31 Octobre, la nouvelle utopie ou le miracle ?

Photo : des supporters du Président Gbagbo à Abidjan, le 6 mars 2010 (Luc Gnago/Reuters)

Côte d’Ivoire- l’élection présidentielle aura lieu le 31 octobre 2010

Le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro a annoncé jeudi que les élections présidentielles en Côte d’Ivoire auraient lieu le 31 octobre, soit cinq ans après la date initialement prévue pour le scrutin.

« C’est sur proposition de la Commission électorale indépendante (CEI) qu’aujourd’hui le conseil a délibéré et a arrêté la date du 31 octobre 2010 comme étant la date de la convocation du collège électoral », a déclaré M. Soro devant la presse.

Mercredi, la Commission électorale indépendante (CEI) avait déjà retenu « en toute responsabilité, le mois d’octobre 2010 comme étant la période propice pour l’organisation de l’élection présidentielle ».  Aucune nouvelle date n’avait toutefois été fixée depuis celle avortée du 29 novembre 2009.

En plus des difficultés liées au processus électoral, la Côte d’Ivoire doit relever le défi de la réunification, en particulier le désarmement des FN qui n’a connu pour l’heure qu’un timide démarrage, en raison officiellement de problèmes de financement.  cette opération devait, selon l’accord de paix signé fin 2008, être achevée deux mois avant le scrutin.

Un redémarrage du conflit n’est donc toujours pas à exclure.

Un coup d’État militaire non plus n’est pas à exclure si cette date venait à ne pas être respectée. Chez les diplomates onusiens, on appelle ça le “scénario de la cassure pour repartir à zéro”. Scénario un moment envisagé lors de la crise de février 2010, suite à la double dissolution du gourvernement et de la Commission Electorale Indépendante (CEI) de facon unilatérale par le président sortant, Laurent Gbagbo. Les chancelleries en étaient déjà informées.

En choisissant le dernier jour du mois d’octobre 2010 comme date de la présidentielle, les acteurs politiques ivoiriens trahissent leur peu d’empressement à organiser la présidentielle.

Avec Agences
Le Journal de Connectionivoirienne.net

Côte d’Ivoire, Présidentielle: Octobre, la nouvelle utopie
© Source : « Le Pays »

Selon certaines sources, la date du 31 octobre prochain serait retenue pour le premier tour de l’élection présidentielle ivoirienne. Faut-il y croire ? Serait-on réellement parvenu à un accord ? Si cela se confirme, élections présidentielles ivoirienne et burkinabè interviendront presque dans la même période.On se souvient que Guillaume Soro, Premier ministre de Côte d’Ivoire, avait confié au journal « Notre Afrik », que ce serait une « catastrophe » s’il n’y avait pas d’élections en Côte d’Ivoire durant l’année 2010. De leur côté, les Houphouëtistes s’étaient également montrés confiants et optimistes ces derniers temps.

On attend surtout de savoir si le clan présidentiel adhère vraiment au nouveau projet. A moins d’avoir lui-même fait cette nouvelle offre, il faudra encore s’attendre à ce que le camp des partisans du président Gbagbo use de tous les artifices pour rejeter cette dernière. Mais alors pourquoi fin octobre ? Voudrait-on se donner bonne conscience et prendre le temps de bien fêter en décembre les 50 ans de la République ? Le chef de l’Etat ivoirien chercherait-il à ménager le médiateur Blaise Compaoré, également candidat à sa propre succession le 21 novembre prochain au Burkina ? Ou bien au contraire, envisagerait-il de lui compliquer les choses, sachant qu’il serait bien occupé par sa propre campagne électorale ?

En tout cas, les reports incessants de la tenue de l’élection présidentielle ont fini par exaspérer. Le ras-le-bol a même gagné les rangs des organisations de la société civile (OSC) dont la Ligue ivoirienne de défense des droits de l’homme (LIDHO). Ces derniers temps, des dirigeants sont montés au créneau pour demander que le 7 août, date du cinquantième anniversaire de l’indépendance, soit considéré comme date butoire pour fixer la date de l’élection présidentielle. Serions-nous encore dans les symboles en Côte d’Ivoire ? L’évolution du contexte ouest- africain ne serait peut-être pas si étrangère à cette évolution des mentalités au bord de la Lagune Ebrié. On le sait, la Mauritanie et le Togo sont parvenus à l’essentiel et sont aujourd’hui en train de travailler à la consolidation progressive de leurs expériences démocratiques. La Guinée est dans l’attente du second tour de l’élection présidentielle et le Niger promet. Tout n’est sans doute pas parfait ici et là ; mais le processus républicain se met quotidiennement en place et les peuples commencent sérieusement à respirer et à espérer. Pourtant, ces pays ont vécu des moments bien pénibles et ont parfois même frisé la catastrophe. En dépit des reproches qu’on peut faire à la classe politique africaine, les dirigeants de ces pays cités précédemment, ont fait violence sur eux-mêmes pour enfin parvenir à sortir tant bien que mal de la crise. Depuis qu’elle s’est trouvée soudainement en panne, la Côte d’Ivoire qui a un long parcours en matière de luttes démocratiques, continue quant à elle de « piétiner », incapable de relever la tête pour faire face aux défis nouveaux. A notre sens, ce contexte ouest-africain peut avoir fouetté un peu l’ego des Ivoiriens.

