous êtes pas trompés !), à la Mauritanie, à la République Démocratique du Congo, à l’Angola et à la Namibie. Ce qui constitue pour le pays, un avantage certains dans ce difficile domaine de raffinerie. ‘Sur cinquante et une (51) raffineries construites sur le continent (africain, Ndlr), douze (12) ont déjà fermé’, déplorait, il y a quelques temps, Joël Dervain, le directeur général de la SIR, par ailleurs, président de l’Association des Raffineurs Africains.

    Mauvaise foi et mauvaise gouvernance !

    Pour ne pas contraindre à la transparence, la Côte d’Ivoire a refusé de ratifier l’initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE). Malgré les engagements par elle, pris en 2006 à Oslo en Norvège. De fait, les autorités de ce pays qui, comme à leur habitude, aiment à utiliser les fonds de l’Etat à des fins personnelles, voulaient encore une fois ‘manger dans le dos et sur le dos des Ivoiriens’. Et ce, dans le noir total. Des immeubles et stations services poussent de terre, pendant que le peuple crie famine. Même, lorsque ces autorités créent un comité pétrole en avril 2006, sous la pression des institutions de Bretton Woods, pour faire la lumière sur la gestion pétrolière et gazière, rien n’est fait concrètement pour instaurer la transparence. Avec pour mission d’informer les Ivoiriens sur le volume du pétrole et du gaz naturel produit dans le bassin sédimentaire de notre pays, et sur les recettes de l’Etat, le comité pétrole n’a jamais rien fait de tout cela. Du moins, il ne l’a pas fait à travers les outils de communication, que sont la Télévision et la Radio nationale, ainsi que la presse nationale, pour être très proche de la population. On découvre alors la volonté manifeste des hommes du pouvoir de cacher beaucoup de choses aux Ivoiriens. Avec le rétablissement ces derniers mois, des relations avec le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), les autorités ivoiriennes ont songé à mettre sur pied un Conseil national de l’initiative pour la transparence des industries Extractives (ITIE), pour répondre à une des doléances majeures des institutions de Bretton Woods qui font également de la gestion transparente des ressources pétrolières, une préoccupation. Comme le défunt comité pétrole, le Conseil National de l’Initiative pour la transparence des Industries Extractives (CN-ITIE), présidé par M. Koffi N’dri, devrait veiller à la publication régulière de toutes les recettes tirées de l’exploitation des industries extractives, ainsi que de tous les paiements versés à l’Etat par les sociétés pétrolières, gazières et minières. Il devrait également veiller au moins une fois par an, à l’élaboration par l’Administrateur indépendant, d’un état de concordance des données relatives aux productions et paiements effectués par les industries extractives au profit de l’Etat, sur la base des audits des comptes de celles-ci. Ce conseil, notons-le, mis sur pied en février dernier seulement, par décret présidentiel, a en son sein 26 personnes dont, des journalistes, des producteurs de pétrole et de gaz naturel, des ONG, dans le but de garantir la transparence. Mais, pour qui connaît les refondateurs ivoiriens, on ne doit pas s’attendre à grand-chose. Puisque, comme pour une gestion transparente du secteur pétrolier ivoirien, le FMI et la Banque Mondiale insistaient sur la mise en place d’organes indépendants pour la bonne gestion des ressources du café et du cacao. Mais les socialistes tropicaux n’ont trouvé mieux que de mettre à la tête de ces structures des hommes qui leur étaient proches, s’ils n’étaient pas des leurs. Ainsi, le Fond de Régulation du Café et du Cacao (FRC), le Fond de Développement et de Promotion des activités du Café et du Cacao (FDPCC) et la Bourse du Café et du Cacao (BCC) sont gérés de façon unilatérale par ceux qui ont été cautionnés et poussés à la tête de ces structures. Les populations, notamment les petits ou grands producteurs de Soubré, de Dimbokro, de Toumodi, d’Aboisso, etc… qui ont le droit de savoir comment les fonds de leurs productions sont gérés, ne sont malheureusement pas informés. Ce sont des personnes qui, curieusement pour la plupart n’avaient aucune plantation, qui ont été imposés à la tête de ces organes de gestion. Mais pour quelle gestion ? C’est pourquoi, de façon légitime, l’on est en droit d’émettre des doutes quant à la transparence du nouveau conseil national de l’Initiative pour la transparence des industries Extractives (ITIE).Au même moment, où les autorités ivoiriennes nient l’importance de la production pétrolière, on assiste à l’implantation de plusieurs stations services à travers tout le pays. Au nombre de 547, Total CI se taille la part belle avec 158 stations services pour une part de marché global fin 2006 de 261694056(volume), soit 28%.Ce qui fait une part de marché total de 932881701 dont 85% pour le GPP,8% POUR l’APCI et 7% pour le groupe des indépendants. A cela, s’ajoute la construction d’un gigantesque gazéo-duc d’une longueur de plus de 250KM (Abidjan-Yamoussoukro).Alors, comment peut-on avancer que la production pétrolière représente une infime partie dans les devises nationales ? Rien. Sinon la légitimation de la mauvaise gouvernance.

    En tout état de cause, les Ivoiriens attendent de voir avant de croire en l’objectivité de ce projet. Pourvu que ce ne soit un trompe l’œil pour mieux arnaquer le peuple. Comme le dit le chef de l’Etat Laurent Gbagbo lui-même, « on voit le dos des nageurs ». 708.000.000 de francs CFA par jour, ce n’est pas rien. Les Ivoiriens continuent d’attendre les retombées de ces pluies de milliards qui n’en finissent pas de tomber.
    Par Denis-Zodo - Publié dans : Economie
  • ROGER RAMDE
    • 2. ROGER RAMDE Le 23/03/2010
    POURQUOI SI LA COTE D'IVOIRE PRODUIT ET COMERCIALISE LE PETROLE CE BIEN ESET RARE? LES DIRIGEANTS N'ONT ILS PAS PITIE DE LA POPULATION? COMEMENT SON GERE LES FONDS ISSUS DE SA COMERCIALISATION DE CE PRODUIT?

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