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AFFAIRE TAGRO: PARODIE D’ENQUETE, MISERABLE JUSTICE IVOIRIENNE

Le lundi 19 juillet 2010 le Procureur de la République, Mr Tchimou, par la voix de son porte parole Diakité Mamadou, a rendu public son rapport d’enquête relative à l’affaire Tagro. Suite à la publication de ce rapport, le mot « Blanchir » a fait la quasi-totalité des UNES de la presse au lendemain de cette publication. Ainsi l’on a pu lire les titres suivants : « Tagro blanchi » (Fraternité Matin), « Désiré Tagro blanchi » (Le jour), « Le parquet blanchit Tagro » (Notre Voie), « Tchimou blanchit Tagro » (Le Nouveau réveil) « La justice Blanchit désiré Tagro » (Le temps),  « Tchimou blanchit désiré Tagro » (Notre heure), « Pourquoi Tagro a été Blanchi » (L’Expression), « Tagro blanchi par le parquet » (Le nouveau courrier).

Pour dénoncer et fustiger cette parodie d’enquête, il faudra au préalable questionner les sens plus ou moins révélateurs du mot blanchir. Dans son sens artistique, blanchir c’est rendre blanc, couvrir d’une couleur blanche. Dans ce cas, le blanc est généralement perçu comme le symbole de la pureté, de ce qui est sans défaut ou péché, et qui, par ce fait, est un signe de beauté, un objet de fascination. Ici se pose la question de savoir de quelle « couleur » était le Ministre avant d’être blanchi. Si blanchir, dans ce premier sens, c’est métaphoriquement rendre beau, cela  révèle t-il que le Ministre présentait une certaine « laideur » morale qui a été occultée ou enjolivée?

Dans son second sens, proche du premier, que l’on peut qualifier de domestique, blanchir c’est rendre propre. C’est dans ce sens que l’on parle de “blanchir le linge“. A ce niveau, deux interrogations se posent : Le fait de rendre propre ne révèle t-il pas une saleté antérieure ? Rendre propre, n’est-ce pas subrepticement reconnaitre la préexistence même de la saleté, de l’impureté?

Dans son troisième sens, qui est judiciaire ou moral, blanchir, c’est disculper une personne, la déclarer innocente ; c’est en clair rejeter toutes les accusations dont elle fait l’objet. Il semble que c’est dans ce sens que l’a employé l’ensemble de la presse. Il se pose ici cinq interrogations: si le procureur a fini par rejeter toutes les « accusations » et les suspicions contre le Ministre Tagro, est-il cependant parvenu à les réfuter ? Les arguments de disculpation mentionnés dans le rapport sont-ils irréfutables ? L’enquête n’a-t-elle pas été fourvoyée, volontairement orientée dans un sens permettant de disculper le Ministre et son Directeur de cabinet ? Dans le fonctionnement normal de la justice, un procureur de la République peut-il réellement blanchir un Ministre, comme le ferait un juge indépendant dans un procès classique ? Si le Ministre n’est pas réellement coupable, peut en déduire qu’il n’est pas responsable ?

L’analyse que nous proposons du rapport d’enquête du Procureur montre bien que Nietzsche a raison de dire que dans la parole habite un paradoxe, une contradiction essentielle. Le silence est ce paradoxe qui habite dans la parole. Parler est un moyen de se taire. L’art de parler pour se taire a été bien exercé par le Procureur Tchimou dans son rapport d’enquête. Il a délibérément décidé d’occulter une partie de la vérité dans toutes ces affaires qui ont fait l’objet de ses enquêtes. Mais amputer la vérité, l’occulter de cette façon, n’est rien d’autre que la preuve d’une parodie de justice.