Le clan présidentiel, on le sait, a toujours fait preuve d’un manque réel de volonté politique. Jusque-là, le président Gbagbo a su manager pour être aux premières loges. C’était devenu manifeste qu’il entendait demeurer à son poste afin de conduire lui-même les festivités commémorant le cinquantième anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. L’homme s’était certainement juré de laisser sa marque à l’occasion de ces 50 ans d’anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire. Qu’importe que son mandat émane ou pas du peuple ivoirien ! L’Afrique et le monde entier devront en prendre acte. Mais que retiendra l’histoire de la gestion de cet homme qui, somme toute, aura laissé dans son sillage de nombreux morts dont des anonymes, des compagnons de lutte et des journalistes ? En tout cas, de toutes les commémorations ayant cours à travers l’Afrique, ce cinquantenaire demeurera dans les esprits comme étant le plus triste et le plus pitoyable. Et pour cause : sur presque tous les plans, la Côte d’Ivoire se trouve dans l’impasse. Vraiment, le peuple ivoirien ne mérite pas un tel bilan ! De quoi en arriver à regretter le premier anniversaire fêté sous le règne du Vieux Houphouët Boigny. Les faits le montrent : Laurent Gbagbo n’a d’yeux que pour lui-même. Le peuple ivoirien et son destin lui importent peu. Sinon, il aurait relevé le défi de l’organisation rapide des élections. La chose dure en effet depuis plusieurs années. Les Ivoiriens et la communauté internationale se seront donc démenés pour rien. L’homme en fait toujours à sa tête. Et il ne faut pas s’attendre à le voir enfin se décider s’il n’est pas certain de remporter ces élections.

Gbagbo l’a suffisamment montré : il ne reculera devant rien pour se succéder à lui-même. Dommage pour ce socialiste qui se prétend démocrate et proche du peuple, lequel souffre depuis belle lurette de l’incapacité de ses dirigeants à sortir de la crise, et à résoudre les problèmes qui s’amoncellent jour après jour. Sans avoir été élu, il continue de gouverner sans gêne et sans scrupules depuis cinq ans un pays qui se désagrège.

Comment donc se fier au clan Gbagbo ? Que trouvera-t-il de nouveau comme artifice pour rejeter la nouvelle offre ? Le contentieux électoral ? Des diatribes avec les forces nouvelles qui ont récemment enregistré le retrait officiel de Guillaume Soro de la tête de l’organisation ? Le ramadan et ses suites ? Que peuvent les OSC face à des gouvernants qui se sont jusque-là montrés indifférents au sort de leur peuple, et sourds aux nombreux appels de la communauté internationale ? Maintes fois, nous l’avons souligné dans ces colonnes : le peuple ivoirien et les Africains dans leur ensemble sont fatigués des atermoiements d’un clan présidentiel qui a montré ses limites tant en matière de démocratie que des libertés en particulier. Ce n’est vraiment pas pour rien que le président américain Barack Obama, pourtant nouveau venu sur la scène diplomatique internationale, s’évertue à interpeller la conscience des dirigeants africains. Il faut mettre fin à ces incessants retours en arrière qui ridiculisent tout un continent, et hypothèquent l’avenir des générations montantes. Laurent Gbagbo et ses partisans oseront-ils s’assumer ? Prendront-ils enfin le risque de se soumettre au diktat de l’urne ? En respecteront-ils le verdict ? Quel poids réel l’élection présidentielle burkinabè de novembre 2010 a-t-elle sur la date du scrutin en Côte d’Ivoire ? Le 31 octobre 2010 : miracle ou utopie ? C’est le wait and see
© Source : « Le Pays »

La Côte d’Ivoire annonce enfin la date d’élections à haut risque
Tribune des droits humains Par Par Gilles Olakounlé Yabi | InfoSud | 06/08/2010
Rue89

Maintes fois repoussé, le scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire devrait se tenir le 31 octobre. Une perspective qui ne devrait pas arranger une élite, qui s’est enrichie grâce au statu quo actuel.
Malgré les apparences d’un retour à la normale, aucun des problèmes de fond de la crise ivoirienne, qui a pris la tournure d’une guerre civile intermittente de 2002 à 2003, et même d’une mini-guerre avec la France de Jacques Chirac hostile au Président Laurent Gbagbo en novembre 2004, n’a été résolu par un processus de paix interminable.

