Lettre ouverte / 120 jours après : Gbagbo reçoit enfin les vraies nouvelles du pays !

Ami de longue date à l’ex-chef de l’Etat, aujourd’hui mis à résidence surveillée à Korhogo, Otrou Ali Henri, Enseignant chercheur, parle à Laurent Gbagbo. Il lui rappelle ses erreurs. Ci-dessous l’intégralité de sa lettre.

 

Bonjour cher aîné, Par la présente, je voudrais non seulement te saluer parce que tu es après tout mon frère, mais surtout, te rappeler tes erreurs et manquements durant ton règne présidentiel. Dans un contexte de crise générale et généralisée, j'avais pris des risques en janvier 2006, te souviens-tu, pour attirer ton attention sur certaines limites de ta politique qui pouvaient te détruire. Cela avait fait la UNE de certains journaux de notre pays. En ce temps-là, tu n'avais pas considéré l'objet de mon message .Bien au contraire, je fus la cible à abattre .Tes perroquets et autres charognards m'ont insulté, humilié, vilipendé sans omettre les violences matérielles et financières subies dans mes activités. J'ai assumé parce que j'étais dans la vérité. La vérité, c'est la vie. Sans vérité, pas de vie. Parce que le mensonge, la calomnie, les médisances et la tromperie, contraires de la vérité, entrainent les conflits et les guerres.

En évitant la violence de la vérité, tu tombes en avril 2011.Quelle chute ! Après une campagne électorale historique saluée par le monde entier, tu as refusé le verdict des urnes, pourtant volonté du peuple ivoirien. Pour la simple raison que, selon toi, ce peuple serait totalement acquis à ta cause. Tu as oublié tout le mal subi par ce peuple de 2000 à 2010, à savoir, entre autres, la vie chère, les déchets toxiques, l'appauvrissement de tes parents paysans consécutifs aux vols dans la filière café-cacao, détournements des deniers publics au profit de ton clan et la mort programmée des secteurs éducationnel et sanitaire. J'en passe.

 

Aujourd'hui, avec ta chute, les faits annoncés en janvier 2006,me donnent raison. C'est moi qui ai raison. Je ne cherche pas de raison pour une quelconque gloire. Mais, cette raison s'inscrit nécessairement dans le processus de vérité, condition nécessaire et suffisante pour lutter contre la pauvreté. Tu es un grand universitaire et historien de formation. Tu sais donc que l'histoire est têtue. Je ne fais pas allusion à l'histoire des faits, l'histoire événementielle. Au contraire, il s'agit de l'histoire des sociétés depuis l'époque antique jusqu'au libéralisme contemporain. Malgré cette arme puissante à ta disposition- ce que n'ont pas d'autres chefs d'Etat- tu es tombé, englué dans tes propres contradictions et erreurs.

C'est pourquoi, j'ai décidé après quatre (4) mois de silence, de t'adresser cette lettre fraternelle et te dire toujours ce que je pense. Ta chute est certes ta chute, mais au-delà, elle est lourde d'enseignements pour tous ceux qui ont encore une parcelle de pouvoir. La vérité sauve. Le mensonge tue. Tout pouvoir quel qu'il soit, s'il baigne dans le mensonge pour exploiter les populations, les appauvrir, les humilier et avilir, est un pouvoir sans avenir .Il tombera nécessairement. Je pense que ta chute est une victoire. Le nouveau pouvoir avec OUTTARA et le RHDP, a commencé déjà à en tirer les conséquences en mettant en garde les futurs voleurs, cambrioleurs et menteurs.

Dans une première partie, je vais présenter tes erreurs, après un rappel suscint de ma lettre de Janvier 2006 .Dans une seconde partie, je vais montrer les limites de ta politique de la refondation qui ont entrainé ta chute.

 

I/ Tes erreurs

 

Tu as accédé au pouvoir après beaucoup d'années de luttes, de souffrances, et d'épreuves .Cela est à ton actif.. Tous tes frères et soeurs reconnaissent en toi les qualités du combattant engagé, de l'homme de vérité sensible à leurs problèmes de tous les jours : nourriture, soins médicaux, éducation , transport et autres besoins. Tu as vaincu le démon du mensonge et de l'injustice . Tu as triomphé vaillamment en 2000.C'était la grande époque ! Mais, que s'est-t-il passé pour que du palais présidentiel, tu te retrouves à KORHOGO, loin des tiens , esseulé comme tu l'es maintenant ? Tu as fait des erreurs, grand frère. Ma conviction de t'accompagner dans l'exercice de la lutte m'avait poussé à t'adresser une lettre en Janvier 2006 afin que tu puisses éviter certaines erreurs.

 

1/Ma lettre de janvier 2006

 

Sur les chemins faits de hauts et de bas pour l'accession au pouvoir, tu avais proposé au peuple de Côte d’Ivoire, une nouvelle vision du monde, une nouvelle méthode de travail caractérisée par la politique de refondation. C'était nouveau par rapport à l'ancien édifice bâti par le PDCI. Le concentré philosophique de la refondation, comme tu l'as défini, est le socialisme opposé au capitalisme. Ton exil en France a permis de parfaire tes réflexions politiques , aidé en cela, par tes amis socialistes français en vue de créer le concept de la refondation. Malgré tes bonnes intentions, en faveur des Ivoiriens, tu as failli dans la mise en application de ta politique de refondation. D'où ma réaction à travers ma lettre de Janvier 2006.Je vais essayer de résumer le contenu de cette dernière.

 

a/ Le principe de solidarité

 

Contrairement au principe de solidarité qui a favorisé (soutenu) ton accession au pouvoir suprême en 2000, tu as plutôt contribué à diviser les militants historiques du FPI dans le partage des gains de la victoire .Tout travail paie . Le combat politique ne saurait être une exception. DACOURY TABLEY Louis André, ton plus proche est tombé. Les mauvaises langues ont attribué cela à une histoire de « chérie, je t'aime. »On ne saura jamais ce qui s'est passé à moins que l'intéressé n'en fasse lui- même le témoignage. Tous ceux qui avaient abandonné le combat ,à l'instar de DON MELLO et KOUASSI Oussou ,sont revenus en force après la victoire .Ils ont respectivement été promus D.G. du BNETD et de l'économie. Par ailleurs, au lieu de t'occuper à mettre en place une superstructure politique et idéologique pour soutenir l'infrastructure de la refondation, tu as plutôt opté pour la mise en place d'une gestion néo-patrimoniale de l'Etat fondée sur le clientélisme, le favoritisme, le clanisme, le népotisme et la jouissance. Ce qui a entrainé l'émergence d'individus de tout acabit, sans surface réelle, essentiellement intéressés par la recherche de rentes de situation.

