André Silver Konan : « Rien n’arrête un autocrate africain dans sa logique de faire de la Constitution ce qu’il veut »

À titre personnel, je ne mène plus ce débat sur l’éligibilité ou non du Président Alassane Ouattara parce que c’est d’une simplicité juridique telle que le fait de le rendre compliqué, relève soit de la mauvaise foi, soit par ignorance. C’est simple, en droit, en dehors de toute règle nouvelle, la non rétroactivité de la loi ne s’enclenche pas, qu’il s’agisse de nouveCette affaire de nouveau mandat de la nouvelle République est née avec les velléités de candidature de Ouattara. Il fallait trouver des éléments de langage pour justifier cette imposture juridique. Je pèse bien mes mots. Par exemple si Henri Konan Bedié peut être candidat, c’est parce que la règle nouvelle est l’âge « illimité ». Si Tidjane Thiam a hésité à être candidat, c’est parce que la règle nouvelle est « être exclusivement de nationalité ivoirienne ». Une sorte de « Ou » exclusionniste version RHDP qui aurait sans doute justifié une rébellion si des pouvoirs précédents avaient osé introduire cela dans la constitution. Juste une dC’était mon dernier mot sur le sujet. Nous sommes tous allés à l’école et ne sommes pas tous des naufragés de l’intelligence.Je peux tout accepter sauf qu’on essaye d’insulter aussi grossièrement mon intelligence.

En Guinée, la Constitution ne donnait aucune possibilité à Condé de modifier la disposition sur les mandats, il l’a modifiée quand même, en prenant soin de faire passer le nombre d’années de mandat de cinq à six ans. Bien malin cet autocrate

Si Abdoulaye Wade a pu se représenter au Sénégal c’est parce que la règle nouvelle était le quinquennat transformé en septennat. En Guinée, la Constitution ne donnait aucune possibilité à Alpha Condé de modifier la disposition sur les mandats, il l’a modifiée quand même, en prenant soin de faire passer le nombre d’années de mandat de cinq à six ans. Bien malin cet autocrate, il a introduit une règle nouvelle qui lui permet d’être candidat. En fait, rien n’arrête un autocrate africain dans sa logique de faire de la Constitution ce qu’il veut. Au passage et pour clore sur le chapitre, en Mauritanie, il y a bel et bien eu une nouvelle constitution adoptée par référendum en 2017.lle constitution ou de constitution modifiée, qu’il s’agisse d’une nouvelle République ou non, que cela ait été adopté par référendum ou non.

C’est ce que les initiateurs de la Constitution nous l’ont expliqué largement avant, pendant et après le référendum. Aucun cadre du RHDP, même pas le plus insignifiant n’a expliqué avabt que cette constitution permettait à Alassane Ouattara de se présenter. Bien au contraire, ils défendaient unanimement cette impossibilité juridique.

Exactement comme en Côte d’Ivoire, un an plus tôt. Comme en Côte d’Ivoire, le nombre de mandats présidentiels n’a pas été touché. Conséquence : le Président Abdel Aziz a pris sa retraite sans arguer une quelconque « force majeure ». Je répète : rien n’arrête un autocrate africain qui veut faire de la Constitution ce qu’il veut, en fonction de ses intérêts personnels

C’était mon dernier mot sur le sujet. Nous sommes tous allés à l’école et ne sommes pas tous des naufragés de l’intelligence. Je peux tout accepter sauf qu’on essaye d’insulter aussi grossièrement mon intelligence.

André Silver Konan