C’est que la majeure partie des acteurs politiques et militaires ivoiriens -ceux dont les opinions et les actes peuvent influencer le calendrier et les modalités de sortie de crise-, se sont formidablement adaptés à la situation incongrue du pays.

Normalisation redoutée par certains
Nombreux sont ceux à s’être enrichis de façon considérable à chacune des phases de la crise politique, et qui redoutent aujourd’hui une réelle normalisation synonyme d’organisation d’une élection présidentielle et de législatives, d’une restauration effective de l’autorité de l’État sur tout le territoire et de la disparition de toutes les pratiques malsaines que chacun justifie par « la crise ».

L’élection présidentielle, reportée systématiquement depuis cinq ans, vient finalement d’être programmée pour le 31 octobre. Mais les réclamations actuelles concernant les listes électorales définitives, sur lesquelles de nombreux votants fictifs seraient inscrits, pourront-elles être traitées à temps ? Rien n’est moins sûr.

Le Président Gbagbo, élu en octobre 2000, tient solidement les rênes à Abidjan et dispose de deux armes essentielles en tant que chef d’État en exercice, certes de moins en moins légitime : l’autorité sur les forces de défense et de sécurité et la puissance financière liée à la fonction présidentielle et au maintien de la capacité de l’économie ivoirienne à créer des richesses malgré tout.

S’il n’est pas certain de gagner l’élection -et rien n’indique qu’il le soit-, le Président n’a aucune raison de se presser d’y aller. Le Premier ministre nommé depuis 2007 en vertu d’un accord de paix, Guillaume Soro, qui a mené la rébellion armée contre Gbagbo, donne le sentiment de faire ce qu’il peut en tant que chef de gouvernement pour organiser le scrutin dès que possible, mais lui non plus n’a aucune raison de se précipiter vers un avenir incertain.

Quant aux deux principaux adversaires déclarés de Gbagbo, l’ancien Premier ministre Alassane Ouattara et l’ancien Président Henri Konan Bédié, ils sont certes davantage pressés d’aller aux urnes que le sortant mais ils avaient peu de prise sur le calendrier. Et eux aussi, ainsi que les cadres de leurs partis politiques, font partie de cette élite dont la vie quotidienne plus que confortable ne pousse pas à une folle audace.

Despotisme éclairé d’Houphouët-Boigny
Au moment de faire le bilan du cinquantenaire de l’indépendance le 7 août 2010, la classe politique des années 1990-2010 ne peut que méditer sur l’état lamentable dans lequel elle a collectivement mené ce pays de cocagne. Les responsabilités individuelles sont différentes d’un acteur à l’autre, mais le résultat est là : ils ont détruit avec obstination ce que le despotisme cynique, couvé par la France, mais éclairé de Félix Houphouët-Boigny avait fait de la Côte d’Ivoire en 33 ans de pouvoir.

L’essentiel des infrastructures publiques qui placent aujourd’hui encore ce pays devant tous ses voisins francophones date des deux premières décennies de prospérité de l’ère du « Vieux ». La relative qualité des ressources humaines dans l’administration et dans le secteur privé est aussi le résultat des investissements massifs faits à l’époque dans le système éducatif, de la politique d’attraction des cadres formés dans le pays et à l’étranger et des incitations qui ont encouragé l’enrichissement individuel par le travail.

Gâchis africain du dernier demi-siècle
La déliquescence de l’économie, la remise en cause brutale du contrat qui permettait la cohabitation pacifique sur le sol ivoirien des différentes communautés ethniques nationales et de celles issues de l’immigration ouest-africaine, la montée des violences politiques au début des années 90, l’installation de la culture de la distribution de prébendes pour acheter la tranquillité politique et sociale ont tous commencé sous le règne d’Houphouët-Boigny.

Le « Père de la nation » a donc sa part de responsabilité dans la décadence qui a suivi son décès. Mais les nouveaux maîtres de la maison Ivoire, toujours première productrice mondiale de cacao, auraient pu et auraient dû bâtir sur les aspects positifs du bilan du « Vieux » et liquider les tares de sa gouvernance.

Lorsqu’affleurera l’impact réel de la bataille des dirigeants ivoiriens pour la présidence au cours des quinze dernières années -celui de la banalisation de la violence, de la criminalisation de l’État, de l’abandon des campus universitaires à une organisation étudiante mafieuse, du sacrifice des investissements publics, des excès dans toutes les formes de corruption-, les lumières du Plateau, les coquettes villas des quartiers huppés, les boîtes de nuit délurées du secteur des expatriés français, les douzaines de bières alignées sur les tables des « maquis » et la très dansante musique ivoirienne, ne suffiront plus à cacher l’un des plus énormes gâchis africains du dernier demi-siècle.

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