 

b/ Le principe de bonne gouvernance

 

Le peuple ivoirien a vilipendé le PDCI et HOUPHOUëT-BOIGNY le fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, en traitant ce dernier de voleur. HOUPHOUëT a été insulté. Moi- même, j'étais ton complice. La Côte d’Ivoire a répondu présent à ce nouveau slogan que nous lui avons inculqué. C'était du nouveau, depuis l'accession de notre pays à l'indépendance en 1960. Qu'as -tu fait après ? Au lieu de faire une relecture de ta politique de gestion pour une Côte d’Ivoire nouvelle, tu t'es plongé dans les anciennes pratiques de gestion étatique. En Janvier 2006, j'ai publiquement attiré ton attention sur les comportements de mauvaise gouvernance, surtout dans la filière café cacao. Tu as fait la promotion de certains individus à ta solde dans ladite filière. On a assisté à la crise de cette filière caractérisée par le vol, le gaspillage des ressources financières des paysans. Tout ceci agrémenté par les attitudes d'arrogance, de suffisance et d'intimidation vis-à-vis des Ivoiriens. Tu le savais et tu n'a rien dit .Il en est de même des autres secteurs vitaux comme le pétrole, l'éducation, la santé… Au crépuscule de ton règne, tu as tenté de racoler les morceaux en mettant en prison les maillons faibles de cette mauvaise gouvernance alors que les commanditaires jouissaient autour de toi au palais, avec des coupes de champagne et des fillettes baptisées « RAVE 4 »Trop tard, grand frère. Tu as voulu toujours composer avec des gens qui te disaient « OUI » quand il fallait dire «NON». Ces derniers pensaient comme toi, mais vous n'aviez malheureusement pas les mêmes objectifs. Je pense que dans la vie, il faut aussi composer avec un entourage qui dit la vérité. A toi de faire par la suite, le discernement. La vérité conduit à la vie. La vie se nourrit de vérité. Tu connais la suite.

 

c/ Le principe d'alliances politiques

 

Dans la lutte pour l'accession au multipartisme en 1990, le SYNARES (Syndicat national pour la recherche et l'enseignement supérieur) a joué un rôle de précurseur, aidé aussi par les Ivoiriens épris de justice et d'équité face à l'arbitraire et l'obscurantisme. Le peuple de côte d'ivoire a triomphé en obtenant le multipartisme après l'indépendance de 1960 .C'est la victoire totale du peuple.

Dans cette dynamique politique et syndicale, le pays a enregistré la formation d'une grande gauche démocratique composée de quatre (4) partis politiques historiques : Le FPI avec GBAGBO Laurent, le PIT avec WODIE, le parti socialiste avec BAMBA Moriféré, et l'USD avec ZADI ZAOUROU .Tous ses grands chefs historiques sont tous des enseignants et chercheurs à l'université de cocody. GBAGBO, historien ; WODIE, juriste ; Moriféré, pharmacien et ZADI, homme de lettres. C'est unique en Afrique et dans le monde. Au lieu de chercher à renforcer les alliances avec ces partis politiques, quelles que soient vos contradictions internes d'ailleurs nécessaires, tu n'as pas fait confiance à tes amis d'hier. Tu n'as même pas fait confiance à ton maître ZADI. Au contraire, tu as choisi et cultivé la voie de la division. Et la gauche démocratique a éclaté et elle a disparu. Tu as peut-être tes raisons pour justifier tout cela. Mais un politicien doit avoir un objectif et un but politique. Tu as échoué parce que tu as décidé de créer de nouvelles alliances sur les ruines de la gauche démocratique. Et le faux débat créé au sein du FPI était de savoir avec qui tu devais t'allier : Le PDCI ou le RDR ? Ce dernier parti était avec nous au front républicain. Tu aurais préféré le PDCI. Ce qui aurait irrité certains de tes plus proches collaborateurs. Au sein de ton propre parti, le FPI , tu as dilué toutes les alliances créées autour de courants de pensée sociale .A l'aide de certains militants alimentaires, tu as écarté certaines personnes ressources de ton parti dans la gestion du pouvoir .Ce qui a amené des Ivoiriens à se demander si GBAGBO avait réellement des gens pour conduire et appliquer sa politique de refondation. Pourtant des femmes, des hommes et des jeunes se sont sacrifiés pour toi pendant les années chaudes de l'opposition. Tu avais à ta disposition des personnes en qualité et en quantité pour t'aider. Tu nous as écartés, humiliés de telle sorte que nos propres bases familiales et militantes ont douté de nous. Tu as plutôt fait la promotion d'autres familles, hier opposées à toi, qui ont bénéficié de tes largesses en s'enrichissant impunément.

 

2/ Les limites de la refondation

 

Tu es un homme de synthèse, un homme de grande volonté, un homme de courage. Tu fus le seul Ivoirien à avoir fait la synthèse tribalo-nationale. Grâce à tes idées de simplicité et d'humilité, il y a eu une grande convergence nationale autour de toi, toutes ethnies confondues .Ce qui t'a porté au pouvoir en 2000. Grâce à toi le bété ;le peuple auquel tu appartiens a connu une autre considération et un autre regard vis-à-vis des autres ivoiriens .Le souligner, n'est pas du tribalisme. Je veux tout simplement rétablir la vérité. De 1990 à 2000, tu as oeuvré pour poser les bases d'une véritable unité nationale. En 2000, beaucoup de frères et soeurs ont donné leur poitrine pour toi. Tu étais l'enfant chéri des Ivoiriens. Hélas ! A partir de 2000 ; c'est autre chose que le peuple découvre. Que s'est-il passé ? Je pense que la réponse pourrait se trouver dans les limites de ta politique de refondation aux plans politique, économique et social.

 

a/ Au plan politique

 

