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Crise poste-électorale

Côte d'Ivoire : renvoi des ambassadeurs de Grande-Bretagne et du Canada
Des soldats des Nations unies patrouillent dans une rue d'Abidjan, le 6 janvier 2011.
Des soldats des Nations unies patrouillent dans une rue d'Abidjan, le 6 janvier 2011.
Reuters / Thierry Gouegnon
Par RFI ; jeudi 06 janvier 2011

Alassane Ouattara est passé à l'offensive verbale ce jeudi 6 janvier 2011 contre son rival, le président sortant Laurent Gbagbo, qui refuse de lui céder le pouvoir, prônant si nécessaire une opération commando pour l'en déloger et promettant qu'il s'installerait lui-même à la présidence avant la fin du mois. De son côté, le gouvernement de Laurent Gbagbo a annoncé le renvoi des ambassadeurs de Grande-Bretagne et du Canada.

 C'est dans un communiqué lu jeudi soir sur la télévision d'Etat RTI par le porte-parole du gouvernement Gbagbo, Ahoua Don Mello, qu'a été annoncée la fin de l'accréditation en Côte d'Ivoire de l'ambassadeur britannique Nicholas James Westcott et de l'ambassadrice canadienne Marie-Isabelle Massip.

 Ces décisions ont été prises « en application du principe de réciprocité régissant les relations diplomatiques », a expliqué Ahoua Don Mello. La Grande-Bretagne et le Canada avaient retiré fin décembre les accréditations des ambassadeurs ivoiriens nommés dans ces pays par Laurent Gbagbo et indiqué qu'ils reconnaîtraient les représentants nommés par son rival Alassane Ouattara, reconnu président par la communauté internationale.

La Canada a très vite réagit, affirmant ne pas reconnaître l'expulsion de son ambassadeur en Côte d'Ivoire. Le ministère des Affaire étrangères a, notamment, souligné n'avoir reçu aucune requête du gouvernement du président Alassane Ouattara à ce sujet.

Washington annonce le gel des avoirs de Laurent Gbagbo

C'est un communiqué très officiel du Trésor américain qui l'a annoncé, ce jeudi soir. Les avoirs du président Laurent Gbagbo, de son épouse et de trois de ses proches sont gelés, sur le territoire américain. Outre Simone Gbagbo, Désiré Trago, Pascal Affi N'Guessan et Alcide Djedje sont visés par cette mesure.

Une décision prise en vertu d'un décret, précise le Trésor, qui permet de prendre des sanctions financières contre ceux qui présentent, « une menace pour la paix et le processus de réconciliation nationale en Côte d'Ivoire ».

Principales conséquences de la décision du Trésor américain, les quatre personnes visées n'ont plus accès aux biens et comptes bancaires qu'elles possèdent éventuellement aux Etats-Unis. Tout Américain qui viendrait à réaliser des transactions financières avec elles, à titre privé ou professionnel, serait passible de poursuites judiciaires.

Le message de Washington est clair. Les Etats-Unis perdent patience vis-à-vis de Laurent Gbagbo qu'ils avaient proposé d'accueillir sur leur territoire. Laurent Gbagbo qui « continue de montrer qu'il dédaigne délibérément la volonté et le bien être du peuple ivoirien », écrit le Trésor américain.

« Les conséquences incalculables d'une intervention militaire »

 

Par ailleurs, les évêques catholiques ivoiriens ont appelé jeudi 6 janvier au « dialogue » entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, refusant une intervention armée de l'Afrique de l'Ouest pour résoudre la crise politique. Les évêques mettent en garde la Cédéao contre « les conséquences incalculables d'une intervention militaire ».

 

Car 210 personnes sont mortes depuis la mi-décembre dans des violences en Côte d'Ivoire, a annoncé jeudi 6 janvier 2010 Simon Munzu, chef de la division des droits de l'homme de l'Onuci. Le précédent bilan en date du 30 décembre faisait état de 179 morts. Toutefois de récentes violences sont à mettre sur le compte de tensions communautaires anciennes dans le pays et non avec le duel Gbagbo/Ouattara, a-t-il précisé.

Depuis le début de la semaine, la ville de Duékoué, à quelque 500 km à l'ouest d'Abidjan, « est plongée dans des violences intercommunautaires à la suite de la mort d'une femme lors d'un braquage », a-t-il dit, faisant état de 14 tués dans des affrontements entre ethnies guéré et malinké.

A Abidjan même, les forces loyales à Laurent Gbagbo font pression sur le PDCI. Elles ont effectué une descente mardi à Abidjan au siège du parti qui est aussi le siège de la coalition pro-Ouattara. Il y a eu de nombreuse arrestations et des victimes. Le gouvernement Gbagbo a confirmé cette attaque.

Le président congolais Denis Sassou Nguesso a déclaré ce jeudi être « préoccupé » par la crise en Côte d'Ivoire. C'était au cours de ses voeux au corps diplomatique. Il estime qu'il ne serait pas responsable de la part de la classe politique de la Côte d'Ivoire  et de la communauté internationale de laisser ce pays devenir « une autre Somalie ».

L’ambassadeur ivoirien à l’ONU en butte aux tracasseries des pro-Gbagbo

Avec notre correspondant à New YorkKarim Lebhour

Au premier jour de sa prise de fonction, lundi 3 janvier 2011, le nouvel ambassadeur ivoirien auprès des Nations unies, s’est trouvé enfermé à l’extérieur de son bureau. « Les codes d’accès avaient été changés », précise Youssouf Bamba. Un mauvais tour joué par certains collaborateurs récalcitrants au nouveau venu nommé par Alassane Ouattara.

Deux jours plus tard, nouvelle surprise : l’ascenseur refuse de s’arrêter à l’étage de la mission ivoirienne. Cette fois, le propriétaire de l’immeuble new-yorkais a reconnu avoir déprogrammé l’ascenseur sur ordre de l’ambassadeur de Washington, un partisan de Laurent Gbagbo. « J’ai immédiatement informé la mission américaine et la police de New York et l’accès a été restauré. Je suis le représentant du gouvernement légitime de Côte d’Ivoire ».

Agacé, Youssouf Bamba a réuni tout le personnel de la mission pour une mise au point. « J’ai été très clair. Ceux qui ne veulent pas reconnaître le nouveau gouvernement doivent démissionner immédiatement. Puisque personne n’a démissionné, j’attends maintenant de la loyauté. Dans une élection démocratique, il y a un vainqueur et un vaincu. Tout le monde doit l’accepter », tonne l’ambassadeur, pressé d’en finir avec des tracasseries qu’il trouverait volontiers « amusantes », s’il ne s’agissait pas dit-il de « retarder une transition pacifique souhaitée par tous pour la Côte d’Ivoire ».

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