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Pourquoi ADO gagnerait à composer avec son opposition?

le pays - Publié le: 08-10-2015 - Mise-à-jour le: 08-10-2015 - Auteur: Outélé KEITA

 

Dans un peu plus de deux semaines, les Ivoiriens seront appelés aux urnes pour élire leur président. Mais plus on approche de cette date, plus l'atmosphère sociopolitique se charge de souffre en Eburnie. Et pour cause : beaucoup d'adversaires du président sortant, Alassane Dramane Ouattara (ADO), candidat à sa propre succession, ne cessent de dénoncer les conditions d'organisation du scrutin et appellent le président à des discussions avec l'opposition en vue de trouver un consensus pour décrisper l'atmosphère sociopolitique afin d'aller à un scrutin apaisé. Sont de ceux-là,  l'ex-Premier ministre Charles Konan Banny,  l'ex-député Kouadio Konan Bertin et la plupart des leaders de la Coalition nationale pour le changement (CNC). Mais rien n'y fit. Aussi, à quelque trois jours de l'ouverture officielle de la campagne électorale, le candidat Amara Essy, ancien ministre des Affaires étrangères et dissident du PDCI, a-t-il décidé de suspendre sa participation au processus électoral qui, selon lui, ne s'annonce « ni ouvert, ni régulier ». En outre, il ne voudrait pas « légitimer le président sortant », en raison du fait que ce dernier est « sourd aux revendications démocratiques ». La question que l'on pourrait se poser est celle de savoir pourquoi ADO n'a-t-il toujours pas répondu favorablement à la requête d'ouverture de discussions avec l'opposition  autour de la question électorale, malgré l'insistance de cette opposition. Le fera-t-il d'ailleurs jamais, quand on sait que l'on est désormais à la veille de l'ouverture de la campagne électorale ? Rien n'est moins sûr.

Après l'épisode douloureux de 2010, il faut éviter, à tout prix, une nouvelle crise post-électorale

Pourtant, ADO gagnerait à composer avec son opposition, ne serait-ce que pour montrer son ouverture d'esprit et sa disposition à aller à des élections apaisées, comme lui-même ne cesse de le répéter. Du reste, qu'a-t-il à craindre d'une opposition morcelée, qui n'a même pas pu s'entendre sur une candidature unique pour se donner de meilleures chances de l'inquiéter véritablement au scrutin du 25 octobre prochain, alors que ces mêmes adversaires savent qu'en dispersant leurs forces, ils amenuisent leurs chances de le battre ? En tout cas, l'on continue de se demander ce qu'il coûte au super favori qu'il est, de recevoir l'opposition et d'écouter ses doléances. D'autant plus que s'ils parvenaient ensemble à un consensus pour aller à des élections apaisées, c'est la Côte d'Ivoire qui gagnerait, surtout si le fair-play devait prévaloir, en ce sens que ce serait un grand pas vers l'acceptation des résultats du scrutin. Mais en donnant l'impression d'éviter le dialogue demandé par l'opposition, ADO n'est finalement pas loin de donner raison à ceux de ses adversaires qui l'accusent de les traiter avec mépris. Surtout quand il leur demande de soumettre leurs doléances à son ministre de l'Intérieur.  De plus, devant une opposition qui dénonce l'iniquité du scrutin, ADO lui-même prête le flanc et donne des verges pour se faire fouetter, quand il donne l'impression de monopoliser les médias d'Etat pour mener une précampagne qui ne dit pas son nom, sous le couvert de visites d'Etat, en utilisant les moyens de l'Etat. Pendant ce temps, c'est le black-out total sur les activités de ses adversaires. Sous cet angle, l'on pourrait donc comprendre l'attitude d'un Amara Essy (il n'avait certes, aucune chance de remporter le scrutin) qui  rechigne à prendre le départ d'une course dont l'un des candidats, en l'occurrence ADO, a pratiquement déjà franchi la ligne d'arrivée. A moins que par cette attitude, ADO ne veuille éviter soigneusement de donner à une opposition en manque d'arguments, l'occasion de remettre sur la table la question de son éligibilité, après la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel. Quoi qu'il en soit, après l'épisode douloureux de 2010, il faut éviter, à tout prix, une nouvelle crise post-électorale en Côte d'Ivoire. Et ADO doit trouver les voies et moyens pour rassurer ses compatriotes, en tant que président de tous les Ivoiriens. Car, après les prouesses économiques de son bilan qui parlent pour lui, le défi majeur qui lui reste, est incontestablement celui de la réconciliation vraie entre frères ivoiriens. Et un éventuel boycott de l'élection par l'opposition, même improductif, entacherait à coup sûr une victoire qui lui tend pratiquement les bras.

Outélé KEITA

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