Je pense que tu as omis de construire et de consolider l'appareil d'Etat national dans toutes ses composantes : Administration centrale, armée, gendarmerie, police et les autres branches sécuritaires, religion, culture. Un véritable appareil d'Etat centralisé et décentralisé avec des pouvoirs et contre-pouvoirs. Au lieu de t'y pencher, tu as plutôt cherché à construire un Etat néo patrimonial caractérisé par une gestion familiale et clanique des affaires de l'Etat. Or dans une perspective de construire la refondation, tu aurais pu revisiter les grands classiques en tant que socialiste. Par exemple MAO, fondateur de la Chine moderne, a enrichi la théorie de la contradiction en distinguant la principale et la secondaire. Tu as confondu les deux. Sans oublier la général GIAP dans la guerre de Vietnam qui allie tactique et stratégie .C'est tout de même étonnant pour un homme de grandes qualités intellectuelles. Je continue toujours à me le demander. En fait ta politique de refondation n'avait plus de base idéologique. Pourtant les grands idéologues ne faisaient pas défaut au FPI. Notre maître à tous, feu le professeur émérite et sachant MEMEL FOTE était considéré comme le MANDELA ivoirien au FPI.Ce dernier a refusé toutes compromissions et accointances avec le PDCI. Son engagement total et sans faille à tes côtés a même irrité HOUPHOUET-BOIGNY. Sa présence tout comme d'ailleurs celle d'autres maîtres comme KOTCHY Barthélemy et feu OUPOH Oupoh , a donné une certaine dimension graduelle à ton parti face au PDCI. Après la victoire en 2000, au lieu de soutenir la candidature de MEMEL FOTE, notre MANDELA national, à la présidence de l'Assemblée nationale pour renforcer l'appareil d'Etat, tu vas chercher KOULIBALY Mamadou , « un autre »qui dit-on ,t'aurait été conseillé par SIMONE, ta chérie, pour l'imposer à ce poste, au nom du clanisme. Quant à KOTCHY, il est tout simplement écarté. Par ailleurs ,dans ta logique népotiste ,tu as fait la promotion d'un certain DONA FOLOGO comme président du Conseil économique et social alors que tu avais beaucoup de militants de valeur et de conviction à ta disposition .Sans oublier les appels à candidature à des secteurs de souveraineté comme le Trésor Public ,les Douanes et les impôts. Quelle erreur historique, selon moi .Parce que les plus grands scandales financiers se sont produits dans tous ces secteurs à ta solde. Aussi reconnais-je que gérer le pouvoir en 2000, était oeuvre difficile surtout, après les attaques de la rébellion. Je n'inscris pas le problème de la rébellion au centre de l'objet de ma lettre. Cependant je peux souligner tout le soutien du peuple dans la résolution de cette crise. De MARCOUSSIS à OUAGADOUGOU. Tu étais au départ et à l'arrivée. Tu as toujours convaincu les Ivoiriens de te suivre .Ce que nous avons fait depuis MARCOUSSIS jusqu'à OUAGA, avec SORO .Tu es le seul à pouvoir faire un témoignage sur ce problème. Au demeurant,tu pouvais créer une véritable plate forme autour des forces de gauche et de la société civile pour contourner toutes les injonctions internes et externes .Mais loin de là. Tu aurais pu même solliciter les services du professeur WODIE par exemple. Ce dernier est aujourd'hui président du Conseil constitutionnel nommé par le Président OUATTARA, nouveau locataire du palais. Le Président OUATTARA a eu raison en le nommant. Par cette nomination ,il a fait une relecture Maoïste. Quant à toi, tu as fait entièrement confiance à ton ami Pablo, l'homme aux bretelles. On ne fait pas confiance à quelqu'un qui porte des bretelles. Il a investi dans l'histoire de la Côte d’Ivoire et de l'Afrique deux Présidents de la République pour une même élection. Le premier, c'est toi ;le deuxième ,c'est OUATTARA le candidat véritablement élu de l'élection de novembre 2010. Enfin, autre manquement dans la construction de l'appareil d'Etat est la priorité accordée au débauchage politique et tribal .Mais tu as omis ,ici ,d'introduire dans le modèle une variable qualitative approximative dans la conduite des affaires du pays. Il s'agit de l'opportunisme des personnes débauchées par opposition à la pratique de la conviction. Dans ce contexte, tu as fait la promotion politique, matérielle et financière de certains militants du PDCI et du RDR qui malheureusement continuent d'émarger aujourd'hui sur les listes du nouveau pouvoir RHDP. Tu avais pensé que ces individus instrumentalisés allaient servir de bras séculiers pour déstabiliser leurs partis politiques respectifs et partant, créer définitivement les bases totales de ton pouvoir. Mais les résultats de l'élection présidentielle ont porté un démenti cinglant à cette stratégie. Tu connais la suite.

 

b/Au plan économique

 

La refondation constituait une base théorique de réflexion pour orienter une autre politique de développement en Côte d’Ivoire et en Afrique. Ce qui t'avait valu beaucoup de sympathie face aux injures, humiliations et poches de pauvreté. Pour la première fois , tu as défini un plan macroéconomique, microéconomique et méso économique en rupture avec les pratiques du passé .En 2000, les Ivoiriens dans leur grande majorité, toutes tribus confondues ,ont dit « OUI » à ton programme. Mais après la victoire, qu'as-tu fait dans la mise en application de ce programme. Tout sauf l'essentiel. S'agissant de la refondation macroéconomique, il s'agissait de faire une relecture de la politique libérale keynésienne dans un contexte d'économie sociale de marché. Le but recherché est la réalisation d'équipements nationaux à savoir, les routes, les ponts, les barrages, les télécommunications et autres infrastructures à caractère social. Des économistes renommés comme BARRO soutiennent que le développement des infrastructures est source de croissance endogène. La mise en application de ta politique, avec AFFI N'guessan, premier ministre de 2000 à 2002 a été chaotique. Les facteurs de corruption et de mauvaise gouvernance ont pris le pas sur l'essentiel de ta politique. Au lieu de refonder macroéconomiquement, ce sont les pratiques de 10% du marché, de vol et d'enrichissement personnel, sans oublier évidemment tout le cortège de délation, d'arrogance, d'insolence et d'humiliation servi aux ivoiriens. S'agissant de la refondation microéconomique, il était question de contribuer à l'émergence de l'ivoirien nouveau, entreprenant et créateur d'emplois. Ceci en rapport avec la participation du capital privé étranger, surtout d'origine occidentale. En vérité cette politique n'était pas nouvelle .Le PDCI en est le précurseur .Ce parti a ,le premier, jeté les bases de l'«ivoirisation» des cadres et des entreprises par l'acquisition progressive du capital étranger par les nationaux. Avec la refondation, tu avais proposé d'aller plus loin. Souvent, tu donnais l'impression de t'opposer au capital étranger. Mais tu n'étais animé d'une volonté politique pour susciter les conditions objectives et subjectives de l'affirmation du capital national dans le secteur privé. On veut copier les chinois, on oublie que MAO a d'abord construit l'appareil d'Etat chinois dans toutes ses composantes pour servir de levier à l'infrastructure nationale. C'est l'écho de la Révolution Culturelle. Bien au contraire, chez nous ,on tue l'initiative privée. Tous les secteurs privés initiés et/ou tenus par les Ivoiriens, croulent sous le poids d'une dette intérieure astronomique qui met en faillite beaucoup d'entreprises nationales, malgré les appels incessants des promoteurs. S'agissant de la refondation mésoéconomique, tu avais proposé une révolution totale aux Ivoiriens dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'habitat ,du transport et autres branches socio-économiques. Pour rappel, le PDCI avait déjà fait l'essentiel de HOUPHOUET à BEDIE. Tu voulais aller au-delà , belle initiative !A ce niveau, tu as fait confiance à ton clan restreint confiné dans des comportements de mensonges et de tromperies. Un très grand projet comme l'AMU (Assurance maladie universelle) est confiée à une personne de niveau non qualifiée et non qualifiante. Echec total. Quant à l'école gratuite, rien de nouveau .De AMANI N'GUESSAN à BLEU LAINE, en passant par KOFFI KOFFI Lazare, c'est la catastrophe dans le secteur éducation et formation. En considérant à titre illustratif l'enseignement privé représentant plus de 60% du système éducationnel dans notre pays, l'on note avec surprise l'accumulation récurrente des arriérés et passifs exorbitants , d'un montant global de 145,8 milliards de francs CFA ,de 2001 à 2010 .Ce qui est étonnant et inconcevable pour une politique de refondation à coloration socialiste. Quant au secteur public de l'éducation, c'est la décadence. Manque d'infrastructures, recrutements parallèles massifs occasionnant des effectifs pléthoriques d'au moins 100 apprenants par classe .Ce sont toujours les mêmes qui s'enrichissent par la corruption et l'injustice. Tu savais tout, tu ne disais rien. Bien au contraire, tu suivais AMANI N'GUESSAN qui ,selon ton entourage, te disait que les fondateurs d'établissements privés d'enseignement étaient des opposants à ton pouvoir. Alors ,en payant les frais d'écolage qui leur sont dus, c'était une façon d'amener ces derniers à financer la rébellion et l'opposition RHDP. Ceci relève tout simplement de la méchanceté et du satanisme.

