Extraits de : DEVOIR DE MENSONGES

 

Extraits de " DEVOIR DE MENSONGES " -  Faustin TOHA - Editions NEI-CEDA

Avertissement : Les extraits de l'ouvrage sont en caractère simple, les noms de chapitre en gras simple, les thèmes (rajoutés sur ce document de synthèse par rapport au texte original) en italique gras.

Avertissement

p. 15 " La crise à l'ivoirienne permettra-t-elle le renouvellement de sa classe politique avec la ferme volonté de la nouvelle génération de repenser les questions essentielles de réduction de la pauvreté et surtout de sortir du grand chantier des falsifications des faits ? Faire le tri s'impose, au risque de voir le pays perdre sa respectabilité en dépit de tout auprès de ses voisins naguère à son service. Les relations avec la France, l'ancienne puissance coloniale, resteront, si les autorités françaises n'y prennent garde, de très vieux souvenirs. "

L'ivoirité

p. 14 " En légitimant la prise des armes par le refus de la préférence nationale prônée par Bédié, connue sous le nom de l' "ivoirité" et tolérée par Laurent Gbagbo, la rébellion du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI) de Guillaume Soro, montrait les limites de son argumentation. "

Réveil brutal p. 24 à 41

A propos de l'attaque rebelle du 19 septembre 2002

p. 28 " Les attaques planifiées du 19 septembre 2002 en effet, trouvent leur origine dans le manque d'harmonisation au niveau des informations traitées par les différents services secrets, au sein du régime Gbagbo, mais révèlent aussi la grande négligence entretenue à tous les niveaux ".

Général Doué

p. 35 " Le régime Gbagbo a manqué de fermeté après avoir nommé le général Doué à la tête de l'armée ivoirienne. " ; p. 41 " le général Doué est apparu aux yeux de ceux qui lui vouaient un " soutien indéfectible " comme un militaire " amorphe et de mèche avec " la France chiraquienne ".

Le ballon ovale p. 42 à 54

L'accord de Linas-Marcoussis

" Linas-Marcoussis a dangereusement encouragé l'irrédentisme dans un contexte fictif de Nord-Sud. Les partisans de l'Accord politique seraient les populations du Nord, opposées à celles du Sud, ces dernières liées à la Constitution. Une stratégie malsaine de division qui trouve son origine dans le concept français de résolution des crises en Afrique. "

Vrais faux clans (p. 64)

La rébellion

p. 66  " Une affaire de gros sous qui reposerait pour l'essentiel, sur le trafic de coton dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Désoeuvrés, mal payés et assurés de l'impunité, les rebelles se laissent un peu trop volontiers tenter par l'argent facile et les trafics en tout genre. Certains sont presque devenus des bandits de grand chemin  "

Exécutions extrajudiciaires (p. 78)

" Le rayonnement des soldats français de l'opération Licorne est-il intact après plusieurs années de présence sur le sol ivoirien ? Les avis, bien que partagés, ne cachent pas une certaine unanimité sur la propension des soldats français à faire du tourisme de guerre, la raison évidente de leur présence en Côte d'Ivoire. "

" Leur implication dans les cambriolages des banques à Bouaké et Man, portant sur le vol de millions de Fcfa, les a ravalés au rang de gangsters en territoire conquis ".

p. 79 " Les soldats français ont violé leur " code du soldat " qui est en fait un guide du comportement. Au cours des événements de novembre 2004, ils n'ont pas été maîtres de leur force et se sont attaqués, à divers endroits du pays, à des populations civiles. Dans leur descente précipitée sur Abidjan, ils ont mis leur menace à exécution d'ouvrir le feu sur des villageois qui tenteraient de leur barrer le chemin. En pilonnant les ponts Houphouët et De Gaulle, (...) pour dit-on empêcher que les manifestants n'occupent l'aéroport contrôlé après un combat gagné d'avance par les forces françaises, les autorités militaires, n'ont pas eu la rigueur de comportement et d'égard qu'elles auraient eue parmi les leurs. En se livrant à des représailles sur la population civile, les soldats français entamaient la rupture du contrat moral avec celle-ci ".

p. 79 L'affaire Mahé et le général Poncet

" Depuis la suspension du très controversé général Henri Poncet (...) suite à la mort de l'Ivoirien appréhendé dans l'Ouest, tout le monde s'accorde à reconnaître l'existence " d'exécutions extrajudiciaires ". Combien de personnes ont-elles pu être exécutées comme le jeune Firmin Mahé qui, bien qu'ayant une mauvaise réputation, devait être traité avec humanité après son arrestation ".