CONCOURS D’ENTREE A L’ECOLE NATIONALE DE POLICE :

CONTOURNEMENT DU PROBLEME DE FOND

Partons de l’accusation du président de l’Assemblée nationale prononcée le 2 juin dernier à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du colloque qui avait pour thème : « Bilan, enjeu et perspectives de la démocratie en Côte d’Ivoire après vingt ans de multipartisme ». Mr. Mamadou Koulibaly disait ceci :

« (…) à la suite d’un concours d’entrée à l’Ecole de police d’Abidjan, dix des 1.358 admis, sont du même village que le chef de cabinet du ministre de l’Intérieur. Comment expliquer qu’aucun candidat, par le hasard du concours, n’ait été admis dans la sous préfecture de Saïoua alors que le village de Digbam enregistre à lui seul dix réussites ? Cette histoire a été relatée par les populations des villages dont les candidats ont échoué. On peut certes s’interroger sur la véracité des propos mais quoiqu’il en soit, le climat de suspicion devrait être l’occasion d’ouvrir une enquête parlementaire pour tirer au clair le trafic d`influence et la corruption qui entourent les concours d`entrée dans les grandes écoles de la police, de la gendarmerie et de l`administration. J`y suis favorable et j`invite les groupes parlementaires à s`y investir. Cet exemple n’est-il pas la manifestation d’un système corrompu qui tolère qu’un fonctionnaire ivoirien travestisse le concours de l’Ecole nationale de police en un exercice de recrutement des jeunes de sa tribu ? A Saïoua même, cet homme a-t-il consulté les populations pour savoir si elles adhèrent à ce système mafieux ou si elles aspirent à un modèle libéral et juste ? Le tribalisme se marie très bien avec la corruption du système politique. La prison ici n’est pas constituée de barreaux de fer et de murs en béton comme à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). La prison ici est la privation de liberté auto imposée devant les souverains que sont le tribalisme et la corruption.(..) L’Apo s’est embourbé dans ses contradictions congénitales. La responsabilité du ministre Tagro est engagée car c’est lui qui a négocié, discuté, approuvé et conseillé l’Apo. L’échec patent de cet accord devrait amener le ministre Tagro à en tirer les conséquences et démissionner. Un homme politique responsable démissionnerait. (…) Nous devons ensuite faire des élections après avoir modifié la Constitution pour la mettre en conformité avec l’accord de Pretoria et les ordonnances illégales que Désiré Tagro a fait prendre au président de la République (..) Pour cela, Laurent Gbagbo doit changer l’équipe en charge de négocier la sortie de crise. L’équipe qui a piloté l’Apo a atteint ses limites. » (Source : L’Expression du 3 juin 2010)

Dans ce long extrait qu’il est important de citer et de rappeler, le Président Mamadou Koulibaly a deux cibles bien distinctes pour deux sujets qui le sont également. Quand il parle du concours d’entrée à l’école nationale de police, il a pour cible directe Mr BEHIRI Dégbou, Chef de cabinet de Ministre Tagro. Peut-on dire qu’il visait indirectement le Ministre à travers son directeur de cabinet ? Il n’est pas aisée de répondre par l’affirmative à cette interrogation, si l’on considère l’accusation directe qu’il adresse Ministre concernant l’échec de l’Accord politique de Ouagadougou, sensé sortir le pays de la crise survenue depuis le 19 septembre 2002. Toutefois, le Directeur de cabinet étant directement visé, il est clair que le Président Mamadou Koulibaly, à son insu, mettait en cause la responsabilité du ministre Tagro.

Dans l’affaire des admissions au concours d’entrée à l’Ecole nationale de police, le Président Koulibaly ayant choisi pour cible directe le chef de cabinet du Ministre, c’est donc plutôt lui qui « blanchit » en quelque sorte le ministre Désiré Tagro et non le Procureur Tchimou. Mais, en toute logique, le président Mamadou Koulibaly ne saurait « blanchir » le Ministre Tagro avant les conclusions de l’enquête parlementaire qu’il a demandée.

Dans son intervention lors du colloque précédemment évoqué, l’accusation directe que le Président Mamadou Koulibaly adresse au Ministre Tagro est purement politique. C’est ce que nous apprend l’extrait de son discours. Pour lui l’accord politique de Ouagadougou est un « échec patent ». Et le Ministre Tagro, dont la responsabilité est engagée dans la signature et la mise en œuvre de cet accord, doit démissionner ou doit être limogé par le président de la République. Cette mise au point était essentielle pour sortir des amalgames savamment ou inconsciemment entretenus par une certaine presse, certains politiques et une certaine opinion nationale. Cet amalgame a crée un faux accusé pour en faire un « saint ».