 

c/ Au plan social

 

Avec la refondation ,tu avais proposé aux ivoiriens une politique sociale concentrée autour du combat contre certains maux de la société à savoir, la pauvreté, l'injustice sociale, l'arbitraire et la prostitution. Tu avais proposé aux paysans de te donner le pouvoir pour qu'en retour tu le leur remettes. Ce qui fut fait .Mais au lieu de respecter tes engagements en les protégeant contre les dealers, tu as contribué fondamentalement à leur appauvrissement. Aussi ,voudrais-je souligner le cas des enseignants et du corps médical, vecteurs de création du capital humain considéré à juste titre comme source de croissance endogène. Malgré les revendications légitimes de ces grandes forces productives nationales en faveur de la revalorisation de leurs salaires, tu n'as traduit que mépris et déconsidération. Même tes collègues de l'université, considérée comme berceau historique de l'opposition ivoirienne, n'ont pas non plus été épargnés. Dans ces conditions, cher frère, avec qui comptais-tu gagner les élections ? En t'opposant aux intérêts vitaux des enseignants, des paysans, et du corps médical ta défaite était scellée. Tu as fait preuve d'amateurisme. Tu connais la suite.

 

II/ Ta Chute

 

Tu connaissais l'existence de tous les problèmes précités. Ton clan et toi aviez sous-estimé l'esprit de jugement des Ivoiriens. Tu n'as pas non plus su apprécier leur maturité et capacité de discernement. Tu n'as pas tiré les leçons de 2000, année de ta victoire et encore moins celles de 2002 ,l'année de la rébellion. Ton orgueil a perturbé ton esprit de jugement et d'élévation.

 

 

1/Les raisons de ta chute

Dans la foulée, voici quelques raisons qui, selon moi, ont contribué à ta chute.

 

a/Les nouvelles alliances

 

Ton impuissance face aux contestations grandissantes des Ivoiriens d'une part ,et ton incapacité à gérer les agressions de la rébellion de 2002 d'autre part ,t'ont poussé à nouer de nouvelles alliances différentes et en rupture fondamentale avec celles qui t'ont conduit au pouvoir en 2000 .N'accordant plus de crédit aux militants de ton propre parti du fait de leur impopularité, tu as créé une nouvelle classe d'Ivoiriens pompeusement baptisée «patriotes».

Pour la première fois dans l'histoire de la Côte d’Ivoire, des individus vendeurs d'illusions se sont enrichis et embourgeoisés sans travailler. Ils ont accumulé des biens immobiliers. Sans oublier l'exploitation de stations services. Or dans notre société, c'est le travail qui paie. Depuis l'époque médiévale, St THOMAS D'AQUIN enseignait les vertus du travail. Selon ce philosophe, c'est le travail qui anoblit ; c'est-à-dire le travail rend noble. «Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front» disent les écritures saintes. Plus tard ,MARX va accorder le primat au travail de l'homme dans le processus de création des richesses. Ainsi, selon lui, c'est par le travail que l'homme se transforme et transforme le monde. Tu es socialiste, je ne t'apprends rien à ce sujet. Tes «patriotes» n'ont pas transformé la Côte d’Ivoire positivement. Cependant, toi, ils t'ont déformé. Au nom du « patriotisme », ils ont cultivé le mensonge, la délation et le culte de la médiocrité. Le cas BLE GOUDE est riche d'enseignements. Tu lui as donné des pouvoirs exorbitants, de sorte qu'il se substituait à l'exercice du pouvoir d'Etat légal et légitime. Il serait le convoyeur des sacs d'argent qu'il s'approprie sans vergogne. Il serait au GHANA .Il a fui. Ce qui est inacceptable chez cet individu, c'est sa propension au mensonge. Par exemple, le cas de la licence d'anglais qu'il a obtenue frauduleusement avec la complicité d'un enseignant du supérieur, d'ailleurs sanctionné. Le Professeur SERY BAILLY le sait .Toi aussi, tu le sais. A BLE GOUDE, se sont greffés d'autres opportunistes notoires se réclamant d'une majorité dite présidentielle(LMP), sans base politique réelle. Ces derniers ont également profité des sacs d'argent venant du palais présidentiel et ce, aux dépens du contribuable ivoirien. Tu croyais inconditionnellement en ces gens là à tel point que tu as traité tes adversaires politiques de «mais».Tu connais la suite.

 

b/Ton opposition à la France

 

Incapable de gérer tes propres contradictions (principales et secondaires), tu as inventé un nouvel ennemi, la France, considérée comme une puissance colonialiste. Or ,depuis l'époque coloniale à celle des indépendances, c'est toujours la même France dans sa diversité politique et culturelle. Le problème de la France n'est pas une donnée nouvelle. Quand elle nous arrange, c'est bien. Tu disais même que tu dormais bien depuis l'arrivée de SARKOZY au pouvoir. Quand elle ne nous arrange pas, la France devient l'ennemi public des Ivoiriens. Depuis 1960, HOUPHOUET connaissait le contexte politique de nos relations avec la France .C'est dans ce cadre qu'il a cherché à bâtir la Côte d’Ivoire moderne. Certes, des voix s'étaient élevées pour dénoncer les visés impérialistes de la France. A ce niveau, je suis en phase avec toi. Cependant, les choses ont évolué car le combat n'est pas seulement anti colonialiste, mais également à l'intérieur de nos propres pays africains contre les forces rétrogrades et sous-développantes. Une chose est de lutter contre les intérêts de la France, et une autre est, pour certains dirigeants africains comme les refondateurs, d'alimenter les comptes des banques françaises et étrangères par les transferts de devises. Toute la différence est à ce niveau. D'ailleurs, tu oublies vite le rôle joué par la France pour limiter les souffrances des Ivoiriens face à l'imposture de 2000. C'était en ta faveur. Alors pourquoi continuer à t'attaquer à cette même France. Pourquoi ? C'était une erreur grave et inutile. Par le passé, j'avais essayé de te rencontrer pour échanger sur la coopération franco-ivoirienne . Ce fut une vaine tentative. Je voulais, tout simplement, faire une contribution afin de t'apporter un éclairage théorique complémentaire sur les fondements de l'émergence du capitalisme mondial, comme système dominant. Le mode de production capitaliste annoncé par MARX et qualifié aujourd'hui de libéralisme économique, définit et contrôle tous les rapports mondiaux aux plans idéologique, politique, économique et social. C'est dans ce cadre qu'il faut inscrire les rapports entre la France et la Côte d’Ivoire.