Les explications du ministère français de la défense après la mort de Firmin Mahé

 "On sait désormais que ce récit est faux et monté de toutes pièces pour masquer le comportement criminel des militaires français dans l'Ouest ivoirien ".

La promotion sanction du général Poncet

p. 82 " La suspension du général Poncet est intervenue à quelques jours de la commémoration du premier anniversaire de la tuerie devant l'hôtel Ivoire. Il y a un fait qui ne trompe pas. La démarche qui consiste à changer de centre d'intérêt pour ne pas avoir l'opinion sur son dos, est celle employée par la France. "

" Au nom de quoi, l'ancienne puissance coloniale serait-elle plus préoccupée par la mort d'un coupeur de routes, présenté comme un dangereux criminel, auteur de cinq assassinats dans l'Ouest ivoirien, que par le fait que son armée a délibérément tiré sur des manifestants aux mains nues ? ".

p. 83 " La réaction française de novembre 2004 obéissait à la volonté de l'ancienne puissance coloniale de jouer sa partition à fond. Il s'agissait de démontrer aux partisans du président Gbagbo que rien n'empêchait la France de déstabiliser le pouvoir et même, si besoin en était, de l'obliger à quitter le fauteuil présidentiel. En agissant ainsi, il était aussi question de rappeler que les potentialités économiques de la Côte d'Ivoire ne l'autorisaient pas à se comporter comme une puissance militaire sous-régionale ".

p. 85  Boucherie à l'Ivoire 

L'opération Dignité

p.88 " L'armée ivoirienne avait la volonté de laver l'affront après avoir perdu une bonne partie du territoire national au profit de la rébellion. Une opération qui n'avait pas la bénédiction que des partisans du pouvoir. (...) Bien au-delà, des militants du PDCI du RDR et des rebelles pris en otages par le clan Soro n'attendaient que l'entrée triomphale des Fanci, à Bouaké. "

p.88 " le rassemblement devant l'hôtel Ivoire a ainsi regroupé tous les Ivoiriens hostiles à l'armée française (...) Des dizaines de milliers de personnes se sont ainsi offertes en bouclier humain. Combien sont-ils tombés pour faire échec au coup d'Etat à finaliser ? Mystère... "

" (...) devant l'hôtel Ivoire, des manifestants aux mains nues sont tombés sous les balles tirées par des soldats français apeurés ".

Services secrets français

" La Côte d'Ivoire, lors du long règne d'Houphouët était un bastion des services secrets français. (...). Avec Laurent Gbagbo, les mêmes réseaux de renseignements français ont poursuivi leur travail, sans être indispensables comme au temps du " Vieux " ".

Marchands d'armes

" L'Elysée, qui connaît tous ses bras séculiers en Afrique, se méfie de Robert Montoya, un ex-gendarme conseiller en sécurité de présidents africains. (...) C'est lui qui tend la main au pouvoir ivoirien quand la France limite la puissance de feu qu'il veut se procurer pour combattre la rébellion. "

" Comme toutes les guerres qui se déroulent sur le continent africain, celle de Côte d'Ivoire a énormément profité aux vendeurs d'armes et à leurs intermédiaires. Les forces loyalistes ont profité d'un réarmement de 44,5 milliards de Fcfa inscrit au budget, sur la période septembre 2002 à janvier 2004. Des études signalent des circuits non transparents qui auraient pu accroître ce financement."

Coup d'Etat

p.88 " Les 6, 7, 8 et 9 novembre 2004 l'armée française avait pris le pouvoir à Abidjan (...). Les conditions du coup d'Etat étaient réunies. Reste que le général Mathias Doué n'a pas été assez courageux pour déclarer sur les antennes des radios internationales  inaccessibles en FM à Abidjan qu'à partir d'aujourd'hui ", je suis le chef de l'Etat, je dissous l'Assemblée nationale et je propose une transition d'un an qui doit permettre à tous les acteurs politiques qui le désirent d'être candidats ". Un scénario pareil, avec la déstabilisation de l'armée ivoirienne du fait des représailles françaises, et la présence sur le sol ivoirien de plus de 10 000 soldats étrangers, pouvait être interprétée comme une garantie pour la tenue d'élections " ouvertes " , selon la formule consacrée. La communauté internationale, notamment la France, garantissait ainsi aux partisans d'Alassane Dramane Ouattara,  sa candidature. Le scénario du général Robert Gueï était encore vivace dans leur esprit. Celui qui était commis à prendre le pouvoir au cours des événements de novembre 2004 devrait dès lors appliquer tout bonnement les recommandations de Paris Qu'est-ce qui a bien pu faire reculer l'ancienne puissance coloniale ? A la vérité il fallait avant tout éviter un scénario catastrophe. La France n'était pas sûre d'évacuer ses 16 000 ressortissants du pays dans le cafouillage qui serait né de cette situation. Les centaines de milliers de femmes, d'enfants et de jeunes qui manifestaient contre les représailles françaises, poussés à bout, étaient aussi dangereux que des poseurs de bombes d'Al-Qaïda. Le risque était beaucoup trop grand pour les autorités militaires françaises sur place. La sagesse a été de se retirer.  ".

