Merci Prési

Prési, permet moi de m’adresser à toi comme on le fait avec un ami, car tu n’es pas que le Président de la Côte d’Ivoire, mais tu es aussi l’ami de chaque habitant de ce beau pays qu’est la Côte d’Ivoire. Je vais donc te parler avec franchise du fond de mon cœur comme on le fait avec un ami.

Merci prési d’avoir mis fin à 26 ans d’injustice en débloquant les salaires des fonctionnaires. Ce déblocage va donner du pouvoir d’achat aux fonctionnaires qui vont trouver dans la continuité des avancements une source de motivation dans l’exercice de leurs tâches quotidiennes. Car l’émergence, ce n’est pas seulement la construction de ponts et de routes  mais c’est aussi le bien être des populations dans leur diversité sociale et leur capacité à consommer. Merci d’avoir augmenté le Smig qui est passé de 33 000fcfa à 60 000fcfa. Je t’exhorte à continuer dans ce sens où chaque ivoirien quelque soit son rang social puisse jouir des fruits de la croissance induite par ta politique économique.

Prési, une assurance maladie universelle doit avoir une vocation de solidarité sociale. C’est-à-dire que les plus riches aident les plus pauvres à se soigner dans les mêmes conditions. Pour atteindre cet objectif, les cotisations doivent être proportionnelles aux revenus de chacun. Ce qui n’est pas le cas pour ta CMU (caisse de maladie universelle) où chaque adhérent doit cotiser 1000fcfa à partir de 5ans. Un exemple : je prends le cas de deux adhérents ; l’un a deux femmes et 10 enfants de plus de 5ans et gagne un salaire de 100 000fcfa par mois et l’autre n’a qu’une femme et 2 enfants avec un salaire de un million. Celui qui a 100 000fcfa par mois aura une cotisation mensuelle de 13 000fcfa alors l’autre n’aura que 4000fcfa à payer. Tu penses vraiment que ces deux individus seront intéressés par ta CMU ? Pas pour les mêmes raisons. L’un pour des raisons de précarité sociale et l’autre parce qu’il a les moyens de souscrire à une assurance privée pour se soigner dans les meilleures cliniques du pays parce qu’on a appris dans les journaux que la CMU ne couvrira que les soins dans les Hôpitaux publiques où le plateau technique pause problème. Je pense, Prési qu’on peut réfléchir à un système plus social, accessible et qui offre des soins de qualité à tous les ivoiriens car la CMU ne fera que confirmer et renforcer la discrimination des ivoiriens par rapport à l’offre de soins. Cette CMU me laisse perplexe quant à sa réussite. Je pense que ça sera un échec. J’espère me tromper.

Merci Prési d’avoir relancé les grands travaux d’infrastructures (routes, ponts, électricité …) car depuis une quinzaine d’années il n’y a pas eu d’investissement dans ce domaine. Ce qui a été préjudiciable à notre économie, la rendant moins compétitive. Ce sont les travaux réalisés sous le Président Houphouet Boigny qui ont conféré à la Côte d’Ivoire une base économique solide. A l’époque, ce développement figurant de la Côte d’Ivoire avait été qualifié de miracle économique. La Côte d’Ivoire a beaucoup de potentialité économique et elle a les capacités pour devenir un pays émergent. Pour cela, il faut que la gouvernance soit améliorée par le renforcement des instruments de transparence, de contrôle et de sanctions. J’estime que le peuple n’est pas suffisamment informé sur la gestion financière des différentes structures de l’Etat (ministères, EPN, institutions, sociétés d’Etat …).

Prési, tu veux faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent en 2020. Pour atteindre cet objectif noble et ambitieux tu dois mener une lutte farouche et sans calcul politique contre la corruption et les détournements de deniers publics, surtout au sommet de l’Etat parce que les gouvernants ont le devoir d’être un exemple pour la jeunesse ivoirienne. Tu sais que la corruption est un frein au développement économique. Pour le moment, je ne te sens pas vraiment engagé dans ce combat. C’est bien de démettre un responsable sur qui pèse de lourds soupçons de corruption ou de détournement de deniers publics, comme ça été le cas de l’affaire des primes impayés des footballeurs ; il y a eu aussi le cas du concours professionnel d’entrée à l’ENA, la directrice a été demie de ses fonctions sans qu’on sache exactement ce qui s’est passé. Je m’arrête à ces deux cas emblématiques. Prési, ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas en déplaçant les pions qu’on peut lutter efficacement contre ce cancer de l’économie. Il faut une suite judiciaire à toutes ces affaires. C’est ce que le peuple attend de toi. « On ne doit pas bouffer son argent cadeau ».Tu as crée la Haute Autorité de la Bonne Gouvernance. C’est une bonne chose, mais comme on le dit chez nous, c’est au pied du mur on voit le vrai maçon. J’espère que les rapports de cette institution auront pour premier destinataire le peuple et non  la présidence de manière confidentielle comme c’est le cas du rapport de la Chambre des Comptes. Ce que je n’ai jamais compris. J’espère que cette Haute Autorité de la Bonne Gouvernance ne sera pas un  «machin » de plus qui cacherait la forêt très dense de la corruption endémique de la Côte d’Ivoire et des détournements des deniers publiques devenus sport national. Prési, je sais que tu n’es pas au courant, mais sache que les places aux concours administratifs continuent d’être l’objet de transactions financières, de même que les mutations dans certaines villes et dans certaines structures administratives. La corruption est devenue un phénomène culturel. Pour  diminuer drastiquement son importance, il faut une thérapie de choc ; sinon, l’émergence qu’ambitionne la Côte d’Ivoire en 2020 ne sera qu’un leurre.