Bédié avait tenté de s'écarter du Président HOUPHOUET. Il est tombé en 1999. GUEI en sa qualité de général, s'orgueillait du soutien de ses pairs généraux et de l'armée. Il est tombé également en 2000.Tu narguais toute la communauté internationale, fort du soutien de tes « patriotes alimentaires » . Tu es tombé à ton tour le 11 avril . A mon avis, tu aurais dû écouter les conseils de BEDIE et quitter le pouvoir après les élections. BEDIE maîtrise bien la contradiction nationale et internationale. S'alliant à son adversaire d'hier, il a su opérer un retour tactique à HOUPHOUET avec OUATTARA en gérant le RHDP, grande force politique qui t'a mis hors d'état de nuire. C'est dans cette voie que le Président OUATTARA s'inscrit ouvertement et clairement en faisant l'apologie du libéralisme international. Enfin s'agissant toujours de la France, tu n'a pas su distinguer le peuple français , l'Etat français et les forces politiques et syndicales dont le parti socialiste. Tu as fait à nouveau une erreur stratégique. SARKOZY n'est pas le peuple français. SARKOZY n'est pas le parti socialiste. SARKOZY est lui-même victime de la dynamique des contradictions au sein de la droite. Donc ,tu aurais pu tactiquement t'allier à d'autres forces en France en guise de soutien à ta politique. Même tes amis socialistes ont fini par te traiter de « personnage indésirable », selon HOLLANDE.C'est donc curieux de constater les injures lancées aux peuples français et à son Président alors que, par ailleurs ,tu donnes les contrats du port d'Abidjan à BOLLORE ,un autre géant français .Selon ton expression « gagnant-gagnant ».Tu es un personnage imprévisible et versatile .C'est dangereux en politique. SARTRE établit une relation dialectique entre le Tout et les Parties. Le Tout se définit à travers les Parties qui également constituent le Tout. Le capitalisme mondial est un tout et la France n'est qu'une partie de ce tout. S'attaquer alors à la France, revient à déranger la communauté internationale sous le regard vigilant du parrain, les USA. Le patriotisme alimentaire t'a aveuglé. Tu connais la suite.

 

3/ Le rôle de SIMONE, ton épouse

 

Le problème de ton épouse est exclusivement le tien. C'est une question privée relevant du contrat signé par vous deux librement et par consentement. C'est ce que j'appelle « chérie je t'aime » .Tu aimes SIMONE. SIMONE t'aime . C'est normal. Il s'agit de votre vie privée, sentimentale. Toutes les Ivoiriennes et tous les Ivoiriens sont confrontés à ce problème naturel. Personne n'y échappe. Actuellement, je suis moi- même confronté à mes propres contradictions sentimentales que je n'arrive pas à dépasser, c'est-à-dire à régler. Je continue à subir toujours ces épreuves comme chacun d'entre nous sur cette terre des hommes perturbée par SATAN. En le disant je ne fuis pas mes responsabilités comme l'homme aux bretelles qui a investi deux présidents. Mais là où le problème de l'épouse devient un problème majeur, c'est lorsque cette dernière est au centre de nos préoccupations extraconjugales. C'est le cas de ta chérie SIMONE, devenue première dame en 2000 et actuellement domiciliée à ODIENNE .Député de son état, elle fut aussi présidente du groupe parlementaire FPI à l'assemblée nationale. Selon les Ivoiriens, il paraît que tu es actuellement fâché avec elle. C'est la raison pour laquelle vous n'habitez pas ensemble à KORHOGO. D'autres Ivoiriens nous ont dit que tu nous conseilles par ailleurs de faire un choix judicieux au niveau du mariage. C'est vrai, mais ce n'est pas ton problème parce qu'en la matière, tu n'es pas un modèle. Moi non plus. J'en souffre actuellement. Là n'est pas la problématique. Revenons à SIMONE .Lorsque certaines personnes t'avaient fait remarquer que l'intrusion constante de ton épouse et son implication effective et politique dans la gestion quotidienne dans les affaires de la Côte d'Ivoire est contraire aux principes démocratiques, tu avais rétorqué et je me rappelle cela, que c'était normal parce que c'est dans la lutte que tu as rencontré ta dulcinée. Donc, c'est ton âme soeur .Ce qui est normal .C'est DIEU qui vous a unis. A ce niveau, nous sommes en phase avec toi. Tant que c'est SIMONE et LAURENT, « chérie, je t'aime », pas de problème. Cependant cher frère, le problème fondamental est ici Laurent, Président des Ivoiriens, donc au-dessus de toutes les contradictions conjugales. En tant que Président, tu jouissais, d'un statut particulier différent de ta simple relation avec SIMONE. Ton erreur est que tu n'as pas su dissocier les problèmes de « chérie, je t'aime » du problème quotidien des Ivoiriens « GBAGBO, aide -nous ».Tu fus certes un grand chef de l'opposition , je t'ai suivi en tant que militant soldat pour l'accession au pouvoir en 2000 .Mais quelle fut la surprise de tes compagnons ! Tu as changé de cap .Ton attitude a changé. C'est encore SIMONE qu'on accuse, mais c'est toi qui assumes. Au niveau des nominations, c'est « chérie je t'aime » qui avait le dernier mot. Simone ne serait pas étrangère à la nomination d'AFFI N' guessan au poste de premier ministre en 2000 .De même, elle aurait préféré KOULIBALY Mamadou à MEME FOTE à la présidence de l'assemblée nationale. Quant à la nomination de l'autre renégat, transfuge du PDCI, DONA FOLOGO, elle aurait également pesé de tout son poids pour l'imposer à la présidence du conseil économique et social J e ne parle même pas de la grande surprise de 2000, après la victoire. La nomination de N'ZI Paul David comme Directeur de cabinet à la présidence de la république. Pourtant ce dernier considéré comme un partisan farouche de BEDIE, avait annoncé son départ de l'administration si par extraordinaire, tu étais élu président de la république. Attitude grave. Humiliation insupportable. Le même N'ZI est promu Directeur de ton cabinet après la victoire .Je dirai notre victoire parce que sans nous tu n'aurais pas été élu Président. Tu as eu tort. Il paraît que là encore ta chérie Simone aurait donné son accord pour le poulain de BEDIE. Maintenant, il ne reste qu'à celui-ci de reprendre la route de DAOUKRO (village natal du président BEDIE) pour demander pardon à son parrain. Peut-être qu'il s'apprête à y aller .Je ne le sais pas .Mais comme tout le monde y va ,y compris tes propres gars , N'ZI pourrait être en route.