p.91 " Devant l'hôtel Ivoire, les soldats français n'avaient pas que la mission de renverser le président Lurent Gbagbo, mais aussi d'agir dans un pays qui leur échappait ".

A propos du bombardement de Bouaké

p. 90 " selon les témoignages de certains soldats basés à M'Bahiakro, complices des Jeunes Patriotes (...) ce ne sont pas les Sukhoï de l'armée ivoirienne qui ont largué les bombes sur les soldats français (...). Ces bombardements seraient partis de la base des Fanci ".

p.172 " Pour Paris, " on a la certitude que l'ordre ne vient pas de Gbagbo, mais qu'il a été donné par Kadet Bertin, après une discussion avec Simone Gbagbo, la première dame ".

La destruction de la flotte aérienne militaire ivoirienne

p. 90 " la France, fâchée avec Gbagbo, avait décidé, le soir même de l'attaque, de détruire la flotte de l'Armée pour mettre fin à sa suprématie aérienne, celle qui avait fait la fierté des anti-rebelles jusqu'au 6 novembre 2004. Mais il y a aussi le fait que les avions détruits n'étaient pas sortis des usines de l'armement français. Des avions russes dans la flotte militaire d'un pays supposé être captif du pré carré français, cela augurait d'une nouvelle donne dans les relations entre l'ancienne puissance coloniale et le pays colonisé. "

p. 93 Cliché de résolution de conflit

" les événements de novembre 2004 sont venus battre en brèche la thèse défendue dans les medias qui imposent aux Ivoiriens une crise ethnique alors que celle-ci n'est en réalité que celle d'une classe politique atteinte par l'orgasme de la pagaille ".

p. 95 Pots de vins

p. 96 " Il est évident que Paris a fermé les yeux sur les dérives du régime Bédié parce que la relation franco-ivoirienne, à l'instar de la relation franco-africaine, se résumait à des pots de vins".

p. 99 " Les conditions de l'octroi de l'indépendance se sont faites à travers des négociations marquées par la volonté d'Houphouët-Boigny de rester dans le giron français. Mais les choses sont devenues beaucoup plus compliquées depuis l'avènement de Laurent Gbagbo au pouvoir. La France a été comme tétanisée. Fallait-il, en 2003, laisser les rebelles prendre la capitale ou a-t-elle eu raison de déployer la force Licorne ? Il semble que l'Elysée ait, prioritairement, déployé ses forces pour contraindre le président Laurent Gbagbo à continuer la politique d'Houphouët-Boigny. "

p. 100 " Depuis le déclenchement de la crise, les Etats-Unis, Israël, la Chine, l'Inde et l'Iran se positionnent comme les partenaires dans un " New deal " qui exclut progressivement l'ancienne puissance coloniale ".

Portraits de leaders politiques ivoiriens et étrangers

" La Côte d'Ivoire, connue pour sa légendaire stabilité, est plongée dans une grosse pagaille qui est la marque des pays africains visités par des rébellions. La conquête du pouvoir transformée en véritable crise armée est, en réalité, la guerre que se livrent Gbagbo, Bédié, Ouattara et les autres. "

p. 102 Laurent Gbagbo " C'est ainsi que Laurent  Gbagbo est considéré comme un " beau diable ". Celui qui tente de déchirer l'ouate du double langage. " L'homme est politiquement mort ", ont dit ses adversaires dès le déclenchement de l'insurrection armée, réussissant même à faire douter les militants du FPI quant à la capacité de leur leader à gouverner sereinement. Mais après l'Accord politique de Linas-Marcoussis, le président Laurent Gbagbo est encore au pouvoir et se présente comme " un vrai politique et un fin joueur ". Il a assis son pouvoir personnel, faisant du poste de président de la République le socle de la Nation. Depuis le 19 septembre 2002, Laurent Gbagbo a pu compter sur ses " farouches partisans " pour son maintien au pouvoir. Ils l'ont d'ailleurs démontré à travers les nombreuses manifestations de rue qui sont rythmées par des slogans patriotiques et antifrançais. "