Concernant le Directeur de cabinet Mr. BEHIRI Dégbou, le Président Mamadou Koulibaly ne prononce pas une accusation formelle. Il parle plutôt de suspicions de tribalisme et de corruption sur la base d’une information qu’il a reçue de la part de certains natifs de certains  villages des sous-préfectures de Saïoua et de Nahio. Pour vérifier les faits, il s’est dit favorable à une enquête parlementaire, non seulement sur le concours d’entrée à l’école nationale de police, mais aussi sur les concours d’entrée à la gendarmerie nationale et à l’école normale d’administration (ENA).

Si l’enquête visait à confondre le Président Mamadou Koulibaly, elle devait prendre en compte la totalité de sa demande. Elle devait non seulement être parlementaire, mais aussi prendre en compte les suspicions de tribalisme et de corruption dans les concours d’entrée à la police, à la gendarmerie et à l’ENA. Or l’enquête, à la demande du président Gbagbo, a exclusivement pris en compte le concours d’entrée à l’école de police. Il y a à ce niveau recherche partielle de la vérité et matière à suspicion. Rappelons que dans ce cas précis, l’enquête avait pour objet de « déterminer le nombre d’admis, tous corps confondus, au concours d’entrée à l’Ecole nationale de Police session 2007-2009, qui sont originaires des sous-préfectures de Saïoua et Nahio ; Vérifier également si le ministre de l’Intérieur a directement ou indirectement marchandé les places mises au concours ou s’il a fait obstruction aux poursuites engagées contre une personne qui les aurait marchandées. »

Nous constatons que l’enquête a éludé la question de fond qui est le tribalisme et la corruption. Analysons les discours pour le comprendre. La question du tribalisme à été trop simplifiée et volontairement réduite à la tribu restreinte des sous-préfectures de Saïoua et de Nahio. En considérant la tribu réduite et non la tribu élargie de tout le peuple bété auquel appartient Mr. BEHIRI et le Ministre TAGRO, l’on a voulu dégrossir la proportion des candidats d’ethnie « bété » admis à l’école de police. Qui sont les admis bété des sous-préfectures de Gagnoa, Soubré, Ouragahio, Guibéroua, etc.… ? Nous ne le sauront peut-être jamais.

Sur un total de 1505 admis, il y a, selon le rapport d’enquête, 66 admis pour la sous-préfecture de Saïoua et 03 admis pour la sous-préfecture de Nahio, soit un total de 69 admis pour les deux sous-préfectures, ce qui fait 4,6% de la totalité des admis. Ce pourcentage est fort considérable, comparativement aux nombreuses sous-préfectures que compte le pays.

Dans ses propos, le Président Koulibaly disait qu’il a reçu l’information selon laquelle le village du Directeur de cabinet du Ministre Tagro, à savoir Digbam, a eu 10 admis au concours d’entrée à l’école de police. Mais le fait curieux et très suspect est que le rapport d’enquête ne contredit pas cette information. Il l’élude volontaire en gardant le silence sur le nombre d’admis issu particulièrement de ce village. Pour entretenir le flou et camoufler la vérité, le rapport fond le nombre d’admis de ce village (Digbam) dans le nombre total des 69 admis des deux sous-préfectures. C’est ainsi que le rapport d’enquête, dans cette affaire particulière, « blanchit » Mr BEHIRI Dégbou, qui fait l’objet des suspicions du Président Koulibaly.

Le rapport nous apprend que « Monsieur BEHIRI DEGBOU, entendu, a déclaré n’avoir favorisé ni directement ni indirectement les candidats de son village (DIGBAM) admis au concours d’entrée à l’E.N.P. Ce dernier a soutenu qu’il ne les connaissait pas. » Mais le rapport ne dit pas qu’une enquête a été menée dans le village de Mr BEHIRI pour confirmer ses dénégations. Et si le rapport ne mentionne pas une telle enquête sur le terrain, c’est qu’elle n’a pas eu lieu. Cela signifie que l’enquête a été orientée à la faveur de Mr. BEHIRI. Tout témoignage pouvant le confondre a été évité. Mr. BEHIRI soutient ne pas connaître les admis de son village. Mais cette ignorance, même avérée, ne suffit pas pour le disculper. Il peut personnellement ne pas connaître le fils de son cousin ou de son oncle. Mais cela n’empêche pas qu’il intervienne, à leurs demandes, dans l’admission de leurs enfants au concours d’entrée à la police.