 

Ton épouse Simone, domiciliée à ODIENNE avait une position dominante dans le choix des personnes pour la formation de tes différents gouvernements. Or, c'est toi seul que nous connaissons parce que nous t'avons élu. Ce n'est pas Simone l'élue. Simone est ta chérie, c'est tout .Les propositions de nomination ne tenaient plus à des critères objectifs et subjectifs de militantisme et de la qualité intrinsèque des candidats. Ce que HOUPHOUET et BEDIE avaient évité, Simone et toi l'aviez fait en faisant la promotion des membres directs de votre famille. Madame a fait nommer sa parente directe, en l'occurrence ADJOBI, ministre chargée du SIDA . Monsieur a fait de KOUDOU Jeannette, sa petite soeur ,D.G. de l'AGEFOP ,un secteur d'activité hautement technique. Elle ,je n'ai aucune idée de sa formation, mais il paraît qu'elle a fait une formation en psychologie. Tout simplement, ceci relève de la gestion néo patrimoniale du pouvoir d'Etat. Sans oublier les nominations de certains D.G., PCA, Directeurs centraux, c'est toujours Simone. De plus, elle aurait contribué à faire écarter certains cadres du FPI dans la conduite des activités du parti. Elle fait, défait et refait à sa guise. Ce qui lui a valu d'être au centre de toutes les contradictions internes et externes au FPI. Tous les militants qui avaient manifesté une indépendance relative de réflexion et de jugement sont automatiquement taxés d'opposants à la solde du PDCI et du RDR. Pourtant certains cadres de ces partis étaient cooptés et promus à des postes de haute responsabilité .Simone a fait la promotion de coquins et coquines à ses ordres malgré leurs limitations objectives et leur moralité douteuse. En outre , les sorties hasardeuses de ta chérie Simone à la télévision, aux meetings et autres agoras, sans omettre ses prestations démoniaques dans certains édifices religieux, témoignent de sa présence constante et encombrante dans l'appareil de l'Etat. Ce qui t'aurait dépersonnalisé en tant que chef d'Etat .Ta gestion va t'en guerre de la crise post électorale a édifié le peuple ivoirien sur ton comportement faible devant elle et ton incapacité à décider de ta survie. C'est pourquoi ,tu es domicilié aujourd'hui à KORHOGO.

 

Cher frère , excuse -moi, toujours s'agissant de Simone, je voudrais revenir sur le cas de ton frère DACOURY TABLEY Louis André, le grand frère même père et même mère de l'autre, ex BCEAO, que tu connais très bien. Je vais volontairement omettre certains aspects de tes rapports avec DACOURY. Je ne suis pas autorisé à le faire. Mais je m'en tiens aux aspects essentiellement politiques. Comme toi d'ailleurs, c'est mon frère OURAGA Jacques qui m'a présenté à DACOURY. Au passage, je voudrais dire un petit mot d'OURAGA, personne ressource de la haute finance et de la dette publique. En tant que Directeur des études à la CAA, il a participé à toutes les négociations sur la gestion de la dette publique sur les grandes places financières internationales, (FMI, banque mondiale ) aux côtés de N'GOLO et GBAYORO Richard. Voici un autre oublié. Homme intègre, il est resté égal à lui-même occupant un poste de chef de cabinet chez ton ancien ministre d'Etat BOUABRE que je salue au passage. Ce dernier est très intelligent .Il fut parmi mes meilleurs étudiants au même titre que KOULIBALY Mamadou ;KOUASSI Oussou .Mon frère OURAGA, malgré ses grandes qualités de financier ,il n'a jamais été nommé à une fonction digne sa qualité .Mais GBAGBO, comment peux-tu laisser de telles valeurs à la touche comme moi. Oui comme moi. C'est toujours Simone.

 

Revenons à DACOURY . Inutile de te rappeler ce qu'il a fait pour toi. Sa présence à tes côtés dérangeait HOUPHOUET et le PDCI.C'est lui qui portait les sacs de graviers et encaissait les coups à ta place. Tu as même dit que c'est DACOURY qui avait pris l'initiative d'organiser le boycott actif en 1995. Il était ton complice, ton chef de protocole et ton garde du corps rapproché dans les moments de haute insécurité. Tout le monde sait qui est ce frère, avec son caractère aimé et mal aimé. Mais il était un fidèle et un inconditionnel .Il fut écarté et humilié .Simone ne serait pas étrangère à son limogeage.

Tu arrives au pouvoir et tu écartes tes amis historiques. Mais avec qui tu voulais gérer le pays. Je ne parle pas des alimentaires, et autres scorpions et sangsues. Je parle des gens de conviction. Ainsi, DACOURY se retrouve à BOUAKE avec SORO, l'autre grand activiste et militant dans la lutte pour l'accession au pouvoir suprême. Membre du gouvernement SORO en qualité de Ministre des victimes de guerre, il fut écarté et limogé après un remaniement ministériel. Tu l'assommes une fois encore avec la complicité de son allié historique. Il paraît que Simone ne serait pas innocente à cette sale besogne. Elle en voulait terriblement à DACOURY. Moi, je le sais. Mais mon frère, une fois encore ,tu as fait preuve de faiblesse notoire dans ton jugement. Ton jugement fut perturbé par ton caractère rancunier aidé en cela par ta chérie bien aimée.

 

2/ Les enseignements de ta chute

 

En 2000, le dispositif sécuritaire et sûr pour ta victoire à l'élection présidentielle était fondé sur les tenants et aboutissants de ton parti , Le FPI. Ce dispositif avait bénéficié du soutien massif des militants et sympathisants des autres partis politiques et des membres de la société civile. En 2010, les données en présence n'étaient plus les mêmes ,car elles ont changé selon ta volonté. La grande majorité des forces nationales qui avaient contribué à ton succès en 2000 fut écartée au profit de personnes qui ne savaient même pas d'où tu viens et où tu vas. Ces gens-là ne regardaient pas dans la même direction que toi. C'est pourquoi, tu as été battu. Quels enseignements tirer de ta chute ?

 

a/ La gratitude en politique

 

Certains militants historiques, de 1990 à 2000, n'ont pas été responsabilisés pour les élections de 2010 .Bien au contraire ,tu as rejeté ces derniers au profit de « la majorité présidentielle »(L MP) et de la « galaxie patriotique ».En décidant d'axer ta réélection sur ces nouvelles structures, tu as volontairement choisi de biaiser les activités du FPI ,ton parti d'origine . Même ton Directeur national de campagne AFFI N'guessan fut mis à l'arrière plan pour le compte de ton Directeur de cabinet adjoint, COULIBALY. Ce sont les mêmes reflexes tribaux qui guident la conduite de ta politique. Je fais aussi allusion à certains cadres BAOULE (ethnie du président BEDIE) promus D.G et PCA sensés s'opposés au PDCI et à BEDIE. Toujours contre les intérêts des militants du FPI .C'est toi seul qui portes la responsabilité de ta défaite.

