CONTRIBUTION – « J’ACCUSE » par Christian Félix Tapé
Est-ce vraiment venu le moment des bilans ? Si les trompeurs de
Nous n’étions pas présents en 1960. Mais en 2010, l’idée de se trouver à un carrefour symbolique demeure la même ; les interrogations aussi sont les mêmes. D’où venons-nous et où allons-nous ? Qui étions-nous hier et qui voulons-nous être demain ? Laissant ensuite aux générations suivantes la faculté de s’interroger à leur tour. Ces interrogations portent en elles l’invitation obligatoire à faire un bilan, à comparer l’actif et le passif, les profits et les pertes du temps écoulé. Les attitudes conséquentes n’étant sûrement pas les mêmes dans l’un et l’autre cas.
Quel est le bilan des cinquante ans de
Le cinquantenaire de notre indépendance a coïncidé en 2010 avec la recherche de solutions pour sortir de la crise. Mais les deux engagements n’ont pas été jumelés d’abord pour ne point perturber le processus de paix depuis longtemps en cours, mais surtout pour privilégier le caractère universel des indépendances africaines. Du beau travail scientifique et intellectuel pour l’académie des sciences et cultures, mais sans implications effectives sur le quotidien immédiat de la nation ivoirienne. En Jumelant les deux réflexions, il aurait été judicieusement créé une occasion nationale des « Etats généraux sur
Même sans le cinquantenaire, la crise en cours est assez suffisante pour imposer un bilan et des interrogations du même genre. Malheureusement, les passions qui ont dominé cette phase de notre histoire n’ont jamais permis des réflexions allant au-delà du souci de trouver des solutions aux motivations des rebelles. Pendant bientôt dix ans les politiciens ont laissé croire que ces motivations sont les seuls et vrais problèmes de l’Etat ivoirien. Ce qui est archi faux. Pour l’instant il faut patiemment attendre qu’une autre occasion se présente.
C’est vrai qu’on ne peut tout faire en même temps. Mais il est encore plus vrai qu’une crise est une précieuse et parfaite occasion de changement. Il est préférable d’en profiter.
Faire la politique comporte le courage de faire des choix et de les assumer. Pour Ahmed Sékou Touré par exemple, l’indépendance équivalait à choisir entre la pauvreté et la richesse aliénante, entre la liberté, la dignité et l’esclavage. Pour Houphouët Boigny et beaucoup d’autres encore, cela équivalait à être protagoniste de son propre devenir sans perdre de vue la complémentarité entre les Etats africains et l’ancienne métropole,
Ce qu’est
Dans tous les cas aucun choix ne reste impuni. Les chrétiens disent qu’à chaque instant l’homme est appelé à choisir entre Dieu et le diable, entre la lumière et les ténèbres. En politique l’homme politique est partagé entre la gloire de ses propres ambitions et celle des aspirations du peuple. Par exemple Sékou Touré avait motivé le « NON » disant que la date du 28 septembre coïncidait avec l’anniversaire de la persécution par le colonialiste, de ses deux arrière-grands parents morts en exil. Houphouët avait dû renoncer à la lutte progressiste radicale pour ne pas dit-il, donner au colon, d’argument pour justifier l’extermination de son peuple. Ainsi s’est motivé le choix qui a produit
Mais attention ! Si le FPI « s’houphouétise » de nos jours dans un but exclusivement électoraliste, c’est un boomerang dont les effets ne se feront pas longtemps attendre ; mais s’il le fait par conviction politique, cela signifie qu’il a compris le choix que fit Houphouët d’abandonner la lutte radicale contre la métropole. Et ce sera tant mieux pour les amis néocolonialistes qui ne démordent pas. Mais tôt ou tard c’est là aussi un aveu qui lui sera inévitablement fatal. Car cette inconnue n’était pas au programme de la mission orthodoxe refondatrice. Et donc venant ainsi la compliquer davantage, elle la rend suicidaire.
Mais cela ne déblaie point pour autant le chemin aux autres. Pourquoi ? A nous revoir le mois prochain.
Source : connectionivoirienne.net, le 31 Août 2010
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