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Côte d'Ivoire : Un pays en danger. Les Conseils des ministres suspendus.......

Soir Info: Situation sociopolitique

Il ne s’agit pas, pour nous, ici, de jouer aux oiseaux de mauvais augure. Mais, la vérité d’airain est implacable aujourd’hui. Il pèse sur le pays une véritable chape de plomb et l’on s’achemine, inéluctablement, vers un désastre socio-politique dont les conséquences seront dommageables sur processus de sortie de crise… Depuis que cette mystérieuse histoire de présumées fraudes sur la liste électorale, relativement aux 429.000 personnes, imputées au président de la CEI, Robert Mambé Beugré a éclaté, le ciel s’est brusquement assombri sur la Côte d’Ivoire et la « météo » politique annonce des tempêtes, au point de menacer l’équilibre de toute la société démocratique du pays.

Les propos incendiaires entre les camps opposés, la stigmatisation de certaines communautés, l’instrumentalisation des médias d’Etat, la recrudescence de la violence, la chasse aux présumés étrangers sur la liste électorale, l’immixtion de la politique à la CEI (Commission électorale indépendante), les attaques des palais de justices par des pétitionnaires menacés de radiation, la colère ambiante des populations, les intimidations et menaces pour obtenir le départ ou le maintien du président de la CEI, sont autant d’indices et de faits qui menacent au quotidien les Ivoiriens et laissent entrevoir une période de turbulences, d’incertitudes, voire de périls sur la Côte d’Ivoire. A cela, il faut ajouter la chronique des incendies aux origines douteuses. En deux semaines, plusieurs marchés et des espaces commerciaux ont été ravagés par le feu. Puis est venue s’ajouter la spirale des délestages électriques…Qui vont, dit-on, durer trois mois. Dans cette atmosphère de feu, de sangs et de calvaire, le gouvernement semble avoir aujourd’hui marqué le pas dans son fonctionnement régalien, en ce qui concerne, notamment, les conseils des ministres. Depuis le 17 décembre 2009, le chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, qui à l’initiative de ces réunions hebdomadaires, n’a plus convoqué de Conseil des ministres… La situation politique pour le moins délétère s’est davantage dégradée quand le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro, a saisi le procureur Tchimou Raymond aux fins d’une enquête judicaire contre Mambé Beugré alors que Soro Guillaume avait choisi la voie du compromis politique. A l’allure où vont les choses, l’on a le net sentiment que tout est fait, sciemment, pour bloquer l’organisation des élections et, par voie de conséquence, disloquer le tissu socio-politique.

Car, comment comprendre que l’appel du président de la Banque mondiale, Robert Bruce Zoéllick, qui était de passage récemment en Côte d’Ivoire ne soit entendu par les acteurs politiques ivoiriens. « Je suis profondément préoccupé par la situation en Côte d’Ivoire. Il y a eu des progrès, mais le problème de la liste électorale a provoqué un doute. Il est vital que tous les acteurs politiques ivoiriens respectent leur engagement d’organiser l’élection avant fin mars 2010″, avait-il affirmé. Vers le scénario sénégalais ?

Le président de la Banque mondiale n’avait pas manqué de souligner la nécessité pour ce pays d’aller rapidement aux élections. ‘’Le message que je veux leur transmettre porte sur la nécessité de boucler le plus tôt possible les listes électorales et de passer aux élections présidentielle et législatives(…) Tant qu’on n’a pas réglé les problèmes politiques et électoraux, il sera difficile d’attirer les investisseurs vers la Côte d’Ivoire’’, avait-il déclaré le vendredi 29 janvier 2010, à l’issue de sa visite de trois jours. Il a rappelé que d’importants efforts ont été déjà entrepris en matière d’annulation de la dette dans le cadre de l’initiative ‘’Pays pauvres très endettés’’ (Ppte). « Mais l’achèvement de ce processus d’annulation de dette dépendra forcément de la tenue d’élections libres et démocratiques ainsi que des réformes à entreprendre ».

Pour sa part, le Conseil de sécurité des Nations unies à, le 28 janvier 2010 dans sa résolution 1911, demandé aux parties ivoiriennes de faire en sorte que la liste électorale définitive soit publiée et d’annoncer officiellement la date du premier tour des élections présidentielles. Il est clair que ces appels du président de la Banque mondiale et ceux de l’Onu ont glissé sur la « carapace » des acteurs de la crise ivoirienne. Chaque acteur privilégie l’intérêt de son camp…au dépend de l’intérêt de la nation. Une chose est sûre aujourd’hui. Dans l’affaire Mambé Beugré, le camp présidentiel s’est résolument inscrit dans le scenario « sénégalais », en faisant de sa démission, une option non négociable… Au pays de la « Teranga », Me Abdoulaye Wade, président sortant et candidat à sa propre sucessession pour les élections prochaines, avait contraint, à la démission, en novembre 2009, le juge Mamadou Moustapha Touré, président de la Cena (Commission électorale nationale autonome). Wade et son parti, le Pds (parti démocratique Sénégalais) s’étaient débarrassé du président de la Cena dans les conditions quasiment similaires à celles de Robert Mambé Beugré : de présumés tripatouillages de la liste électorale. En effet, le 26 novembre 2007, peu après la publication des listes électorales, la Cena avait relevé que le fichier électoral ne comportait que 3,5 millions d’inscrits, contre 5 millions annoncés par le ministère de l’Intérieur.

Ce décalage dans la comptabilité des électeurs avait durablement empoisonné les relations entre la Commission et le pouvoir comme c’est le cas en ce moment en Côte d’Ivoire. Wade a réclamé et obtenu la démission de ce président qui ne donnait pas « de garantie de docilité ». Mais au-delà du président de la CEI, c’est peut-être l’accord politique de Ouagadougou ( Apo) qui est visé, avec Soro Guillaume qui en est le garant. Le président-candidat Laurent Gbagbo a dit qu’il « n’irait pas à l’élection présidentielle comme un mouton à l’abattoir ». Qui de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara, Konan Bédié (pour ne citer que ceux-là), dans cette mystérieuse affaire de prétendue fraude sur la liste électorale n’est pas aussi sûr qu’il le clame haut et fort de pouvoir s’assurer une victoire à la régulière, au point de chercher à contrôler la CEI ?… Et de ressusciter la question identitaire qui a été à la base de la rébellion. Si on n’évolue pas vers une autre période de « calamité », selon certains observateurs, on s’achemine, inéluctablement, vers un fatal désastre …

Armand B. DEPEYLA

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