 

Cher frère, ta défaite a créé un séisme au sein de ton parti. KOULIBALY Mamadou a démissionné. Il a même créé son parti politique. Il s'est convaincu de ce que tu ne reviendras plus jamais au pouvoir. Il est parti avec certains militants acquis à sa cause dont BRISSI, député GAGNOA sous - préfecture .Quant à MIAKA, il continue de se chercher. Il fait le tour des organes de presse pour proclamer ta défaite. Selon lui tu n'es plus la priorité au FPI .Il ya aussi l'autre serviteur du palais, l'ex porte parole et ton homme de « confiance ». Lui aussi, il est parti. Il a même créé son parti politique.

J'oubliais ton ami Pablo , ex conseil constitutionnel. Il a investi récemment ton adversaire. Il a accusé Satan. Ce qui importe c'est qu'il a dit la vérité aux ivoiriens sur les circonstances de ta défaite .Il paraît que le CARDINAL AGRE est au courant. J'évite de parler de tes autres compagnons qui rampent actuellement dans les couloirs du palais pour demander pardon à BEDIE et au nouveau Président OUATTRA. Le grand enseignement de ta défaite est que ceux que tu considérais comme des amis et frères de première ligne t'ont abandonné et te désavouent publiquement. C'est ça la vie. Il ne faut jamais abandonner tes amis historiques qui t'ont épaulé dans les moments difficiles et t'ont conduit au palais. Les autres t'en ont sorti ,et ton parti chancelle .Le nouveau Président OUATTARA a compris la leçon et a commencé à tirer les conséquences de ta chute.

 

b/ La solidarité dans la défaite

 

Au sein de LMP en général, et au FPI en particulier, ceux qui te dissuadaient de ne pas respecter le verdict des urnes, et partant, de refuser la victoire de ton adversaire, ont fui le pays. Il t'ont abandonné, tu es seul. Nombreux sont ceux qui sont au GHANA avec l'argent des Ivoiriens, leur sueur et leur sang. Sans oublier encore ton ami Pablo, ex-Conseil Constitutionnel, en compagnie de son épouse, ex-DGA des douanes ivoiriennes. Ceux sont toujours les mêmes qui mangent et qui boivent. Quelle injustice ! On a aussi signalé la présence de GOSSIO ,ex D.G. du port autonome d'Abidjan , au GHANA .Tout récemment ,la presse nationale à informé le pays de ce que ton ex DG gagnaient 29 000 000 F CFA !par mois. Tout ça, pour un seul individu. Pourtant au même moment, tu avais refusé la revalorisation des salaires des enseignants, des médecins et des autres corporations professionnelles .Tous tes amis sont partis. Avec courage, nous continuions de souffrir et de quémander. Je t'informe que ton frère OTROU a perdu sa voiture du fait de la guerre .Même son champ de maïs, l'hotel KOLEA est occupé par la guerre. Je souffre avec mes enfants. Je n'ai plus rien. Pendant ce temps, tes gars se pavanent au GHANA avec le Trésor Public. Il paraît que ton ex-DG du trésor DJEDJE Mama y serait aussi. Selon les différentes radios populaires, elle aurait oublié dans sa fuite, un coffre-fort à son domicile, contenant 100 000 000 FCFA. Pourtant elle chantait à longueur de journée qu'il n'y avait pas d'argent pour régler les factures des fournisseurs et les frais de scolarité des fondateurs d'établissement privés d'enseignement. Avant les élections en 1995, tu avais déclaré « qu'un homme naît un jour, meurt un jour ». Ta déclaration avait renforcé ma détermination et mon engagement au FPI .Il y avait aussi d'autres militants convaincus. Mais, tu nous a abandonnés après la victoire. Que se passe-t-il aujourd'hui après ta défaite ? Dans tes difficultés et épreuves, tes amis de gloire t'abandonnent et t'humilient. Seul, un seul a décidé de mourir un jour. C'est TAGRO. Son engagement et sa conviction à tes côtés lui ont coûté la vie. Il est né un jour et est mort un jour. Mais, un jour historique ; c'est un symbole. Il est entré dans l'histoire. Il a préféré mourir que d'aller se refugier au GHANA comme Pablo. C'est la solidarité . Et moi j'aurais fait comme TAGRO. Aller jusqu'au bout avec toi. Le nouveau pouvoir avec le Dr OUATTARA a déjà tiré les enseignements appropriés.

 

c/ La Côte d’Ivoire ne veut plus d'une autre guerre

 

Après ta chute , les Ivoiriens ont découvert des tonnes d'armes lourdes de guerre stockées au Palais et dans certains lieux stratégiques de la capitale politique. Sur recommandation de tes gars ,tu as fait l'option d'acheter ses armes pour tenter de te maintenir au pouvoir. On a avancé 1000 milliards de francs CFA d'achats d'armes dont 200 milliards FCFA fictifs, détournés par les intermédiaires et autres scorpions de ton entourage. La spéculation fut grande et impitoyable sur le marché de l'armement clandestin. La Côte d’Ivoire a perdu beaucoup d'argent. Evidemment au profit de tes refondateurs. L'histoire d'un, est éloquente et significative de l'importance du trafic. Ce refondateur aurait gardé par devers lui, une partie des fonds décaissés et aurait sollicité les services d'un autre charognard, un intermédiaire étranger pour loger cet argent dans une banque étrangère. Ce qui fut fait, mais au nom de cet intermédiaire domicilié a Abidjan. Sentant venir ta fin, notre refondateur se serait enfui du pays en vue de récupérer l'argent volé. Grande fut sa surprise, lorsqu'il découvre que les milliards en question se sont volatilisés au profit de l'intermédiaire. Ce dernier a quitté définitivement la Côte d'Ivoire. Beaucoup de gens comme lui, se sont enrichis facilement grâce à toi et au détriment du peuple ivoirien. Sans oublier KADET, autre « fidèle disparu». Tous ces milliards, fruit du travail des Ivoiriens, auraient pu servir à financer les grands projets de croissance dans le pays. Tu aurais pu te servir d'une autre partie pour créer des conditions objectives d'un renouveau environnemental à GAGNOA et environs. Désormais, à la place des guerres et des conflits d'intérêt, la Côte d’Ivoire exige des écoles, des hôpitaux, de la nourriture, des équipements lourds, des routes et des ponts, des médicaments. Mais surtout, la Côte d'Ivoire exige la paix, la justice, l'équité dans la répartition rationnelle des milliards. Nous ne voulons plus de voleurs, de cambrioleurs et des trafiquants .Le nouveau pouvoir en a tiré les leçons. Le Président OUATTARA a compris et a déjà lancé une mise en garde à tous ceux qui oseraient voler l'argent des Ivoiriens.

