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Crimes contre l`humanite / Frci, FDS, miliciens, tous accusés : Eugène Djué, Blé Goudé, Kadet Bertin,Gossio...épinglés

L'enquête des Nations Unies sur les violences post-électorales est bouclée; elle sera rendue publique le mercredi 15 juin prochain, après être passée devant le Conseil de sécurité. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle est accablante pour toutes les parties qui ont fait la guerre. Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci), ex- Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire (Fds), miliciens, tous sont tenus pour responsables de graves violations des droits de l'homme voire de crimes contre l'humanité. Vitit Muntarbhorn, Suliman Ali Baldo et Mme Reine Alapini-Gansou, les auteurs du rapport, ont épinglé indistinctement tous les auteurs de crimes de guerre et violations des droits de l'homme, après avoir séjourné en Côte d'Ivoire du 4 au 28 mai. Après avoir recueilli des témoignages sur les différents théâtres des affrontements ( Duékoué et Yopougon notamment), ils sont arrivés à la conclusion que les combattants pro-Gbagbo tout comme les forces pro-Outtara se sont rendus coupables de toutes sortes d'exactions. A Duékoué, des atrocités ont été commises par les milices de l'Ouest (Apwê, Miloci, Flgo, Uprgo), appuyés par des mercenaires libériens du Model et de Lima. Plusieurs personnes ont été ainsi tuées sur des bases ethniques ou en fonction de leur appartenance politique. A en croire les auteurs du rapport, les miliciens ont été financés par des pontes de l'ancien régime. « Selon les informations reçues de sources crédibles, le Conseiller spécial du Président Gbagbo, Kadet Bertin, ainsi que le Directeur général du port d’Abidjan, Marcel Gossio, ont contribué au financement et à l’armement des milices », accusent-ils. .Par ailleurs, une fois la ville de Duékoué conquise, les Frci se sont elles aussi livrées à des exactions en tout genre. « D’après des témoignages concordants des parents des victimes, une fois le quartier pris par les FRCI, ils ont ordonné aux femmes et aux petits enfants de partir vers la mission catholique, leur demandant de scander le mot « guerrier ».Après les combats, des FRCI, accompagnés par des Dozos et des éléments armés appartenant à des milices Malinké ont fait des perquisitions arrêtant les personnes considérées comme appartenant aux FDS. Certaines ont été exécutées sur le champ. », relèvent les enquêteurs. A Abidjan, d'autres atrocités sont imputées aux miliciens, constitués pour l'essentiel de jeunes patriotes, d'étudiants de la Fesci. Charles Blé Goudé est accusé d'avoir appelé ces jeunes à s'engager dans ces milices. « L’appel de l’Ancien Ministre de la Jeunesse, M. Blé Goudé le 19 mars 2011 a conduit des milliers de jeunes, notamment des élèves et des étudiants, parfois mineurs, à s’enrôler dans les milices », note le rapport. Après avoir fait le tour des sites ayant été dévastés par la guerre, les enquêteurs sont arrivés à la conclusion que certaines exactions peuvent être considérées comme des crimes contre l'humanité, comme en témoigne ce passage du rapport: « Les crimes graves tels les meurtres et viols ayant eu lieu lors des attaques généralisées et systématiques contre des populations ciblées sur la base de leurs sympathies politiques supposées ou de leur appartenance ethnique pourraient constituer des crimes contre l’humanité. Dans ce cadre, la Commission a relevé en particulier les attaques des éléments FDS avec des miliciens et mercenaires alliés contre les populations de quartiers d’Abobo et de Yopougon à Abidjan, en particulier le quartier PK 18 et le village Sikasso à Abidjan ; les pillages et tueries par des éléments du commando invisible contre le village Ebrié, Anonkoua-Kouté; dans l’axe Duékoué – Toulepleu : les attaques et exactions par les FRCI et leurs alliés contre les populations d’origine Guéré et la destruction de biens de ces derniers. Certains de ces évènements pourraient constituer des crimes contre l’humanité ». Par ailleurs, les enquêteurs ont relevé le rôle néfaste des médias, notamment de la Rti (radio-télévision ivoirienne) dans la survenue de la guerre. « Sous prétexte de défendre la souveraineté nationale, les médias d’Etat ont progressivement développé une campagne appelant à la résistance patriotique à travers des écrits et reportages virulents aux relents xénophobes.

 

La RTI se serait dans ce contexte particulièrement illustrée et aurait été transformée en une ‘véritable machine de guerre et de propagande pour le LMP; monopolisant l’espace médiatique et diffusant des messages provocateurs », ont-ils dénoncé. Ils ont alors recommandé que les auteurs des crimes soient poursuivis. « La Côte d’Ivoire ne connaitra pas de paix durable ni de stabilité sans traduire effectivement les auteurs des crimes répertoriés dans le présent rapport en justice », ont-il prévenu.

 

Assane NIADA ; Publié le samedi 11 juin 2011 | L'Inter

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