A la question de savoir si « Le ministre de l’Intérieur a directement ou indirectement marchandé les places mises au concours ou a fait obstruction aux poursuites engagées contre une personne qui les aurait marchandées », le rapport d’enquête répond par la négative. Il brandit l’argument de l’avis de recherche que le Ministre a lancé contre son demi-frère paternel Mr ZOKOU Gnonka, « dit Tagro Maturin », qui fut son chargé de mission, actuellement poursuivi pour des accusations d’escroquerie relative au concours d’entrée à la police. L’avis de recherche ne suffit pas dans ce cas précis pour « blanchir » le Ministre. Il aurait fallu interroger les officiers de police ou de gendarmerie commis pour sa recherche, pour être situé sur la sincérité de cet avis de recherche. Mais cette interrogation n’a pas été faite. Aucun bénéficiaire d’un marchandage de concours ne saurait bêtement reconnaître les faits, étant donné qu’il est conscient des sanctions qu’il pourra subir. Il est donc normal que les personnes interrogées nient les faits, même si elles en sont bénéficiaires.

ACCUSATION DE DETOURNEMENTS DES FONDS DU HADJ :

UNE ENQUETE VOLONTAIREMENT AMPUTEE

Dans ce cas précis, l’enquête avait pour objet de « déterminer si le Ministre de l’Intérieur a détourné, pour son compte ou pour le compte d’autrui, les sommes d’argent mises à la disposition des éditions 2007, 2008 et 2009 du Hadj et à quel montant s’élèveraient ces détournements.» Dans cette affaire, le procureur a volontairement amputé son enquête d’un audit de gestion financière des fonds destinés à l’organisation du hadj. Il fait lui-même indirectement l’aveu de ne pas être intéressé par la manifestation de la vérité. C’est pourquoi, il n’ordonne pas un audit financier des différentes éditions du hadj, bien qu’il considère un tel audit comme « le préalable  nécessaire à la manifestation de la vérité ». N’est-ce pas pour la manifestation de la vérité que cette enquête a été demandée ou est-ce pour distraire les ivoiriens ? Pour justifier cette absence d’audit, le procureur ne saurait prendre pour prétexte la durée courte prescrite par le commanditaire de l’enquête. Car pour la pleine manifestation de la vérité, il aurait demandé et obtenu une prolongation de la durée de l’enquête. Entendons la déclaration scandaleuse du rapport : « Il (L’agent comptable central du Trésor chargé du contrôle des opérations du Hadj) constate également que la plupart des ordres de paiement émis par l’ordonnateur qui est le Directeur général des Cultes ne comportaient pas de pièces justificatives. A cela s’ajoute le fait qu’aucun contrôle général n’a pu être effectué pour établir la régularité ou non des opérations financières dans le cadre du Hadj; ce qui aurait constitué, en l’espèce, le préalable nécessaire à la manifestation de la vérité. Pour y parvenir un audit financier des différentes éditions du Hadj s’impose. » Comment est-il possible de gérer plus de 11 milliards de FCFA, sans traçabilité des dépenses effectuées, si ce n’est dans l’intention  de voler des grosses sommes d’argent et de surfacturer des dépenses ou de faire des dépenses fictives? Un audit financier aurait permis de faire la lumière sur la bonne gestion ou non des fonds. En cas de détournements des fonds, les différents responsables et coupables seraient connus. Mais nous ne les connaîtrons peut-être jamais. Remarquons que cette déclaration du comptable central du Trésor est gravissime. Sa déclaration révèle comment le Trésor du pays est mal géré et comment s’y opèrent  des détournements de fonds, sans que cela ne laisse de trace. Avec une telle gestion minable et scandaleuse du Trésor public, ne faut-il pas désespérer de la sortie de notre pays du sous- développement chronique? Même s’il est prouvé qu’aucune somme d’argent, concernant le hadj, n’est mise à la disposition du Ministre de l’Intérieur, le rapport révèle indirectement que celui-ci a un mauvais contrôle de la Direction général des cultes placée sous sa tutelle, qui ordonne des décaissements sans lui en produire des justificatifs. Dire qu’il en a un parfait contrôle, c’est reconnaître qu’il cautionne ce mode de gestion très suspect et anormal.

