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AH CETTE BAD SI CHERE…

Dans 24H, s’ouvrent à Abidjan les Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD). Ce sont les premières depuis la délocalisation (réussie ?) de 2003 à Tunis de cette banque panafricaine nitialement basée à Abidjan. La raison officielle invoquée, la situation de guerre que vivait notre pays depuis l’attaque de la nuit du 19 septembre 2002. Depuis l’annonce de la tenue de ces Assemblées annuelles de la BAD à Abidjan, du 26 au 28 mai prochain, la frénésie semble avoir gagné la Capitale économique ivoirienne. Les autorités administratives et politiques, le Chef de l’Etat, le Premier ministre, le ministre d’Etat Paul-Antoine Bohoun Bouabré en tête, ont fait les choses en grand en mettant les petits plats dans les grands pour recevoir la réunion annuelle stratégique de cette institution bancaire régionale. Tout se passe même comme si de ces Assemblées annuelles de la BAD à Abidjan, devait venir la rédemption de notre pays, à commencer par le retour en son siège d’Abidjan, de la banque panafricaine. Tout se passe même comme si c’est la première grande réunion internationale qu’accueille notre Capitale économique depuis que le Président Laurent Gbagbo est devenu Président de la République en 2000. BAD par-ci, BAD par-là, on ne parle en définitive que de la BAD, rien que de la BAD et de ses Assemblées annuelles. Mais enfin, de quoi parle-t-on ? Cette même BAD a toujours été là au Plateau, dans son même siège panafricain depuis les années 1970 sans que cela n’ait ému un seul Ivoirien. En allant au bureau ou faire ses courses au Plateau, chaque Abidjanais a dépassé le siège panafricain de la BAD chaque matin à la rue des banques sans avoir une émotion particulière. Ici à Abidjan, les habitants de la Capitale économique ivoirienne ont toujours été habitués aux ballets incessants et quotidiens des véhicules administratifs aux immatriculations vertes des cadres et agents de cette banque, sans que cela ne dise quoi que ce soit de particulier à qui que ce soit. Pour le commun des Ivoiriens, l’immeuble qui abrite le siège panafricain de la BAD est un building comme tout autre dans une photo du « Small Manhattan » de l’Afrique de l’Ouest qu’est le Plateau. La guerre éclate en septembre 2002, par la faute et la bêtise de ces mêmes Ivoiriens décidés à brûler leur pays sur l’autel de leurs différends politiques, la BAD délocalise devant l’indice d’insécurité montée jusqu’à 4, selon les normes onusiennes. Et voilà que du coup, on commence à pleurer et à courir dans tous les sens pour obtenir son retour en son pays-siège. Sait-on que ces fameuses Assemblées annuelles de la BAD, présentées comme la panacée à tous nos problèmes et dont tout le folklore autour commence à exaspérer plus d’un, la Côte d’Ivoire, en tant que pays-siège, les a organisées au moins une vingtaine de fois, avant 2002, sans que cela ait ému qui que ce soit à Abidjan ? A la vérité, en tant que pays-siège, tous les deux ans, les Assemblées annuelles de la BAD se tenaient à Abidjan jusqu’à la délocalisation. Aujourd’hui, on est obligé d’investir près de 100 milliards FCFA dans la restauration et la rénovation de l’hôtel Ivoire pour accueillir ces Assemblées annuelles, là où cet argent aurait pu servir à la mise à niveau de certaines infrastructures d’Etat qui tombent en désuétude. Comme le dirait l’adage, un seul être vous manque et tout semble se dépeupler autour de vous. La BAD est partie d’Abidjan, et aujourd’hui c’est aux forceps que la Côte d’Ivoire se bat pour la faire revenir en son siège au bord de la lagune Ebrié, Parce qu’entre-temps, après les discours guerriers et autres staccatos des mitraillettes, chacun découvre tout l’impact micro-économique à Abidjan de ses 4000 cadres et agents délocalisés à Tunis. Le marché aux fruits du Plateau, le Port de pêche, l’abattoir de Port-Bouët, les grands supermarchés, les cliniques médicales spécialisées du Plateau comme de Cocody, les grandes écoles high-tech, voilà quelques unes de ces structures qui ont perdu un chiffre d’affaires important avec ce départ sous d’autres cieux de cette banque qui vivait ici à Abidjan tranquillement et dans l’indifférence quasi-générale. Aujourd’hui, la BAD revient pour ses Assemblées annuelles, peut-être le 1er pas vers son retour, et cela éclipse tout à Abidjan. Le contentieux électoral a été relancé. Allez dans les centres CEI, ce n’est pas l’affluence. De cela, nul ne parle. Dans quelques jours, on les reverra, les mêmes, venir parler de dates des élections. Quel gâchis !

Editorial signé JMK AHOUSSOU ahoussoukouassi@yahoo.fr

L’Inter ; mai 25, 2010

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