p. 104  Henri Konan Bédié " Depuis qu'on lui a soufflé qu'il peut encore jouer sa dernière carte, l'ancien président s'est mis à rêver d'un hypothétique retour aux affaires. Il se bat pour retrouver un fauteuil qu'il a perdu sans résistance. (...) Henri Konan Bédié et ses hommes qui attendent tout de Paris pour la reconquête du pouvoir, brûlent d'impatience de servir à nouveau le maître avec lequel ils n'imaginent pas rompre le cordon ombilical. ".

p. 105 Alassane Ouattara " Sa volonté de briguer le fauteuil présidentiel est la base du conflit inter ivoirien qu'il a pu internationaliser par le biais de puissants réseaux de propagande. Alassane Dramane Ouattara est comparé à un ver dans le fruit. Rendu populaire par les questions de nationalité, écarté de l'élection présidentielle par   la Cour Suprême pour " nationalité douteuse ", Alassane Dramane Ouattara (ADO) est, depuis la disparition de Felix Houphouët-Boigny, en décembre 1993, au cœur des querelles politico-militaires de la Côte d'Ivoire. (...) C'est un politique peu courageux, doté d'une vision clanique, qui compte sur ses appuis extérieurs pour conquérir le pouvoir d'Etat sur les bords de la lagune ébrié "

p. 107 Général Gueï " Ses hésitations ont créé le concept du " Et "et du " Ou ". Le général Gueï, resté proche des siens,  est apparu comme le charlatan de la scène politique nationale (...) C'est à ce moment qu'il avait lancé la fameuse appellation de boulanger pour justifier Laurent Gbagbo ".

p. 109 Guillaume Soro " Il s'est taillé un costume de leader avec l'apprentissage de la lutte syndicale à la Fesci. Cependant Guillaume Soro, reste le filleul qui n'attend que l'appréciation de ses parrains. Le secrétaire général du MPCI n'a pas rompu avec le discours syndicaliste. L'ancien leader estudiantin demeure, pour certains, l'éternel étudiant. Propulsé au devant de la scène politique pour faire retentir la voix du MPCI, il est plus théoricien qu'homme politique de grande envergure. "

Présidents sans frontière

Blaise Campaoré  p. 120 à 125 " au-delà de la partition de fait du pays, constatée depuis la présence des forces impartiales, les rebelles soutenus par le Burkina-Faso entretiennent-ils l'idée de la naissance d'u Etat voisin, voire la dislocation de la Côte d'ivoire ou sa partition revendiquée et assumée " ; " au-delà des raisons historiques qui expliquent la déchirure entre Compaoré et Gbagbo, il y a le fait que le premier soupçonne le second de vouloir le renverser pour être en sécurité ".

Omar Bongo p. 125 à 130 " le président Bongo est un pion essentiel de la Françafrique. Ce qui fait qu'il est en déphasage ou incompris de l'opinion publique ivoirienne " ; " dans la politique nationale ivoirienne, son choix s'est porté sur Ouattara, qui a fini par se rapprocher de lui ".

Thabo Mbeki p. 130 à 133 " L'Afrique du Sud veut contrer la France en Côte d'Ivoire. Et elle ne tardera pas à y mettre les moyens en cas de victoire de Laurent Gbagbo aux prochaines élections. En prenant fait et cause pour le régime Gbagbo, il est évident que le président Thabo Mbeki devait s'attendre aux foudres de la rébellion, dont la mission première est de perpétuer la domination économique de l'Hexagone

Le 30 octobre des appétits

Les anciens Premiers ministres

Seydou Diarra (p. 140) " Tout le monde est unanime pour reconnaître que le " mal aimé " dans cet imbroglio politique est sans l'ombre d'un doute Seydou Elimane Diarra "

Charles Konan Banny (p. 144) " Charles Konan Banny, inexpérimenté en politique, devait faire son baptême dans une sphère de brutes où tous les coups sont permis "

Affaire Jean Hélène 

p.148 à 151

" officiellement le sergent Sery n'avait pas obéi aux ordres donnés par sa hiérarchie et était passé à l'acte ".