 

d/ Le raffermissement de la foi des croyants

 

Ta chute a bouleversé le milieu chrétien et religieux. Dans EZECHIEL, le prophète est considéré comme une sentinelle. C'est le chemin par lequel se manifeste DIEU pour parler à ses enfants. Et le prophète doit traduire la volonté de DIEU .Aujourd'hui, malheureusement, dans notre pays, il ya une floraison d'hommes de DIEU qui font des prophéties à tous les carrefours. Durant la crise postélectorale et même avant cette crise, ces marchands d'illusions ont même prophétisé en annonçant ta victoire éclatante sur les forces sataniques et démoniaques représentées par les partis politiques de l'opposition. Il y a eu tellement de prophéties que cela a créé un doute chez les Ivoiriens des deux camps. « MALACHIE » est allé maladroitement annoncer ta victoire parce que tu serais l'élu de DIEU . Puisque, c'est DIEU qui t'aurait choisi, toute attaque contre toi, serait un sacrilège voire un péché. Et tu vas avoir la victoire. A la fin , c'est ta victoire éclatante que le seigneur annoncera. Même l'occupation aérienne par les hélicoptères serait vaine. Le miracle se produirait parce que l'Eternel des armées les bombarderait et la victoire finale serait la tienne. Toujours Simone était au Palais avec une bible. Ta chérie Simone et les pasteurs t'ont inondé de prières diverses afin de te rassurer sur ta victoire imminente. Evidemment, tout ce cirque était financé par l'argent des Ivoiriens. Par ailleurs, des autorités religieuses et non des moindres, se sont mêlées au ballet en te soutenant publiquement. Ainsi, les prophéties diverses et l'implication de certains hommes de DIEU, à tes côtés, ont créé les conditions de division au sein du peuple de DIEU. Ce peuple étant divisé, il va s'en dire que le degré de foi a baissé. Dans ces conditions, ce n'est plus l'évangile qui nous rassemble, mais le soutien apporté à tel ou tel camp politique. Même les sommets hiérarchiques des confessions religieuses étaient affectés par la corruption. Simone n'était pas innocente à tout ceci. Bien au contraire, elle est devenue la marraine attitrée de cette cohorte pastorale et religieuse. De telle sorte que certains de nos frères et soeurs croyaient en ta victoire définitive grâce au miracle que le seigneur devrait faire. En outre, à ce dispositif divin et spirituel, s'est greffée la pratique mystique avec son cortège de sacrifices divers, d'adoration de vaudou et de sorcellerie. Tout cela pour toi. Tu as perdu. Mais comme on peut s'en apercevoir, ta défaite peut être interprétée comme une victoire éclatante pour le peuple de DIEU, qui plus que jamais, s'est engagé désormais, à l'affermissement de la foi chrétienne, comme gage de la crainte de l'éternel. En 2000, dans ton discours d'investiture, tu avais dit que « c'est DIEU qui donne le pouvoir ». Les temps ont changé, cher frère. Tu ne crains plus le seigneur. Ressaisis-toi. Moi aussi , je suis né de nouveau en abandonnant toutes les pratiques sataniques, les adorations des eaux et la recherche effrénée de féticheurs et autres marabouts. Dans mes retraites spirituelles, j'ai appris ceci : « Jésus est le chemin, la vérité et la vie.» Médite cela ! Parce que c'est la vérité qui t'a chassé du palais. En voulant tuer la vérité, tu as perdu. La vérité a eu raison de toi. Cependant, grâce à ta défaite, les Ivoiriens encore incrédules ont commencé à adorer le Seigneur, s'éloignant ainsi des illusionnistes de tout acabit .Le nouveau pouvoir a bien pigé la leçon et les chrétiens aussi. Cher frère, je vais maintenant chercher à conclure mes propos en te souhaitant un grand courage. De toutes les façons, tu es un habitué des grandes épreuves .Il ya tellement de choses à te dire, mais prochainement. A part la pauvreté, je me porte bien. Au village, le riz est mûr. C'est le cacao qui pose problème parce que nos parents sont découragés. Mais ça va aller. J'oubliais un problème personnel. Il s'agit de l'aide sollicitée lorsque je me suis rendu à Mama te rencontrer. Je devais me rendre à Paris pour des examens médicaux et une intervention chirurgicale en urgence. Tu m'avais confié à Kadet. Ce dernier ne m'avait pas reçu, malgré mes multiples va et vient à son bureau .Sa secrétaire en est témoin. J'ignore si tu lui avais remis de l'argent pour mes soins. Comme, il ya eu beaucoup de coupeurs de route à ton Palais, c'est pourquoi, je pose le problème. ALLOU était aussi un grand coupeur de route. Il est très méchant. Pour Kadet, je ne le sais pas. Dans la vie, quand une personne t'aide, il faut lui témoigner ta gratitude. C'est pourquoi ,j'ai fait allusion à ce problème de demande d'aide .La prochaine fois, je te conseille de recevoir directement les Ivoiriennes et les Ivoiriens loin des regards des coupeurs de route. Malgré mes maigres moyens, j'ai pu effectuer mon séjour sanitaire à Paris. Le Seigneur m'a guéri. Le Seigneur m'a sauvé par l'intersection de la Vierge Marie qui t'aime aussi. Par ailleurs, tout s'est bien passé grâce à l'intervention d'un autre frère, en l'occurrence BEYERA Nicolas et son épouse. Je profite de l'occasion pour saluer toute sa famille sans oublier mon ami historique ZEZE Ambroise. Du côté français , toujours la France, je salue tout le personnel du Groupe Hospitalier St JOSEPH de Paris et du centre cardiologique d'Evecquemont. Je ne les oublierai jamais. Quant à Gilbert et Maryse CHODORGE, c'est la continuité et la fidélité depuis notre première rencontre en 1974 .Je les aime infiniment. Pour l'instant, je cherche quelques moyens financiers pour les rejoindre en vue de faire des examens médicaux. Pour terminer, cher frère, il faut demander pardon aux frères et soeurs ivoiriens pour tout ce qu'ils ont subi du fait de la guerre. Sans oublier les autres communautés vivant chez nous. Demande pardon aussi à l'Eternel des Armées. Par ailleurs, il faut donner des conseils à tes camarades exilés au GHANA de se tenir tranquilles, parce que les Ivoiriens ne veulent plus d'une autre guerre, d'un autre conflit ou d'une quelconque déstabilisation du pays. Demande enfin pardon à tes deux grands frères BEDIE et OUATTARA. Je suis sûr et certain qu'en suivant cette voie, tu pourras bénéficier un jour de la grâce présidentielle. Et tu nous retrouveras au village. Tes parents ont besoin de toi .Je salue Simone si tu la vois. Pardonne lui aussi ses fautes. Accepte qu'elle vienne à tes côtés à KORHOGO. Merci au revoir et à la prochaine.

 

Fait à Abidjan le 08 Août 2011

OTROU Ali Henri, Enseignant

chercheur à l'université de Cocody

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire