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IMMOBILISME DANS L'APPLICATION DE L'APO La sortie de crise dangereusement compromise

Le processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire est dangereusement compris depuis la passation manquée des charges entre les préfets et les commandants de zone (Com-zone), le 4 mars 2009. Les forces nouvelles qui, jusque-là, avaient montré leur détermination à faire aboutir l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) qu’ils ont signé avec le camp présidentiel, le 4 mars 2007, font entendre un autre son de cloche tout à fait différent des engagements qu’ils ont pris. Les Hommes de Guillaume Soro, notamment sur la question du désarmement et de la passation des charges entre les com-zones et les préfets, refusent de lâcher du lest et entendent marcher à leur rythme. Malgré la décision prise le 18 Mars 2009 par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo, de ‘’donner un coup de fouet’’ à l’application du quatrième accord complémentaire à l’Apo, les forces nouvelles campent sur leur position. A savoir, ne pas déposer les armes avant les élections. En conséquence, elles se dressent contre tous les actes qui tendent à les conduire vers le désarmement. Il y a quelques jours, le chef d’état major des forces armées des forces nouvelles (Fafn), le général Soumaïla Bakayoko opposait un refus catégorique à la proposition du général Philippe Mangou, de redéployer les forces de défense et de sécurité de Côte d’Ivoire (Fds-ci) dans les zones sous contrôle des Fn. Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire ‘’Jeune Afrique’’ paru le lundi 6 Avril 2009, le com-zone des Fn à Bouna, Ouattara Morou levait un coin de voile sur la position de l’ex-rébellion par rapport aux questions délicates de l’application du quatrième accord complémentaire. ‘’...Nous allons également remettre les clés de nos zones aux préfets, mais pas à n’importe quel prix. Le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro souhaite passer en force. Pourquoi veut-il nous brusquer ? Il faut que les choses se passent en douceur’’ a indiqué le chef de guerre. Qui a été très clair par la suite : ‘’Quant au désarmement définitif, il sera réalisé par le président de la République issu de la prochaine élection. C’est lui qui indiquera la marche à suivre’’. Cette dernière position n’est pas celle du camp présidentiel qui continue de soutenir qu’il faut désarmer avant les élections. ‘’Il est bien difficile d’arracher les armes aux Fafn qui continuent à prélever des impôts à leur seul profit...Il faut que les Fafn renoncent à leurs avantages. Ces quelques personnes n’ont pas compris qu’elles compromettent l’avenir de millions d’Ivoiriens’’ a indiqué récemment à Bruxelles en marge de la 3éme conférence du forum progressiste mondial, le président du Front populaire ivoirien (Fpi, parti présidentiel), Pascal Affi N’guessan. Toutes ces différentes prises de position qui plongent l’application de l’Apo dans un immobilisme déconcertant, compromettent dangereusement la sortie de crise en Côte d’Ivoire. Les velléités guerrières semblent resurgir de part et d’autre. De sorte que l’on se demande si l’apparente entente entre le chef de l’Etat Laurent Gbagbo et son premier ministre Guillaume Soro (Secrétaire général des Fn) ne cache pas un réel malaise. Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, Facilitateur du dialogue direct interivoirien semble impuissant désormais face au laxisme des signataires de l’Apo qui donnent l’impression de n’avoir pas totalement évacué les sentiments de méfiance et de prudence l’un vis-à-vis de l’autre.

BAMBA Idrissa (Soir Info)

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