Cpi: La déclaration de Mangou sur le deal Tagro - Zakaria - ''IB''

 
Cpi: La déclaration de Mangou sur le deal Tagro - Zakaria - ''IB'' et le commando invisible
 
Le Général Philippe Mangou s'est promis de dire tout ce qu'il sait sur la crise ivoirienne pour l'éclosion de la vérité

L'ex-chef d'état-major des Armée, le Génral Philippe Mangou vole de révélations en révélations sur la crise post-électorale en Côte d'Ivoire devant devant la Cour pénale internationale où il est auditionné en tant que témoin dans le procès de l'ex-président Ivoirien, Laurent Gbagbo et son dernier ministre de la jeunesse, Blé Goudé. Ci-dessous, l'intégralité de sa déclaration sur le commando invisible et la mort tragique de l'ancien ministre Désiré Tagro.

Le deal avec Koné Zakaria et IB qui a créé le commando invisible

 

« Concernant Abobo, il y a eu des infiltrations. J'ai rencontré le président Gbagbo le 11 mars au Palais. Ensuite, le 10 décembre Il y a eu des infiltrations. Je sais ceux qui se sont infiltrés pour s'installer à Abobo. Lorsque j'ai été questionné le 9 août 2011, deux questions m'ont été posées. La première était de savoir qui était le chef du commando invisible. Je l'ai su à la fin de la crise post-électorale. La seconde était de savoir qui compose le Commando invisible. J'avais dit non, je ne sais pas.

Mais, aujourd'hui, je suis en mesure de vous dire que le président Gbagbo a financé accidentellement, je dis bien accidentellement, le Commando invisible.

(...) Le 10 décembre 2010, le Président Gbagbo m'appelle et me demande de venir le voir à son bureau, aux environs de 13h30. Quand j'arrive je trouve le président Gbagbo, sur sa table de travail avec à ses côtés feu le ministre Tagro.

Il me dit ceci textuellement : « Tagro revient d'une mission du Togo où il a rencontré dans sa chambre d'hôtel Koné Zakaria. Après avoir parlé avec lui, Koné Zakaria est d'accord moyennant 500 millions f cfa en vue de s'acheter des armes, des munitions et autres, de désorganiser le dispositif des Forces républicaines de Côte d'Ivoire, c'est-à-dire les ex-FAFN, à l'Est de la Côte d'Ivoire ».

Il me demandait de lui indiquer un point à partir duquel Koné Zakaria commencerait son action. Surpris par une telle demande, je lui ai dit : « si vous avez cet argent, remettez-le nous ! Vous savez que nous n'avons pas d'armes et de munitions. Pourquoi c'est par l'Est de la Côte d'Ivoire qu'il a décidé de commencer son action ? » Le ministre Tagro me dit : « c'est par là qu'il a décidé de commencer son action ». J'ai dit au président : « je m'excuse, je n'ai pas de carte sous les yeux pour vous indiquer le point à partir duquel Koné Zakaria allait commencer son action ».

Certainement agacé par mes questions et mes réponses, le président Gbagbo a dit au ministre Tagro : «  s'il ne croit pas, donne lui le numéro de Koné Zakaria, il va appeler pour voir ». Tagro me remet le numéro de Koné Zakaria. Je descends les marches. Je me retrouve sur le perron du palais. En attendant que mon chauffeur vienne me prendre, j'ai été rejoint par un monsieur d'une cinquantaine d'années qui, après m'avoir salué, me dit : « mon général c'est moi qui ai mi Zakaria et le ministre Tagro en contact. Zakaria est prêt à travailler avec IB, et IB est d'accord. Mon général, le temps presse ».

Je monte dans mon véhicule. Arrivé à Yopougon, je remets le numéro à mon chef de sécurité et je lui dis : « C'est le numéro de Zakaria, appelle-le pour voir si c'est bien lui ».

Quand il appelle il dit « mon Général, c'est lui ». Zakaria et moi avons l'habitude de nous appelle classe. Quand je prends le téléphone, je dis : « allo ». Il me répond : « Classe, j'attends l'argent pour commencer le travail ».

Cela veut dire que quand je suis parti de la Présidence de la République, quelqu'un l'a appelé pour lui dire que je l’appellerais.

Il y a eu effectivement collusion entre ‘’IB’’ et Koné Zakaria pour l'opération au niveau d'Abobo. A court de logistique, Koné Zakaria va user de ruse et de perfidie pour faire croire au président Laurent Gbagbo et au ministre Tagro qu'il va mener une action qui serait favorable au nord-est. Mais, au lieu de cette action, ils sont descendus tout simplement au sud-est pour mener l'opération au niveau d'Abobo. L'argent remis a servi à l'infiltration des éléments de Zakaria. Un certain Ferré Konaté, de son nom Malinké, Mélékè, qui veut dire ‘’l'ange qui retire la vie’’. Un analphabète dont les propos sont traduits par son adjoint, un certain Coulibaly Youssouf qui se vante d'avoir égorgé les éléments des forces de défense et de sécurité.

 

Des révélations sur la mort de Désiré Tagro

 

C'est le même Koné Zakaria qui, lorsque je suis allé au Golf, le 12 avril 2011, pour faire allégeance au nouveau président de la République, assis dans l'après-midi sous un arbre, viendra me trouver et me dire : « Classe, nous avons pris Tagro, mais il s'est tiré une balle dans la tête ».

(émotion)

Alors : je demande comment est-ce possible ? Pourquoi l'a-t-il fait ? Était-il armé ? Est-il mort ? L'intéressé se contentera de me dire : « Non, nous l'avons transporté dans une clinique.

J'en ai profité pour lui demander : est-ce qu'on t'a donné l'argent ? Il a répondu par l'affirmative.

Vu le milieu dans lequel on était, je n'ai pas demandé : combien il a perçu.

Cette information qu'il m'a donnée, M. le président, pour moi, ressemble à un aveu d'impuissance, de quelqu'un qui se serait retrouvé face à son bienfaiteur, mais pour qui, malheureusement il n'a pas pu faire grande chose parce que lui-même se serait tiré une balle dans la bouche.

Je ne connais pas les assassins de Tagro. Je n'en connais pas les circonstances, mais la mort de ce grand homme d’État qui a toujours œuvré pour l'avènement de la paix, me chiffonne. Et chaque fois que je ferme le visage, je revois ce menton ensanglanté, et le geste que fait Tagro quand on lui a tiré une balle dans la bouche.

Cela me revient, et ma conscience me travaille sans cesse. J'ai décidé aujourd'hui de libérer la conscience.

Une question me taraude l'esprit: est-ce qu'à un moment donné de la crise, Tagro ne s'est pas retrouvé face à un sachant qui, sans intention de lui donner la mort, a voulu tout simplement le faire taire. Je me pose cette question.

Voilà comment nous étions : manipulés le matin à nous battre, à nous entre-tuer, le soir venu, dans les pays étrangers, on se retrouvait dans les pays étrangers, on leur donnait les moyens qui se retournaient contre nous.

 

Retranscrit par K.C

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