Prési, merci car la Côte d’Ivoire est redevenue attractive. Des entreprises s’installent ou renforcent leur position par des investissements créateurs d’emplois. La croissance est forte. Mais, malheureusement la population ne perçoit pas encore suffisamment dans son vécu quotidien  les retombées de cette embellie économique. La création d’emplois pour les jeunes diplômés demeure timide.  Prési, je suis conscient qu’on ne peut pas rattraper en cinq ans plus de dix années de destruction de notre pays. Mais le peuple n’a pas cette patience quant il a la conviction que ses dirigeants roule sur l’or.

Prési, dans l’introduction de ton programme de gouvernement lors de la campagne électorale de 2010, tu as écris ceci : « Nous avons un devoir d’urgence de soigner cette maman qui n’a que trop souffert de la division de ses fils et de ses filles. Et pour ce faire, nous nous sommes engagés dans la bataille politique pour recoudre le tissu social qui s’est effiloché au fil du temps, qui n’arrive plus à résister aux vents contraires et qui, manifestement, risque d’entrer dans un trou d’air ». Pour éviter d’entrer dans un trou d’air, à mon humble niveau, je te fais les propositions suivantes :

  • La publication dans son intégralité du rapport de la commission vérité et réconciliation. Chaque ivoirien doit pouvoir avoir la possibilité de consulter ce rapport pour savoir ce qui s’est réellement passé, à quel niveau se situe les responsabilités et les propositions de la commission pour que la Côte d’Ivoire ne plonge plus jamais dans ce cauchemar. 
  • Rendre une visite historique et mémorable à ton prédécesseur, le Président Gbagbo Laurent à la Haye dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire pour faire baisser la tension socio-politique. Cette rencontre devant être sanctionnée d’un communiqué commun appelant les ivoiriens au pardon, à la réconciliation, à la cohésion nationale, au vivre ensemble et à la paix malgré nos différences sociales, politiques, religieuses et ethniques. Du courage, il en faut ; de l’humilité, il en faut ; pour la Côte d’Ivoire, il le faut. Car je suis convaincu que cette rencontre, même s’il ne fait pas beaucoup d’émule dans l’opinion publique, est nécessaire et indispensable pour booster fortement le processus de réconciliation nationale.
  • Juger tous ceux qui ont commis des crimes lors de la crise post-électorale quelque soit leur bord politique. Pour cela, la justice ivoirienne doit être dotée des moyens de ses ambitions d’une justice impartiale rendue au nom du peuple, d’une justice qui inspire confiance aux citoyens. Ce qui n’est pas tout à fait le cas actuellement. Pour atteindre cette objectif, il faut une reforme de la justice dans le sens du renforcement de son indépendance. La Constitution de 2000 dans son article 104, stipule que le Chef de l’Etat, Chef du pouvoir exécutif, préside le conseil supérieur de la magistrature et  est le garant de l’indépendance de la magistrature. Ce qui est une aberration car la même constitution, en son article 101 consacre l’indépendance des pouvoirs exécutif,  législatif et judiciaire. Cet article doit donc être modifié. Prési, tu pourras par exemple prendre un décret pour revoir la désignation des membres des institutions judiciaires. Cette désignation pourrait se faire par la représentation nationale (assemblée nationale) à la majorité des deux tiers sur proposition du Président de la République. Prési, je suis convaincu que la mise en œuvre de ces trois propositions pourra faire sortir la Côte d’Ivoire définitivement de cette spirale de violence socio-politique qui pèse sur le pays comme une épée de Damoclès.
  • La télévision publique ivoirienne, depuis que je suis en âge de la regarder, depuis le premier président ivoirien (Houphouet Boigny), en passant par Bédié, Guéi, Gbagbo n'a pas changer dans sa conception du traitement de l'information. La pluralité de l'information n'existe pas dans son microscosme. La télévision publique ivoirienne est depuis toujours le porte parole du gouvernement et l'instrument de propagande politique du parti au pouvoir. La télévision publique ivoirienne ne reflète pas du tout la pluralité des opinions du peuple. La télévision publique ivoirienne doit ouvrir le débat publique, que se soit politique, économique ou social à toute les opinions pour refleter la puralité de l'opinion publique ivoirienne, pour être en concordance avec une Côte d'Ivoire qui se veut démocratique et émergente.

Je te souhaite du courage, de l’humilité pour recoudre efficacement et durablement le tissu social ivoirien, de continuer à renforcer et à densifier la mise en œuvre de ton ambitieux programme d’une Côte d’Ivoire émergente en 2020 pour le bonheur et la prospérité de chaque habitant de cette terre d’Eburnie.

Merci Prési et rendez-vous en octobre 2020 pour le bilan final que j’espère qu’il sera à la hauteur de ton ambition de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent en 2020 car ta réélection en octobre 2015 ne fait l'ombre d'aucun doute.

Par un citoyen ivoirien.

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