Election en Côte-D'ivoire : Tactique de défense-en-ligne contre le pouvoir d'Abidjan

Gbagbo très inquiet Les ivoiriens auront toujours la mémoire de ce jour triste qui consacra la défaite de notre équipe nationale, lors de la dernière CAN en Angola. La défaite est venue là ou on l’attendait le moins. Une équipe algérienne dont on ne vendait pas chère la peau, s’est offert en déjeuner de la viande d’éléphant. La suite de cette lamentable odyssée de notre équipe nationale en compétition africaine est connue. En attendant de redorer ce blason au mondial en Afrique du sud, c’est une plaie dans laquelle on se garde de retourner le couteau, un dossier désormais frappé, dans la conscience collective de nos concitoyens, du sceau de « sujet trop sensible ».

La contre performance des éléphants, a eu dans le champ politique un écho d’un autre genre. La rancœur de la défaite et la détermination á effacer cette honte nationale, a transformé tous les acteurs nationaux y compris les politiques en véritables tacticiens du foot, mieux, il ya un effort visible d’intégrer au jeu politique national des tactiques qui font recette au foot.

La récente affaire « Robert Mambe » a été vécue en Côte-D’ivoire, entre Gbagbo et son opposition comme un véritable match de foot, avec ses protagonistes et ses supporters zélés, ses tacticiens et arbitres, ses martyrs et ses blessés.

C’est Laurent Gbagbo qui en donne le coup d’envoi le 12 février, avec une dissolution sans état-d’âme du gouvernement de réconciliation nationale issue de l’accord politique de Ouagadougou, couplée á la dissolution de la commission électorale indépendante(CEI). Ce fut une offensive de taille, un véritable but d’ontologie, frappé des dix mètres qui a vu l’opposition conduite par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié se perdre en conjectures de toutes sortes. Leurs premières déclarations à la presse traduisent tout leur désarroi. Un véritable discours aux accents d’un « œil pour œil », une authentique réponse au coup de pied décroché par le camp présidentiel, de force égale et avec la même volonté de destruction. C’est Alphonse Djédjé Mady qui annonce les couleurs. « Nous ne reconnaissons plus Gbagbo comme chef de l’état ». Le décor pour l’affrontement est ainsi planté. Gbagbo trouve refuge dans une caserne militaire á Yamoussoukro et fait le mort. Laissant á Philipe Mangou, cette «comète» de l’armée ivoirienne qui, sans avoir gagné la guerre, passe de lieutenant Colonel au grade de Général de division en seulement 5 ans, le rôle de «secrétaire d’état» á la propagande, á l’intimidation et á la répression. Pari impossible pour tout officier général qui se respecte.

L’opposition organise la contre-attaque en ordonnant á ses militants de s’opposer par tous les moyens au pouvoir de Gbagbo, á qui ils se référent de plus en plus par media et par porte-paroles interposés, comme un « dictateur ». Un haut officiel burkinabé conseille au RHDP la prudence, car les violentes manifestations pourraient servir de béquilles au FPI pour ne pas organiser les élections. Thabo Mbeki, l’ex -président sud africain est saisi le soir du 12 février, pour rappeler á Laurent Gbagbo les acquis des accords de Pretoria « sans fâcher » le locataire du palais d’Abidjan. Lorsque Koné Boubacar, directeur du protocole d’état, annonce le président Mbeki á son patron dans la nuit du 15 février, surpris le président Gbagbo éclate « How are You my président… » Les deux hommes explorent les principaux points des accords de Pretoria dans un style très « casual ». Au bout de quinze minutes de cette conversation Gbagbo rassure son interlocuteur qu’il n’avait pas l’intention d’opérer un passage en force.

Conformément aux mots d’ordre du RHDP, des manifestations spontanées éclatent dans toutes les villes du pays mais les opposants restent à la table de négociation. Blaise Compaoré s’empare vite du Dossier avant que Gbagbo ne se «braque» à nouveau, envers et contre tous. Petit à petit, l’idée de former un gouvernement sans l’opposition est « déclarée irrecevable ». Ca serait « incendier » les accords de paix obtenus au fil de 6 ans de discussions. Il en est de même pour celle qui consistait à reprendre toute la liste électorale. Paris suit la situation de très prés. Des mouvements « suspects de militaires français» sur la lagune ébrié sont observés. Un important dispositif militaire prend position dans l’intérieur du palais pour parer à toute attaque provenant de la lagune.

La pilule de la réhabilitation de la CEI passe ainsi que celle de la participation du RHDP au gouvernement. Passe aussi l’idée de ne pas désigner un président de la nouvelle CEI. Il faut plutôt en élire le président. Faute d’un candidat FPI de poids, tous membres de la commission centrale font bloc derrière Youssouf Bakayoko, le très « politically correct » ministre des affaires étrangères du Gouvernement pour éviter une débâcle électorale á quelques semaines de la présidentielle. Instruction est donnée au RHDP d’éviter tout triomphalisme qui pourrait irriter les frontistes. « Il faut rester dans la droite ligne des sondages SOFRES » et faire comme si « il n’y a rien en face… » conseille un diplomate européen en poste á Abidjan.

Coté primature, Guillaume Soro continue ses consultations. Tous les anciens premiers ministres sont unanimes : « Gbagbo veut bloquer le processus électoral. S’il ya une grave crise dans le pays, il va en profiter pour se braquer. Il adore se mettre dans les situations de dos-au-mur pour justifier la signature de contestables décrets par l’article 48. » Soro s’inquiète auprès d’un diplomate européen si Gbagbo ne prendrait pas un jour l’initiative de suspendre le gouvernement et nommer un nouveau premier ministre. « Il sera déposé (renversé) dans les minutes qui suivront …» répond le diplomate avec une sérénité surprenante.

La tactique de la défense en ligne a marché. Gbagbo a certes marqué un but à son opposition, mais il était hors jeux. Un magnifique 4-4-2 du RHDP et de la communauté internationale et africaine contre le talentueux illusionniste politique sorti de Mama. Enseignements venus tout droit de Cabinda.

Bakus vous salut !

Le Journal de Connectionivoirienne.net

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