A propos d'une rencontre entre LG et la presse internationale 3 jours après la mort de Jean Hélène :

" les journalistes étrangers pendant les échanges se disent terrorisés par leurs confrères de la presse nationale proches de Laurent Gbagbo " ; " Laurent Gbagbo (...) jure la main sur le cœur qu'il ne comprend pas les raisons du meurtre de Jean Hélène :  "Je ne trouve pas encore mon compte dans ce que raconte ce policier. En tant qu'être humain je cherche une explication rationnelle "

Laurent Gbagbo s'adresse à Guy-André Kieffer lors de cette rencontre : " avant tes papiers étaient intéressants maintenant tu écris des conneries "

p. 151 " la presse française (...)  n'a pas manqué de tirer à boulets rouges contre le régime du président ivoirien " ; " certains journalistes de l'hexagone ont ouvertement pris à parti des confrères ivoiriens qui auraient à travers leurs articles au vitriol contre la France commandité la mort du journaliste de RFI "

Affaire Guy-André Kieffer p. 153 à 156

Arrivée à Abidjan

p. 153 " à la faveur du premier coup d'Etat réussi en Côte d'Ivoire , qui a renversé Henri Konan Bédié le 24 décembre 1999, Guy André Kieffer avait débarqué à Abidjan où il s'était fait de nombreuses et solides relations au sommet de l'Etat . La junte au pouvoir lui ouvrait grandement les portes au point d'en faire un conseiller occulte du général Robert Gueï. "

p. 156 " Guy André Kieffer, torse nu et déchaussé dans son salon, assis à même le sol, pouvait à longueur de journée donner des informations inédites sur la classe politique ivoirienne. Mais au-delà, il savait qu'il était dans le collimateur de certaines personnes voire de certains Etats. C'est au Mali que ses déboires ont commencé, quand il a entrepris de critiquer le rôle de la France dans la filière du coton. La France, selon Kieffer, n'a plus voulu le voir se mêler de ses affaires. Son repli stratégique sur les bords de la lagune ébrié serait dû à cette brouille entre lui et certains décideurs français. ".

Ses relations avec le pouvoir FPI

p. 153 " Guy André Kieffer connaissait la nouvelle classe politique qui a pris le pouvoir à la fois par les urnes et par la rue. Le FPI et son président, Laurent Gbagbo contrôlaient désormais le pays et comptaient changer la politique tant combattue de la caisse de stabilisation (Caistab) et des familles qui avaient la main mise sur le café et le cacao. La Caistab, considérée comme la caisse noire de l'ancien parti unique, finit par fondre comme du chocolat au soleil.  La libéralisation de la filière aiguise pendant ce temps les appétits. Des cadres du parti au pouvoir deviennent des rapaces et confisquent la filière. Le journaliste qui connaissait toutes les connections, devint à la fois le conseiller, le bras droit et l'ennemi de certains d'entre eux. C'est Alphonse Douati, le premier ministre de l'Agriculture du gouvernement de Pascal Affi N'guessan, qui bénéficie de son expertise."

" (...) Guy André Kieffer, qui demeurait un allié d'Alphonse Douati, suite aux largesses qui lui avaient été concédées dans la gestion des " 3C " (Commodités Compagny Café-Cacao) ne démordait pas dans sa volonté d'en découdre avec ceux qui voulaient barrer la route à son projet. Kieffer essayait, à travers des articles au vitriol publiés dans des quotidiens proches de l'opposition, d'obliger le nouveau ministre de l'Agriculture, Dano Djédjé, à lui verser un reliquat. Il réclamait à cor et à cri le paiement de 700 millions de Fcfa pour renflouer les caisses des " 3C ". Une curieuse expertise qui ressemblait à un arrangement entre des partenaires économiques. Il ne réussit pas à rentrer en possession d'une telle somme. "

p. 155 " Le journaliste franco-canadien ne supporte pas le ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des Finances, Bohoun Bouabré. Il confie par ailleurs à certains journalistes que son objectif est de le voir partir du gouvernement. En vérité, les informations en sa possession font de lui un journaliste redoutable. Il soutient que certains ministres de la Refondation sont en relation avec la mafia russe et que le président Laurent Gbagbo, contrairement à ce qu'il laisse transparaître, est loin d'être un chef d'Etat soucieux de la gestion transparente. Il soutient que malgré les preuves avérées suite à une enquête suscitée par le président ivoirien sur l'enrichissement ilicite de ses camarades de lutte, celui-ci semble avoir décidé de gérer le pays comme pendant la fameuse époque des " grilleurs d'arachides ". Il est de notoriété publique que Laurent Gbagbo garde un contact distant, voir répulsif avec l'argent. Ce qui n'est pas le cas de la majeure partie des cadres de son parrti qui, en moins de cinq ans d'exercice du pouvoir d'Etat, ont amassé de grosses fortunes. Une course effrénée vers la richesse qui souligne malheureusement que la refondation n'est pas à l'abri de la cupidité. "