FONDS D’INDEMNISATION DES VICTIMES DES DECHETS TOXIQUES :

ENTRETIEN DU FLOU ARTISTIQUE

 Dans cette affaire, il s’agissait de rechercher « si le ministre de l’Intérieur a détourné les sommes d’argent payées à l’Etat de Côte d’Ivoire par la société TRAFIGURA pour l’indemnisation des victimes des déchets toxiques déversés par le navire Probo Koala » Les victimes économiques ont perçu « 99% du paiement qui leur est dû ». Qu’attend-on pour leurs verser le reliquat de 1% ? 35% (35140 victimes) des victimes humaines n’ont pas encore perçu leur indemnisation. Attend-on que ces victimes meurent pour s’accaparer de leur dû, à l’insu de leurs ayants droit ? Les cas de fraudes constatées dans l’indemnisation des victimes suffisent-ils pour justifier la suspension de celle-ci et pour la maintenir dans une si longue durée (11 mois) ? Quelles sont les projets sociocommunautaires qui ont été réalisés avec la somme de 63.300.000.000 FCFA décaissée des 105 milliards payés par TRAFIGURA ? Ici encore il aurait fallu un audit financier et un audit des projets réalisés pour déterminer si les fonds ont été oui ou non bien gérés. Car les documents produits par l’agent comptable du trésor peuvent ne pas être conforme à la réalité.

COMMISSION DE DIX MILLIARDS VERSEE AU MINISTRE TAGRO ET AU PREMIER MINISTRE : LE REFUS CATEGORIQUE DE MENER UNE ENQUETE SERIEUSE

Dans cette affaire, il était question de « rechercher si le ministre de l’Intérieur a perçu seul ou avec autrui, notamment avec le Premier ministre, la somme de dix milliards de francs CFA qui lui aurait été versée à titre de commissions par la société SAGEM » Selon le rapport, « l’enquête n’a pas permis de vérifier l’existence du paiement d’une telle somme. » Ce discours habile et déconcertant signifie clairement que l’enquête n’a pas voulu vérifier l’existence du paiement d’une telle somme (10 milliards). L’enquête n’a pas voulu vérifier les contenus des comptes bancaires et les biens acquis du Ministre de l’Intérieur et du Premier Ministre, afin d’en déterminer les origines. Toutefois, le procureur, sans avoir pu faire une enquête profonde et sérieuse sur la question, affirme qu’ « il ne peut être reproché au ministre de l’Intérieur d’avoir perçu seul ou avec autrui (notamment le Premier ministre) la somme de dix milliards de francs CFA (10.000.000.000) qui lui aurait été versée à titre de commission par la S.A.G.E.M. Sécurité. » C’est cela le syllogisme de l’avocat des « anges » : tirer une conclusion à partir de fausses prémices.

CONCLUSION

Le tribalisme et la corruption continueront de prospérer en Côte d’Ivoire tant qu’aucune enquête sérieuse ne permettra d’identifier les coupables et les responsables, afin de les sanctionner sévèrement et de dissuader par ces sanctions toutes les personnes qui s’adonnent à de telles pratiques scandaleuses ternissant gravement l’image de la République.

Cette enquête du Procureur de la république n’est rien d’autre qu’une parodie d’enquête, qui révèle encore une fois l’état misérable de notre justice. Il aurait fallu confier une telle enquête à un juge indépendant ; ce qui aurait pu satisfaire la soif de vérité des ivoiriens. Le procureur, nommé par le Président de la République, pour continuer de jouir des privilèges de sa fonction, ne peut que servir les intérêts de celui-ci. En l’occurrence, il ne peut qu’éluder tout ce qui peut mettre en mal la réélection du Président Gbagbo et son image à travers celle de ses plus grands collaborateurs. Aucun coupable, aucun responsable, tout va bien dans le meilleur des mondes possibles…La République est en danger. Car en réalité tout va mal et très mal… En refusant de diagnostiquer le mal, on refuse de soigner la malade. Pauvre Côte-d’Ivoire dois-tu désespérer de la guérison de tes maux chroniques ?

ZEKA TOGUI, COPACI_INFOMAIL ; 21 juillet 2010

« Parce que l’information et la communication influencent le cours de l’histoire, notre devoir est de l’influencer positivement pour le bonheur de l’humanité, par la recherche perpétuelle de l’objectivité et de la vérité, sans toutefois ignorer les dangers du langage. » ZEKA TOGUI

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