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Affaire Gbagbo et Blé Goudé: La Cpi livre ses craintes en pleine audience

 

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Le Bureau de la Procureure de la Cour pénale internationale (Cpi) ne souhaite pas voir le procès commun de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé se tenir en octobre prochain.
Eric Mc Donald, membre de l'équipe de la juriste gambienne, a fait savoir à la Cour que cette date n'est pas la mieux indiquée. Notamment, du fait de l'élection présidentielle ivoirienne. C'était mardi 21 avril 2015, au cours de la première conférence de mise en l'état dans l'affaire Gbagbo et Blé Goudé. « La Cour ne souhaite pas être à la Une des journaux ivoiriens pendant l'élection présidentielle », a déclaré Eric Mc Donald qui a également brandi les éventuelles menaces que pourrait faire peser le procès sur le processus électoral. « On va parler d'élections où il y a eu des violences au cours d'une élection, a indiqué le collaborateur de Fatou Bensouda. Les rapports de la presse ivoirienne indiquent que des hommes politiques viennent souvent rendre visite à M. Gbagbo. Certains suggèrent même qu'il pourrait être candidat à cette élection ». Le juriste canadien a, fort de ces arguments, demandé à la Cour de porter son choix sur le mois de janvier 2016 pour l'ouverture du procès.
Sur la question des témoins et des preuves, Eric Mc Donald a fait savoir à la Cour, présidée par le Trinidadien, Geoffrey Henderson, que de nouvelles vidéos du massacre des femmes d'Abobo sont en possession de l'accusation. A l'en croire, celles-ci permettent plus que les précédentes, d'établir la culpabilité des forces pro-Gbagbo. «  L’accusation a enfin obtenu une version haute définition d’une vidéo et cela porte sur les événements du 3 mars (2011) sur les actions des Fds (Forces de Défense et de sécurité, Ndlr). On voit des images beaucoup plus nettes parce que les vidéos sont de meilleure (qualité)», a-t-il fait savoir. En outre, l'équipe de l'Accusation a indiqué mener des actions pour obtenir le témoignage de deux témoins jugés importants. «Les enquêtes de l’accusation sont terminées, je peux le dire. Mais, il reste deux témoins que l’accusation essaie, dans la mesure du possible, d’interviewer. Nous ne cherchons pas des éléments de preuves supplémentaires, mais nous consolidons les éléments déjà obtenus par des enquêtes médico-légales», a dit le substitut de Bensouda. Eric Mc Donald a, par ailleurs, affirmé à la Cour, que l'Accusation entend s'appuyer sur 120 témoins au total.
Cette audience qui a duré un peu plus de 5 heures, avait à son ordre du jour, 9 points. Le plus « important », comme l'a signifié le juge Trinidadien, était celui relatif à l'ouverture du procès.

La défense veut un procès en 2016

 

Sur la question, Emmanuel Altit et Gert Alexander Knoops, respectivement avocat de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ont plaidé pour une ouverture des débats courant 2016. « Nous avons intérêt à ce que ce procès se fasse vite et bien. Laurent Gbagbo est en prison depuis longtemps. Si nous sommes là, ce n’est pas du fait de la défense (…). Le temps nécessaire à la défense est incompressible. Nous avons fait un calcul pour dire ce dont nous avons besoin : 240 jours ouvrés, c’est-à-dire 11 mois ? Nous pourrions être prêts en avril 2014. Avant ce ne serait pas réaliste », a expliqué Me Altit.

 

L’avocat néerlandais de Charles Blé Goudé n’a pas dit autre chose. Il a également souhaité voir ce procès des deux personnalités s’ouvrir au cours de l’année prochaine, sans toute fois donner sa préférence pour un mois particulier contrairement à son confrère du camp Gbagbo. « Tous les mois en plus nous seraient utiles. Mais, je dirais au minimum janvier. Mais, je suis d’accord avec Me Altit qui propose le 21 avril de l’année prochaine. Ce calcul est très réaliste » a ajouté l’homme de droit qui a rappelé à la Cour que la défense a en tout 92 000 pages de preuves à éplucher ainsi que 120 témoins pour qui, elle doit préparer un contre interrogatoire. Présent à cette audience contrairement à son mentor, Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé n’a cependant pas suivi intégralement les débats Avant de se retirer , le leader du congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (COJEP) s’est adressé à la Cour. « Pour savoir la couleur du crapaud, il faut venir au bord de la rivière. C’est pourquoi je suis là, mais je vais me retirer. Ce n’est pas du tout par manque de respect que je m’en vais. C’est avec beaucoup d’intérêt que je suis cette autre parenthèse de ma vie, qui engage la vie de millions d’ivoiriens qui ont les oreilles tendues vers ici. Je me retire, sachez que mon corps n’est pas là mais mes oreilles sont ici », a signifié Charles Blé Goudé.

 

Abraham Kouassi,  source : Soir Info

 

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