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Affaire Tagro : ce que j’en pense

 

 

 

 

Le Président de l’assemblée nationale, Mamadou Koulibaly, en accusant le Ministre de l’intérieur, Désiré Tagro, tous deux cadres du FPI, parti au pouvoir, de détournement de fond et de trafique d’influence vient de lancer une bombe dans le marigot politique ivoirien dont certains observateurs de la scène politique ivoirienne doute des dégâts que pourrait faire son explosion. La seule conséquence pour le moment de cette affaire est de reléguer le processus électoral au second plan, comme si la priorité actuelle des ivoiriens est d’engager  une opération main propre dans l’administration.

 

Les accusations portées contre le Ministre de l’intérieur concernant surtout le concours d’entrée à l’école de police ne sont pas des faits nouveaux. Tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire savent que tous les concours d’entrée dans l’administration ivoirienne sont payants (ENA, Ecole de police, Ecole de gendarmerie, Ecole des infirmiers et sages-femmes etc…). On avance même des sommes qui vous donnent le tournis : un à trois millions pour les régis financières (douane, impôts, trésor), commissaires de police, inspecteurs de l’enseignement primaire …

 

Déjà en 2007, le Président de la chambre de commerce et d’industrie au cours d’une émission (dont le nom m’échappe) organisée par la maison de production Martika où des personnalités de la société civile étaient invités pour débattre d’un sujet précis, avait attirer l’attention des autorités ivoiriennes sur la mafia qui s’est organiser autour de tous les concours d’entrée à la fonction publique ivoirienne où des sommes faramineuses étaient demandées aux candidats pour garantir leur succès. A cette époque, cela n’a choqué   ni le Président de l’assemblée nationale, ni le Chef de l’Etat Laurent Gbagbo.

 

Toute cette mafia autour des concours, tous les cadres du FPI le savent. Certains en ont bénéficié.  Mais personnes n’osent en parler ouvertement. Il y en même qui estiment que c’est un problème interne au FPI et que cette affaire qui concerne la gestion de l’Etat, n’aurait pas dû être portée sur la place publique. Seul Mamadou Koulibaly a eu le « courage » de dire publiquement ce que les ivoiriens savent déjà. Monsieur Mamadou Koulibaly   est le Président de l’assemblée nationale, donc deuxième personnage de l’Etat, et  3ème vice-président du FPI. Ce qu’il dit n’a pas le même poids et le même écho que ce que le citoyen lambda dit.

 

Le Président de l’assemblée nationale aurait du aller au bout de sa logique en prenant l’initiative de la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire en élargissant son champ d’action à tous les concours organisés dans le pays au lieu d’attendre une requête des groupes parlementaires de l’opposition, si vraiment sa motivation est que la vérité soit connue des ivoiriens et que cette pratique mafieuse disparaisse à jamais de l’administration ivoirienne. A moins que Mamadou Koulibaly pense, comme un certain Nicolas Sarkozy, en se regardant chaque matin dans le miroir à l’après Gbagbo. Cette affaire dont il est à l’origine serait alors l’occasion rêver de se donner une image de monsieur propre dans la conscience des ivoiriens qui sauront s’en souvenir au moment opportun.

 

En accusant Soro Guillaume et Sagem dans une affaire de pot de vin de 10 milliards, l’objectif visé par le Chef de l’Etat, candidat à sa propre succession dans une élection présidentielle maintes fois reportée, ne serait-il pas de discréditer Sagem, opérateur technique de cet interminable processus électoral qui est vu du camp présidentiel comme une structure favorable à l’opposition et le Premier ministre Soro Guillaume, maître d’œuvre du processus de sortie de crise dans le cadre de l’accord politique de Ouagga (APO) ?

 

Le Chef de l’état à saisi le procureur de la république pour enquêter sur les accusations du Président de l’assemblée nationale, sans suspendre le mise en cause, et lui déposer les conclusions dans un délais de 30 jours.  Espérons simplement que Le Procureur Tchimou  aura le courage et l’audace de faire son boulot en ne recherchant la vérité rien que la vérité, et que les résultats qu’il présentera au peuple ivoirien soit convainquant et ne soit pas entachés de suspicions.    

Eburnie, 28 juin 2010

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