"  Depuis lors, sa disparition hante le pouvoir ivoirien. Et pourtant, la République a encore en mémoire l'affaire Jean Hélène. Si tout le monde se refuse à confirmer la thèse de sa mort, toujours est-il que la situation actuelle est une épreuve, qui trouve son origine dans le signe indien qui poursuit Laurent Gbagbo. C'est paradoxalement sous le régime de l'ardent défenseur de la liberté de la presse que des journalistes, protégés contre la prison, sont sanctionnés de la plus cruelle des façons. "

L'affaire Julia et la libération des journalistes Georges Malbrunot (Le Figaro) et Chrisitian Chesnot (RFI)

p.156 à 160

p. 156  " Le pouvoir a continué des actions de lobbyng qui l'ont davantage éclaboussé ".

p. 158 " Très peu d'Ivoiriens pouvaient s'imaginer que cette affaire de journalistes français pris en otages éclabousserait directement le président Gbagbo. Et pourtant ce fut le cas. Il fut question dans un premier temps, d'un de ses avions de commandement qui aurait été affrété par la bande Didier Julia, député UMP de la droite française chiraquienne. Le Gruman présidentiel se serait rendu, au cours de sa mission rocambolesque, à deux reprises, dans la région pour servir de moyen de locomotion. A l'analyse, Laurent Gbagbo, dont l'image était des plus ternies à cette période dans la presse occidentale, notamment française, avait trouvé là l'occasion de redorer son blason. Après avoir échoué dans sa tentative de s'appuyer sur le Gabon de Omar Bongo Odimba, le réseau Julia n'avait pas trouvé mieux que la Côte d'Ivoire. Avec un journaliste de RFI tué et un autre indépendant, franco-canadien, celui-là porté disparu dans des conditions mystérieuses, ce pays ne pouvait que coopérer ".

p. 159 " Le flou demeure dans ce qui apparaît aussi comme une tentative d'escroquerie. Une opération " exclusivement française " selon jacques Chirac, qui avait quand même coûté de l'argent aux contribuables ivoiriens. Malgré le démenti par la présidence ivoirienne, Le Canard Enchaîné, paru le 29 décembre 2004, avait révélé l'existence d'une d'un transfert de fonds d'un montant de " 1,2 millions d'euros ", soit plus d'un milliard de francs Cfa. Une somme qui aurait été remise " dans un sac Puma " destiné aux frais de l'équipe et au règlement de leurs notes d'hôtel. Le député UMP a reconnu avoir utilisé, à deux reprises, l'avion de Laurent Gbagbo, mais a démenti avoir reçu du président ivoirien " un sac de sport Puma " contenant 1,2 million d'euros pour financer sa tentative de libérer les otages. "

p. 160  " Dans ce genre d'opération qui n'aboutit qu'à des compromissions, la France s'est encore une fois servie d'un pays de son giron pour ne pas être en première ligne "

Conclusion

p. 233 " La crise à l'ivoirienne est révélatrice de la bataille pour le contrôle du pouvoir d'Etat dans un pays où les différents protagonistes se connaissent, s'adoubent et se haïssent en permanence " ; " Le coup d'Etat manqué du 19 septembre 2002, mué en rébellion armée, est la parfaite illustration d'une grosse pagaille politique, conséquence de toutes les politiques précédentes. Celles qui ont favorisé l'échec à l'école, constitué une bourgeoisie compradore dans un espace profondément corrompu, entretenu une mauvaise intégration des étrangers, et surtout donné l'impression que le pays était invulnérable. "

p. 237 " Les hommes de Guillaume Soro qui prennent directement leurs ordres du Burkina Faso et de certains réseaux internes avaient presque tout calculé à l'exception de la résistance d'une grande partie des Ivoiriens. "

"Mais l'une des grandes énigmes qui reste à résoudre est sans doute la place que la France compte occuper après la crise en cas d'échec de sa main mise sur le pouvoir Gbagbo. La Côte d'Ivoire pourra diversifier ses partenaires économiques, réduire considérablement l'influence de la France, car les ivoiriens attachés à la Constitution ne voudront plus coopérer dans un cadre néocolonial où tout est décidé à Paris. "

18/10/09 le Journal de Connection

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